L’illustration a toujours tissé un lien fertile avec le cinéma : des affiches de films d’antan aux scènes, dialogues, personnages, qui inspirent les illustrateurs contemporains. Le cinéma créé et modèle notre imaginaire, nos rêves, notre quotidien, depuis les salles sombres jusqu’à nos douillets canapés. Alors quand la possibilité de collaborer avec MUBI, une plateforme de streaming un peu à part, s’est pointée, on a sauté sur l’occasion et embarqué Simon Bailly dans l’aventure pour réaliser une création originale. On vous raconte tout ça et on laisse la parole à l’artiste pour nous parler un peu ciné.
À propos de MUBI
MUBI est une plateforme de streaming d’origine londonienne au positionnement atypique et ambitieux : en mettre plein la vue, non pas par le nombre mais par la qualité des films proposés sur son site.
Le catalogue est riche, des classiques aux grands films du cinéma d’auteur, en passant par des réalisations audacieuses, du monde entier. Avec un nouveau film proposé tous les jours, soit 30 par mois et des cycles dédiés à des réalisateurs ou mouvements en particulier, MUBI nous fait aimer prendre notre temps.
Pour vous permettre de découvrir cette plateforme, MUBI propose aux lecteurs de KIBLIND, et à vous, qui passez sur cette page, un mois gratuit en suivant ce lien : mubi.com/kiblind
La création originale
Pour accompagner le printemps et la sortie du nouveau Kiblind Magazine, on a convié l’illustrateur Simon Bailly à réaliser une création originale dans la droite ligne de la pochette du Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band des Beatles, format MUBI. L’idée : inviter sur une seule scène certains des personnages emblématiques de la programmation de MUBI et ouvrir grand la porte à notre imaginaire de cinéphiles.
L’illustrateur Simon Bailly, avec le talent qu’on lui connaît pour créer des scènes joliment décalées et son trait BD, a imaginé une soirée streaming rassemblant des personnages aussi différents que célèbres en costume : d’Isabelle Adjani dans La Reine Margot, à l’ange des Ailes du Désir, en passant par Penelope Cruz dans Volver d’Almodovar ou encore par le personnage de Steve dans Mommy de Xavier Dolan. Le tout dans un appart designé par David Lynch.
On vous laisse chercher tous les personnages (la réponse est en bas de la page).
INTERVIEW SIMON BAILLY
Quelle place occupe le cinéma dans ta vie ?
Une place assez grande : le cinéma m’a toujours beaucoup influencé et, en dehors du dessin, je vais souvent au cinéma et regarde pas mal de séries. En termes d’images, j’aime beaucoup le cinéma des années 70, pas forcément la Nouvelle Vague d’ailleurs mais plutôt son contrepied : les créations très populaires de cette époque. Les films d’Audiard en particulier, par leurs scénarios et dialogues, m’ont beaucoup inspiré.
Récemment, je me suis beaucoup intéressé à la science-fiction, des premiers films du genre des années 60 aux productions plus actuelles. Ils sont très riches et me permettent de tisser des liens visuels entre leurs univers.
Quels sont les films qui t’ont le plus marqué ?
Le premier qui me vient en tête est Parasite de Bong Joon Ho, qui est sorti en 2019 et a d’ailleurs reçu la Palme d’or la même année et l’Oscar du Meilleur film en 2020. C’est un thriller fort, qui dépeint la Corée actuelle et les relations entre les différentes classes sociales au sein de cette société.
J’ai aussi vu récemment Rencontres du Troisième type, qu’il faut d’ailleurs que je revoie une nouvelle fois, et qui sans doute beaucoup m’influencer sur des projets personnels.
Au-delà, le cinéma de Spielberg été une grande source d’inspiration quand j’étais plus jeune et Buffet froid m’avait particulièrement plu alors que j’étais étudiant
Un film en particulier pour lequel tu aimerais réaliser une illustration ?
Peut-être Retour vers le futur, c’est un univers très pop et je suis fan du film. Ou peut-être un film de David Lynch, qui laisse le sujet ouvert à un grand nombre d’interprétations, comme Twin Peaks qui décline un univers assez incroyable.
Dans cette image (pour MUBI), as-tu des personnages favoris ?
L’agent Dave Cooper, qui me parle particulièrement étant un fan de Twin Peaks. Et également le personnage d’Eraser Head, le premier film de Lynch qu’il avait réalisé sans trop de moyens. J’aime aussi beaucoup le personnage de Paris Texas interprété par Natasha Kinski et celui de Mommy : j’ai découvert le film récemment et j’ai été très marqué par la fin.
Quelle est ta méthode pour dessiner ?
Je pars toujours de notes davantage que de croquis, reprenant les éléments que je veux intégrer dans l’image. Ensuite, je réalise souvent des micro dessins, pour avoir une orientation sur la composition. La plupart du temps, en lançant l’illustration, je commence par dessiner les décors sur tablette, suivis des personnages. Cela me permet de les déplacer librement et d’adapter leur position sur le décor fixe.
Il m’arrive aussi d’aller chercher des images, des références iconographiques comme une scène ou un plan dans un film que je reprends ensuite pour affiner mes compositions.
Pour les couleurs, je me suis adapté dans cette créations aux couleurs des personnages et au décor de Twin Peaks. Dans mes autres créations, j’aime beaucoup les couleurs pop, vintage, comme celles des vieux magazines, un peu déteintes : ce sont des couleurs qui m’attirent et que j’essaie d’utiliser.
Quels sont les projets qui t’ont le plus marqué, pour lesquels tu as un attachement particulier ?
Je pense tout de suite à mes deux premières commandes il y a quelques années, qui étaient pour la presse : l’une pour Libération sur Trump et sa réflexion sur les femmes pendant sa campagne, un truc assez abject, et l’autre pour Le 1 sur les repères des français pendant les élections présidentielles.
Un autre projet qui m’a beaucoup marqué ces dernières années, plus personnel, est celui des illustrations autour du podcast Affaires sensibles sur France Inter, que je créé depuis 3 ans. D’habitude je me lasse assez vite des projets personnels mais pour celui-ci, je continue. C’est aussi un projet qui a aussi fait évoluer mon style, vers des couleurs pop et vers la bande dessinée.
Et en ce moment, sur quels projets travailles-tu ?
On réalise en duo avec ma compagne, qui est également illustratrice, un album jeunesse sur un petit chien qui fait des crottes. Ça n’a rien à voir avec l’univers que je développe par ailleurs mais c’est un projet que l’on avait en tête depuis quelques temps.
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La liste des personnages de l’illustration de MUBI x Simon Bailly (de gauche à droite) :
Un personnage de La Planète Sauvage, l’agent Dale Cooper et Laura Palmer (tableau) dans Twin Peaks, L’enfant et son ballon dans Le Ballon Rouge, James Baldwin dans Meeting the Man: James Baldwin in Paris, Harold Lloyd accroché à l’horloge dans Safey Last, Isabelle Adjani et sa robe ensanglantée dans La reine Margot, Steve, dans Mommy de Dolan, L’ange dans Les Ailes du Désir, Charulata et ses lunettes de théâtre dans Charulata, Romy Schneider dans L’Enfer, Brigitte Bardot dans Le Mépris, Ibrahima dans Le Manda, Jack Nance dans Eraserhead, Catherine Deneuve et Françoise Dorléac dans Les Parapluies de Cherbourg, Nosferatu (canapé), Rachel Senott dans Shiva Baby (canapé), Penelope Cruz et son couteau dans Volver (canapé), Nastassja Kinski et son pull rose dans Paris, Texas.