Les Gens du Mag : Violette Le Gendre

L’illustration de Violette Le Gendre réalisée à partir du morceau « Siffloti Sifflota » de Jokari pour notre magazine « Cover » nous a vachement donné envie d’en apprendre plus sur l’illustratrice strasbourgeoise. C’est le moment ou jamais.

Qu’ils soient biscornus, bizarres, particuliers, Violette Le Gendre les aiment tous et encore plus si ils se parent de mille et une couleurs. Pour l’illustratrice strasbourgeoise, les objets sont bien plus que de la matière, ils renferment en eux des souvenirs inestimables, comme ceux il y a des années, de ses longues heures passées avec son grand-père en salle des ventes.

En ouvrant la boite de Pandore rangée précieusement dans un coin de son cerveau et en insérant un crayon de papier entre ses doigts, l’étudiante en illustration à la HEAR créé ainsi sa propre collection de fétiches. Pour son projet d’études, c’est sur les monstres plus précisément qu’elle a jeté son dévolu, en fabriquant de toute pièces le livre de pour enfants Monstrologie.

Lorsqu’il a fallu trouver l’illustrateur.rice adéquate pour dessiner le morceau enfantin et joliment bizarroïde de Jokari, autant dire que nous savions donc précisément à quelle porte aller toquer. Découvrez juste ici le résultat de cette collaboration, ainsi qu’une interview pas piquées des hannetons.

« Siffloti Sifflota » de Jokari (AB Records) illustré par Violette Le Gendre

Hello Violette ! Pour notre numéro Cover, on t’a demandé de réaliser un exercice un peu spécial : illustrer le morceau « Siffloti Sifflota » de Jokari. Quelles ont été tes premières pensées à l’écoute du morceau ? 

J’ai trouvé qu’il se dégageait un aspect très enfantin du morceau de Jokari : on retrouve beaucoup de textures dans le son, des effets sonores rigolos et ludiques presque comme si les instruments utilisés étaient des jouets. À l’écoute du morceau, les petits onomatopées et la voix renvoient beaucoup à une comptine d’enfants. Je trouve que la chanson est très « colorée » et qu’elle a un côté presque espiègle ou narquois avec cet air qui se répète sans cesse, qui reste dans la tête.

Peux-tu nous parler de l’illustration que tu as réalisé en t’inspirant de ce morceau ? 

Pour l’illustration du morceau, je me suis beaucoup concentrée sur certaines paroles qui reviennent tout au long de la chanson : devoir être une enfant douce et sage, qui va tranquillement jouer à la poupée sans faire d’histoires. J’ai donc réalisé une illustration qui rappelle une boîte de jouets pour faire écho à l’ambiance du morceau. C’est une sorte de coffret dans lequel on trouve différentes sortes de joujoux destinés à tous les enfants. On peut choisir de jouer à n’importe quel jeu : à la tête à coiffer, mais aussi aux petits soldats selon son humeur. J’ai souhaité faire un clin d’oeil à la K7 du numéro que l’on trouve en édition limitée en dessinant cette boite « collector ».

Avais-tu déjà réalisé des artworks pour des affiches et /ou pochettes de disques avant ça ? 

Bien que l’exercice m’ait toujours séduite, je ne l’avais jamais fait auparavant. J’étais très enthousiaste en recevant l’invitation pour ce numéro « cover » !

On parle d’ailleurs principalement de pochettes dans notre nouveau magazine. Y en a t’il une qui t’as marqué plus que les autres graphiquement ?

Il y en a beaucoup ! Pas évident de faire un choix … Il y a la pochette de l’album « Power Corruption and Lies » de New Order que j’aime énormément. Déjà parce qu’elle à une grande valeur sentimentale : quand j’étais petite, j’avais pu piocher mon disque préféré dans la grande collection de vinyles de mes parents. C’était cet album qui me faisait de l’œil. Depuis, il décore fièrement ma chambre et je ne m’en lasse pas. De manière générale, j’aime beaucoup le travail de Peter Saville. Sur cette pochette, je trouve particulièrement réussie et audacieuse l’association de cette nature morte délicate et classique qui contraste avec les sons électroniques du groupe. Et puis il y a le principe du code de couleurs à déchiffrer que je trouve super. 

Power Corruption and Lies de New Order

Tu sembles être très inspirée par la mythologie et le folklore dans tes illustrations. Quelles sont les oeuvres / histoires / livres qui t’ont éveillé à ce sujet ? 

C’est vrai que mes dernières productions sont très orientées là dessus et j’ai adoré m’intéresser à des folklores et des traditions variées. Ça m’a beaucoup inspirée. Mais finalement, ma principale source d’inspiration viens surtout de ma famille. Mon grand-père passait son temps en salle des ventes, à collectionner et récolter toutes sortes de livres, d’objets, de vêtements venus de partout. La maison de mes parents s’apparente à un petit cabinet de curiosités puisqu’ils ont hérités de quelques uns de ces trésors. Je pense que ça a beaucoup influencé mon dessin et que je me suis nourris de tous ces objets. 

Quels sont tes outils de prédilection pour dessiner ?

J’avoue que j’affectionne particulièrement le dessin traditionnel au crayon de papier que j’estompe parfois pour créer des ombrages. Je laisse rarement mes dessins en valeurs de gris : je ne peux pas m’empêcher d’ajouter de la couleur. J’ai souvent recours aux marqueurs ou aux crayons de couleur. Pour l’illustration de « Siffloti Sifflota » j’ai coloré mon illustration numériquement mais c’est assez rare de me voir faire ça !

Qu’est-ce qu’on retrouve le plus dans tes carnets à dessins ? 

Finalement, les carnets de croquis sont l’espace où je prend presque le plus de plaisir à dessiner car c’est là que mes illustrations sont les plus spontanées. On y trouve un peu de tout : j’aime quand ça fourmille ! Ce sont des fourre-touts de petites anecdotes absurdes, de personnages bizarroïdes, de début d’histoire qui aboutiront peut-être un jour, de souvenirs… 

Peux-tu nous parler de 3 projets que tu as réalisé et qui ont été particulièrement marquants pour toi jusqu’ici ? 

Cette année, j’ai réalisé mes projets de fins d’études, parmi eux, on trouve les deux premiers volumes d’une (future ? ) collection de livres pour enfants. « Monstrologie » s’intéresse aux figures monstrueuses du monde. L’idée était d’initier les plus jeunes au monstre, de transmettre et de leur faire comprendre ses symboliques variées, de parler de sa richesse de représentations et de différentes cultures. C’est un principe qui me passionne et qui est déclinable à l’infini tant le monstre recouvre des périodes, des religions et des ethnies différentes. Pour l’instant, j’ai donc écrit et illustré le premier tome sur les  « Yokai » et le second sur les monstres médiévaux. 

Monstrologie

Il y a une autre production qui me tient particulièrement à coeur : un travail à quatre mains que nous créons avec Paul Chevallier. C’est un projet de cadavre exquis qui a été assez salutaire pendant le confinement. Ça a commencé en s’échangeant des morceaux de dessins par voie postale. Ce petit rituel a perduré pendant quelques semaines et nous nous sommes retrouvés avec une super collections de créatures extraordinaires. Maintenant, ils sont bien au chaud dans un tiroir en attendant qu’on leur concocte une petite édition.

Cadavre exquis avec Paul Chevallier

Pour finir, il y a un autre projet en cours de construction inspiré des comic books : un recueil d’histoires complètement stupides qui parlent d’amourettes, de trahisons et de bagarres chez les super-vilains… C’est un projet sans prétention, dans lequel je m’amuse bien à imaginer des superhéros ridicules en cape et tenues moulantes.

Mixtape illustrée Kiblind – Disponible en exclusivité dans
notre atelier lyonnais et dans notre boutique au 104 à Paris
Mixtape illustrée Kiblind avec en couverture, l’illustration de Violette Le Gendre

KIBLIND COVER // VIOLETTE LE GENDRE

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