Animation : Carte Blanche MECAL 1/2

Pourquoi diable de l’animation ? Pour plein de raisons en fait : 1.parce qu’on adore l’animation 2. parce que l’animation c’est un peu comme de l’illustration, mais en mouvement 3. parce qu’il y a tellement de pépites inconnues qu’on ne peut décemment pas garder ça pour nous.

On a déjà eu l’occasion de parler du Mecal il y a quelques semaines, en diffusant les films lauréats de sa compétition Animation 2019 (voir Animation #3). Cette semaine, on va un peu plus loin en donnant une carte blanche à Roberto Barrueco, le directeur du Festival, pour préparer un programme de 10 courts-métrages choisis sans aucune autre contrainte que de faire partie du genre « animé ».
Cette sélection, qui montre des œuvres de toutes nationalités et de tous genres, représente les highlights des précédentes éditions, et témoigne rudement bien de la grande qualité de ce que le Mecal offre chaque année. Et pour bien prendre le temps de la savourer, cette programmation sera délivrée en deux petites gorgées, sur le rendez-vous de ce jour et le suivant.


❥ LOGORAMA
H5
16’ / 2009 / Rotoscopie / Logo Fever / France
Autour de Minuit

Topo : Une course poursuite effrénée, des animaux sauvages lâchés dans la ville, une prise d’otage qui tourne au drame et surtout beaucoup de logos…

Il aura fallu six années à François Alaux, Hervé de Crécy et Ludovic Houplain de l’agence de com H5, pour réaliser ce court-métrage d’animation aujourd’hui culte. Plus de 3 000 logos ont été détournés de leur cadre originel et animés pour les besoins du scénario : ils étaient jusqu’à présent la mascotte obéissante de leur marque ; ici ils ont claqué la porte pour suivre les chemins de la liberté et devenir comédien. Certains, plus contemplatifs sans doute, sont même devenus des éléments de décor… Côté technique, les réalisateurs ont opté pour la rotoscopie, technique qui permet de transformer des scènes filmées en dessin animé et d’obtenir ce rendu si réaliste et des mouvements si fluides. Résultat (entre autres) : Logorama  remporte le prix Kodak à la Semaine de la Critique de Cannes 2009, l’Oscar du meilleur court-métrage d’animation en 2010, puis le César en 2011. Bon, on l’a peut-être déjà vu mille fois, c’est vrai, mais c’est toujours un petit plaisir. Et puis à chaque visionnage on trouve des choses qu’on n’avait pas vues les fois d’avant. Bref, c’est bon comme une madeleine.


❥ WILD LOVE
Paul Autric, Quentin Camus, Maryka Laudet, Léa Georges, Zoé Sottiaux, Corentin Yvergniaux
7’ / 2018 / Animation 3D / Gentilles Marmottes / France
École des Nouvelles Images

Topo : En escapade romantique à la montagne, Alan et Beverly filent une idylle bucolique. Malheureusement, dans la fougue de leur bonheur, ils provoquent sans s’en rendre compte la mort d’une marmotte. Face à une armée de rongeurs assoiffés de vengeance et de sang, le parfait amour qui unit Alan et Beverly ne leur sera d’aucune utilité.

Ce petit bijou de 3D velu et sanguinolent est l’enfant monstrueux de fin d’études réalisé par six étudiants de l’inestimable École des Nouvelles Images (ENSI) d’Arles. Quels messages philosophiques ont-ils voulu nous faire passer en moins de 7 minutes ? Des tas en fait : que la nature est magnifique, que l’amour c’est beau, qu’on peut voir des cœurs dans les nuages, qu’on ne s’amuse pas à faire des selfies n’importe où comme des crétins, qu’il faudrait finalement interdire les bâtons de rando, qu’il faut se méfier des polaroïds, et surtout : qu’on ne déconne pas avec les marmottes. Wild Love, c’est bien de l’amour sauvage, mais c’est surtout sauvage. À regarder avant le repas du soir et après avoir eu 12 ans.


❥ DECORADO
Alberto Vázquez
11’ / 2016 / 2D numérique / Théâtre noir / Espagne et France
Autour de Minuit et Uniko

Topo : Le monde est un merveilleux théâtre, il est dommage que le casting y soit déplorable.

Alberto Vázquez est un illustrateur brillantissime, dessinateur de bandes dessinées et réalisateur de films d’animation. Il a travaillé régulièrement pour des journaux tels que El País, La Voz de Galicia, Vanity Fair, Communication Arts ou Boston Globe magazine. Il a écrit et réalisé les courts-métrages d’animation Birdboy, Sangre de Unicornio et Decorado adaptés de ses bandes dessinées. Son travail a été nominé et récompensé dans de nombreux festivals internationaux (Cannes, Toronto, Annecy, Clermont-Ferrand, Animafest Zagreb ou Slamdance). Il obtient en 2016 le Goya du Meilleur Court-Métrage d’animation pour Decorado et en 2017 celui du Meilleur long-métrage d’animation avec Psiconautas, los niños olvidados.


❥ LE MANS 1955
Quentin Baillieux
15’ / 2018 / 3D numérique / Vroum / France
Eddy et Windy Production en participation avec CANAL +

Topo : 24 Heures du Mans, 1955. La course est grandiose. Il y a trois cent mille spectateurs. Les Flèches d’argent de Mercedes sont les favorites pour la victoire. Il est dix-huit heures quand la voiture de Pierre Levegh explose dans les gradins projetant comme des hachoirs les débris du moteur sur plus de soixante-dix mètres. C’est l’hécatombe, il y a quatre-vingts morts. Cependant, la course n’est pas interrompue. Chez Mercedes, Pierre Levegh a un copilote et ami qui attend de prendre son relai : John Fitch.

Quentin Baillieux a étudié l’animation aux Gobelins. En 2010, il réalise le court-métrage Lavomatic. Il forme ensuite avec Raphaëlle Tinland le duo Parallel, qui réalisera au sein du studio de production Chez Eddy, des films publicitaires, clips musicaux et génériques de longs métrages.
Le Mans 1955 est un film d’animation inspiré de faits réels. Un accident tragique qui a bouleversé le sport automobile et qui est pourtant peu connu du grand public. C’est au cours d’une exposition sur les voitures de course au Musée du Louvre que l’origine du court-métrage prend sa source : Quentin Baillieux est frappé par la beauté des bolides des années 50 et particulièrement par la Jaguar Type D que pilotait l’équipage Mike Hawthorn-Ivor Bueb aux 24 Heures du Mans en 1955. Et c’est en faisant des recherches sur ce modèle, en tapant « Le Mans 1955 » dans son moteur de recherche que le réalisateur découvre l’événement terrible qui a marqué cette édition de la compétition mythique. « Dans la galerie d’images affichées arbitrairement, deux photographies qui semblaient parfaitement contradictoires apparurent voisines l’une de l’autre. D’un côté, l’image d’une tragédie : des hommes paniqués, un brasier derrière eux, et un charnier de spectateurs gisants dans une tribune ; Et, de l’autre, celle de pilotes ravis, célébrant la victoire au champagne. Comment ces deux images pouvaient elle être liées ? Comment peut-on vivre un moment aussi joyeux à côté d’une telle tragédie ? Mon envie de faire ce film est née de ces questions ; du besoin de trouver le lien qui permet à ces deux images de coexister. »
Le résultat est ce film-mémorial réalisé l’année des 60 ans du terrible accident, dans un style graphique à la fois très géométrique et pourtant si fluide, comme une peinture rétro qui colle parfaitement à l’époque.


❥ PUSSY
[ADULTES]
Renata Gąsiorowska
8’20 / 2016 / 2D numérique Feutre / Chaton / Pologne
Lodz Film School / Polish Film Institute

Topo : Une jeune fille passe la soirée seule à la maison. Elle décide de s’octroyer un moment de plaisir solitaire, mais tout ne se passe pas comme prévu.

Renata Gąsiorowska est une jeune dessinatrice, illustratrice et réalisatrice. C’est par les Beaux-Arts qu’elle a débuté son parcours, en forgeant ses premières armes à la High School of Fine Arts de Cracovie, d’où elle est sortie diplômée en 2010. Puis elle décide de pousser la porte de la fameuse Polish National Film School de Lodz pour se spécialiser dans l’Animation. Alors forcément, ses courts-métrages sont très « dessin ». Et on se régale avec ses contours fins au crayon, plus épais au feutre, ou complètement éclatés entre techniques artistiques composites et peintures hétérogènes. Toutes ces choses donnent naissance à de petits chefs-d’œuvre, comme ce film d’études délicieusement dérangeant, drôle et rare dans l’histoire qu’il raconte. Pussy (Cipka en polonais) draine avec ce titre autant de fausses promesses que de vrais sujets. C’est sans doute pour cette raison que le film est bardé de récompenses, données par les plus grands festivals de la planète, comme ce Prix du Meilleur Film d’Animation au Festival du Court-Métrage de Clermont-Ferrand en 2017.


La suite du Programme Mecal avec les 5 films suivants dans 15 jours !

À propos de Mecal
Depuis 22 ans, le Mecal, Festival international du court-métrage et d’animation de Barcelone, présente chaque année une sélection de plus de 350 courts-métrages minutieusement sélectionnés parmi ses 5000 inscriptions. Ce festival de trois semaines offre une véritable immersion dans les trois grands genres : image réelle, documentaire et animation. C’est donc avec l’animation que s’ouvre le Mecal : une semaine entière dédiée à ce genre aux possibilités infinies, avec 8 programmes en compétition et de nombreuses activités parallèles, réunissant les créateurs, l’industrie et les futurs talents.

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