Les Gens du Mag : David Adrien

Pour Kiblind « Vertige », David Adrien a imaginé des personnages miniatures nous surplombant dans un univers haut perché et insoupçonné. On a discuté de cette création originale et de sa pratique artistique avec l’artiste.

De son propre aveu, David Adrien s’ennuie assez vite. Heureusement, en jonglant habilement entre le papier et le numérique, le Parisien a su faire de chaque jour un fabuleux renouveau. Simples et efficaces, ces dessins n’en sont pas moins impressionnants : grâce à leurs perspectives et à leurs volumes tirés au cordeau, ils s’impriment dans nos rétines à chaque fois qu’on les croise. Biberonné à l’art du print – un amour qui l’a poussé à co-fonder la maison d’édition Flutiste -, David Adrien prend plaisir à faire quelques sorties de routes pour s’essayer à tout un tas de mediums.

L’illustrateur nous parle de sa création pour Kiblind « Vertige », de sa pratique, des projets qui l’ont marqué par le passé et de ceux qu’il aimerait développer dans le futur juste ici.

Création originale de David Adrien pour Kiblind « Vertigo »

Hello David. Un petit groupe de personnages sur un fil électrique semblent hissés à des milliers de kilomètres de la Terre dans ta création originale pour notre numéro Kiblind “Vertige”. Peux-tu nous donner quelques billes pour en comprendre davantage ?

En voyant les « boules » de sécurité des fils électriques sur pylônes qui longent l’autoroute, je me suis dit que ça ferait un super décor en imaginant des personnages miniatures qui vivraient dessus comme sur des petites planètes, toutes reliées, comme un univers perché au dessus de nos têtes, insoupçonné.

Carnets illustrés pour Hermès

Quelle est ta définition du vertige ?

Un sentiment qui noue les tripes, qui peut soit être l’impression de la hauteur d’où l’on part, soit d’une hauteur à franchir ou affronter, comme quand tu te retrouves devant un dessin à faire et que l’infini des possibilités te tombe dessus, c’est motivant et flippant à la fois.

Illustration pour Le Fooding

Tu as l’air d’aimer alterner plusieurs techniques pour créer. Quel outil privilégies-tu plutôt qu’un autre pour arriver à tes fins ?

Je démarre souvent au trait avec un rotring ou un feutre noir, et la couleur vient ensuite habiller le dessin à l’ordinateur. De manière générale, je m’ennuie plutôt vite donc j’essaie de changer de processus pour varier les plaisirs. Un jour, je vais travailler comme une fourmi sur une trame dessinée à la règle. Le suivant, je vais faire des aplats et des dégradés de couleurs sur Photoshop… Au final, je n’identifie pas d’outil réellement privilégié.

Illustration pour Les Inrockuptibles

Comment as tu faconné ton style de dessin depuis tes débuts ? 

Le style vient souvent des oeuvres qui t’ont marqué : dans mon cas, je citerais en pagaille la BD Little Nemo de Winsor McCay avec ses perspectives surréalistes fourmillantes de détails et « Le Roi et L’Oiseau » de Paul Grimault dans la même veine, mon bref passage à Strasbourg qui m’avait fait découvrir la gravure et la sérigraphie et cette grammaire de l’image imprimée dont je me sers tous les jours, notamment l’économie de couleur. Le duo d’illustrateur.ices Icinori m’avait aussi beaucoup marqué à l’époque. Dans un autre registre, je me souviens avoir eu un énorme choc esthétique en découvrant le jeu Jet Set Radio sur une borne Dreamcast à la Fnac en 2001.

Illustration pour Le Monde

Bandes dessinées, fanzines, écharpes, sérigraphies, boîtes à bijoux… On dirait que tu aimes tester plusieurs médiums pour faire vivre tes illustrations. Quel est le prochain objet que tu aimerais illustrer ?

J’avoue que la fièvre céramique qui s’est emparée de tout le monde me donne des idées, je suis en train de tester deux trois trucs, pas forcément des tasses et des assiettes, plutôt des objets absurdes.

Illustration pour Le Monde
Illustration pour Le Monde

Peux-tu nous citer 3 projets qui ont été marquants pour toi et nous dire pourquoi ?

J’ai un super souvenir du lancement de mon livre « l’Escalier » (Flutiste Éditions) en 2019, pas seulement parce que c’était un moment festif, mais aussi parce c’était que l’aboutissement de mon diplôme de 2017 aux Arts Déco de Paris et que j’avais adoré penser la scénographie de l’exposition des planches/croquis etc… La mise en espace est quelque chose que j’aimerais pousser à l’avenir, vivement la prochaine expo.

 L’Escalier de David Adrien, Flutiste Éditions, 2019

Plus récemment j’ai répondu à l’invitation de l’éditeur d’affiches Plakat qui m’a proposé de réimaginer l’affiche du film culte « Le Voyage dans la Lune » de Méliès. Avec une grande liberté j’ai pu proposer une vision de ce monument du cinéma, le tout en sérigraphie, c’était une super commande.

Affiche Plakat Le Voyage dans la Lune de Georges Méliès par David Adrien

Encore plus récemment, je me suis beaucoup amusé à faire une écharpe absurde en petite série, en partant d’un jeux de mot bien naze qui me faisait rire (Van Gogh/Snoop Dogg). J’ai pu y mélanger ma passion pour le rap US 90s et la peinture impressionniste. De temps en temps ça fait du bien de sortir un projet assez rapidement, sans se laisser trop le temps de mariner dessus pour éviter de perdre l’élan initial qui t’avais plu.

Écharpe Van Gogh/Snoop Dogg

DAVID ADRIEN // KIBLIND VERTIGE

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