[Exposition] « Midi Minuit »

Alors qu’il avait tout millimétré comme une garden party de l’Élysée, Aurélien Jeanney avait dû se déclarer vaincu face à une pandémie mondiale. Il est fort, très fort oui, mais ça n’avait pas empêché l’anniversaire de sa galerie Maison Tangible de tomber à l’eau fin mars à cause du confinement porteur de solitude. Grâce à Dieu, ses parents ou peu importe, l’homme est plein de ressources. Voilà que sitôt le rideau levé, le show repart comme s’il ne s’était jamais arrêté : l’anniversaire aura bien lieu, trois mois plus tard, avec le vernissage de l’exposition « Midi Minuit » et son casting d’or et de platine.

Kim Roselier, Bruno Mangyoku, Vincent Mahé, Lila Poppins, Tom Haugomat… Ils sont onze à s’être prêtés au jeu d’Aurélien Jeanney et à se glisser dans l’interstice par lui proposé : entre midi et minuit, le jour et la nuit, le chien et le loup. Et puis, parce que le gâteau n’était pas assez crémeux, l’exposition prendra vie sur les écrans des téléphones grâce à une technique chère à Maison Tangible : la réalité augmentée. Penser à bien venir souffler les bougies.

© Théo Guignard / Maison Tangible
© Vincent Mahé / Maison Tangible
© Kim Roselier / Maison Tangible
© Lila Poppins / Maison Tangible

Kiblind : Quel est le projet de la Galerie Maison Tangible ?

Aurélien Jeanney : C’est la suite logique du projet de manufacture graphique lancé en 2015. D’abord maison d’édition en ligne, nous mettions en place des expositions itinérantes, des résidences d’artistes ou des ateliers pédagogiques. Désormais nous avons un lieu pour proposer des expositions autour de la jeune création (illustration, graphisme, typo, etc.), faire de la médiation au grand public sur le processus créatif, devenir un endroit où artistes, badauds, petits et grands se rencontrent autour de l’image.

Kiblind : Qu’est-ce que tu as appris en un an ? Que le métier de galeriste est un métier très dur. Surtout quand tu le cumules à celui de freelance. La gestion du temps, des contre-temps surtout. De tous les imprévus qui font que chaque exposition, chaque image ou objet que j’ai à la galerie est particulier, a une véritable histoire. J’ai aussi appris beaucoup des rencontres avec les artistes, les collègues du métier. L’illustration contemporaine est une vraie grande famille, pleine de belles personnes qui s’entraident pour monter des projets ensemble, pour faire vivre l’image. Ça parait naïf de dire ça, mais c’est vraiment le cas.

Kiblind : Pourquoi cette exposition ?

Aurélien Jeanney : Tout est parti d’un coup de fil de Lila Poppins, paper-artist qui faisait partie de l’exposition en réalité augmentée Piafs! drôles d’oiseaux parisiens que j’avais co-produit avec les copains d’Errratum il y a trois ans. On parlait réalité augmentée, elle me disait son souhait un jour de retenter un projet pareil. Elle me parlait des artistes qui partageait son atelier. On s’est lancé comme ça. On a embarqué tout le monde, et d’autres encore. Les voilà onze, pour autant d’images aussi belles que poétiques.

Kiblind : Comment as-tu choisi les artistes ?

Aurélien Jeanney : Et bien du coup, j’ai embarqué tous les garçons de son atelier (ou proche d’eux). Et quel line-up ! Des styles très différents les uns des autres, des artistes tous plus doués les uns que les autres. Et ils ont tous imaginé de splendides images. Dans le désordre, on y trouvera Tom Haugomat, Bruno Mangyoku, Kim Roselier, François Maumont, Pierre de Menezes, Théo Guignard, Florent Remize, Vincent Mahé, Johan Papin, Juliaon Roels et Lila Poppins. Qui aurait refusé un seul de ces talents ?

Kiblind : Qu’apporte la réalité augmentée et pourquoi es-tu si attaché à ce médium ?

Aurélien Jeanney : Ce que j’aime dans la réalité augmentée, c’est la double narration qu’on peut apporter à une image. En l’occurrence, pour « Midi Minuit », on joue sur l’ambivalence Jour/Nuit, sur le cycle ou sur l’opposition. On découvre un prolongement de l’œuvre de l’artiste. Sur d’autres projets, comme le livre jeunesse Les Voyages extraordinaires d’Axel qu’on prépare en collaboration avec les éditions Amaterra, il s’agit de développer une complément pédagogique au livre. L’enfant devient acteur de la lecture. C’est pareil pour le spectateur de l’exposition, il peut s’en approprier chaque image, vivre sa propre histoire.

Kiblind : Quelle est la suite des évènements ?

Aurélien Jeanney : Encore plein d’expositions d’ici la fin de l’année, notamment celle autour du livre jeunesse. La volonté de présenter de plus en plus d’objets aussi : céramiques, jouets en bois, papeterie. De quoi occuper les journées jusqu’au prochain confinement quoi… Et sans doute aussi la fusion des activités d’édition/galerie et de création sous la même bannière. Mais on va prendre le temps de faire les choses bien.

Maison Tangible / Exposition Midi Minuit du 4 juillet au 28 août

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