Depuis le 30 mars dernier et jusqu’au 4 janvier 2025, le lieu culturel qu’est le MAIF Social Club accueille sa nouvelle exposition : Faisons Corps.
14 artistes ont alors embrassé cette thématique aussi vaste qu’actuelle pour raconter les corps, depuis l’intimité jusqu’à la capacité à créer du commun. Une recherche complète autour de cette enveloppe qui protège l’âme, jusqu’à la toucher.
Depuis longtemps déjà Marie Boiseau dessine des bras arrondis, des jambes arquées, des peaux tatouées ou ridées, parce que depuis longtemps déjà, elle à compris que les corps sont variables mais encore trop peu variés dans les représentations visuelles.
Alors, lorsqu’elle accepte d’illustrer le nouveau livret jeux à destination des plus jeunes dans le cadre de l’exposition Faisons Corps, tenue cette année au MAIF Social Club, on peut dire qu’elle sait de quoi elle parle, ou plutôt de quoi elle dessine. Passer un message d’acceptation et de bienveillance par la couleur et le sourire, c’est tout son travail, et c’est ce qu’elle a pris le temps de nous expliquer ici. Si toutes les formes sont dans la nature, celle que l’on réserve à Marie Boiseau, c’est bien le cœur.
Bonjour Marie, peux-tu te présenter pour les personnes qui ne te connaissent pas ?
Je m’appelle Marie Boiseau, je suis illustratrice depuis 2017 ! Mon univers s’oriente principalement vers les femmes, que je dessine diverses et variées, mais je suis également inspirée par les formes et les couleurs de la nature, les petites choses de la vie quotidienne, la mode, le féminisme… Je travaille principalement à la gouache car cela me permet d’obtenir des couleurs hyper vives et j’adore la texture de ce médium, mais j’aime aussi expérimenter des nouvelles choses !
La nouvelle exposition du MAIF Social Club s’appelle “Faisons Corps”. Comment le sujet se rapproche t-il de tes thèmes de prédilections dans l’illustration ?
Ce sujet m’a tout de suite interpellé car j’ai à cœur de représenter des corps diversifiés dans mon travail, et de ne pas dessiner que des personnes blanches, minces, et valides. Ce positionnement vient surtout d’une réflexion personnelle où je me suis dit que je préférais représenter des personnes qui me ressemblaient un peu plus, et qui ressemblaient un peu plus aux personnes que je croisais dans la rue. Petit à petit, j’ai reçu des messages très positifs me remerciant de cette représentation qui fait parfois défaut dans le monde de l’illustration. Heureusement, ces dernières années cela tend à s’améliorer !
L’exposition se découpe en plusieurs parties : à propos du corps anatomique, des singularités et identités multiples, de la motricité et des perceptions, de l’union dans l’expression “faire corps” et du corps dans le sport. Comment as tu pensé le livret jeux pour que ces thématiques soient appréhendées par les enfants?
J’ai beaucoup aimé travailler sur ce projet car c’est un public différent de mes autres travaux. J’ai donc un peu adapté mon style pour qu’il soit plus enfantin, voire même un peu rigolo. C’est quelque chose que j’aime bien faire de temps en temps, expérimenter autour de l’illustration jeunesse. L’idée était de créer une représentation positive de cette thématique, colorée et joyeuse, qui laissera un goût positif dans l’esprit des enfants qui liront le carnet. Concernant les couleurs, j’ai essayé d’à la fois utiliser une palette peps et intense, mais qui rappelle également les couleurs de l’exposition, du rouge, du orange, du rose…
Quels sont tes outils et techniques dans le dessin ?
Mon médium de prédilection c’est la gouache, que j’ai découverte en 2020. J’aime plusieurs choses dans la gouache : tout d’abord, la texture. Je trouve que cela rend automatiquement mes illustrations moins figées, moins froides. Cela donne un côté unique, et une touche d’originalité. Ensuite, les couleurs. Elles sont beaucoup plus vibrantes, plus intenses. Et puis, pour finir, lorsque je peins, je suis beaucoup plus concentrée, je ne pense à rien d’autre, c’est presque méditatif ! Le point faible de la gouache, c’est qu’une fois que l’illustration est faite, c’est difficile de la modifier. C’est pour cela que pour des projets tels que le livret-jeu, j’opte pour l’application Procreate. C’est une application que je trouve géniale, extrêmement intuitive, et on peut vraiment avoir des rendu proche de la peinture.
Pense tu que l’illustration contemporaine peut aider à modifier, à son échelle, le rapport au corps que nous avons ?
Totalement ! Je pense qu’il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir de la représentation. C’est tout bête, mais plus on voit quelque chose, plus on s’y habitue, plus on trouve cela normal. Depuis des années, on cachait les corps gros, par exemple. Absents des médias, de la télévision, du cinéma, des couvertures de magazines… Je trouve qu’il est primordial d’inverser cela. Évidemment, la représentation des corps n’est qu’un tout petit chaînon dans le combat contre la grossophobie, d’autres problèmes majeurs devraient aussi être au centre des sujets comme l’accès au soin ou la santé mentale. Mais il n’empêche que l’illustration peut tout de même aider certaines personnes à sentir en paix avec leur image, ou en tout cas, à essayer de se sentir en paix !
Artistes invité.es : Roxanne Andrès, Stephanie Marin, Nicolas Guiet, Élisabeth Daynès, Myriam Mechita, Andrea Scholze, Jacob Dahlgren, Sophie De Oliveira Barata, Daisy Collingridge, Scenocosme, Arnaud Adami, Barthélémy Toguo, Ed Hall, Laurent Perbos.