Les Gens du Mag : Sun Bai

Si certains se demandaient encore comment des illustrations réalisées numériquement pouvaient véhiculer autant d’émotions que celles réalisées sur papier : la réponse est ici, avec le portfolio et l’interview de l’illustratrice passée maître dans l’art de la contemplation : Sun Bai.

Illustrer des scènes de baston, de tumulte ? Très peu pour Sun Bai. Le truc de l’illustratrice, c’est plutôt de capturer des moments suspendus moins bruyants et pourtant, tout aussi significatifs. Sous ses traits, un café partagé ou un moment de songe, deviennent ainsi de sublimes espaces poétiques. Ajoutez-y une texture brumeuse, des couleurs aussi douces que de la ouate et ces scènes de la vie quotidiennes deviennent le canevas d’une œuvre dont nos regards ne pourront plus jamais se décoller.

Pour notre numéro « Cash », nous avons demandé à la Lilloise de dessiner, avec toute la délicatesse qu’on lui connait, une création répondant à la thématique « si j’étais riche », et le résultat a été au dessus de nos espérances. Il était temps que Sun Bai nous livre quelques uns de ses secrets.

Création originale répondant à la thématique « Si j’étais riche » pour Kiblind « Cash »

Hello Sun Bai ! Question cruciale : doit-on être riches pour pouvoir vivre à poil ? 

Je crois pas que c’est obligatoire d’être riche pour vivre à poil, mais dans mon fantasme, il faut des beaux gosses tout nus qui vivent autour de moi (version super riche et pas à poil).

7 Ways to Reset Your Relationship, pour The New York Times, DA : Jaspal Riyait

Pour les illustrateur.rice.s, la notion de « cash » a une résonance toute particulière. Nous avons d’ailleurs consacré un article du magazine au sujet du statut et de la rémunération des illustrateur.rice.s. Quel est ton point de vue et ton ressenti sur ce vaste sujet, et sur son application en France ? 

Les illustrateur.rice.s méritent être mieux payé.e.s en France, même partout dans le monde. C’est mieux payé aux États-Unis par exemple, aussi il y a eu récemment des discussions sur la rémunération des illustrateurs.rice.s aux États-Unis sur les réseaux sociaux, j’espère que ça va donc faire réfléchir sur la valeur de notre travail.

The problem of marital loneliness, pour The New Yorker, AD : Sebit Min

Tes illustrations révèlent la beauté mélancolique qui se cachent dans des moments banals de la vie quotidienne. Tes amis se sentent-ils observés désormais quand ils boivent un café à côté de toi ?

Je ne pense pas, ils ressentent surtout ma gentillesse et mon sens d’humour à mes côtés !

« Bottom of the ninth », illustration personnelle

Tes dessins nous font penser à des scènes de films d’auteurs. Quelles oeuvres cinématographiques t’inspires ?

J’aime bien les films qui sont souvent enracinés dans la vie quotidienne. Des scènes telles que dîner ou prendre un verre avec des amis, aller au travail ou se balader. Des scènes dans lesquelles des personnages discutent de ce à quoi ils sont sensibles, vulnérables, ou de problèmes moraux. J’aime bien les films d’Eric Rohmer ou de Hong Sang-soo. En même temps, il y a beaucoup d’autres films que j’aime et qui n’ont rien à voir, par exemple ceux de Takashi Miike.

La palette de couleurs ainsi que l’effet brumeux que tu utilises dans tes dessins participent grandement à renvoyer un sentiment de douceur. Quels sont tes outils de prédilection pour dessiner ? 

Depuis maintenant un an, je ne travaille que sur l’iPad.

« Tennis court », illustration personnelle

Tu travailles sur une BD cul qui va sortir prochainement. Peux-tu nous en dire plus ? 

Je ne sais pas si je peux trop en révéler pour l’instant mais ce sera une histoire qui parlera de solitude. La solitude du sexe, des plaisirs solitaires. Aussi toujours l’étrangeté dans la vie quotidienne. Et le reste je vous laisse découvrir plut tard !

Peux-tu nous citer 3 projets qui ont été particulièrement marquants pour toi et nous dire pourquoi ?

Stuff They Don’t Tell You — How do you get a feature film made? pour WePresent. Le sujet de la fabrication d’un film me fascine beaucoup. Grâce à des cases de la BD, j’ai pu réaliser les scènes sur l’envers du décor : l’écriture de scénario, le casting, le tournage et l’avant-première au cinéma, de manière narrative. 

Try New Fruit. The Weirder, the Better. pour The New York Times. 
On m’a demandé d’illustrer un texte qui parlait des fruits exotiques au Canada. Ça m’a beaucoup parlé en tant que chinoise qui vit en France, la notion de fruits exotiques est totalement renversée. Ça a été un travail dans lequel j’ai retrouvé un gros plaisir dans le dessin. 

Try New Fruit. The Weirder, the Better, for The New York Times, AD : Rachel Willey

Sex, Poesie, Geld: Wie ein israelischer Soldat seine Erfüllung als Gigolo fand. Pour Berliner Zeitung, J’ai réalisé le portrait d’un soldat à la fois gigolo et poète, un sujet étrange et délicat pour lequel j’ai pu expérimenter une composition basée sur une image pleine page accompagnée d’un nuage de détails que j’utilise encore souvent maintenant.

SUN BAI // KIBLIND CASH

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