Personne ne peut rester indifférent au travail de Tim Goschnick. Surtout pas nous. Alors on ne s’est pas gêné pour proposer à l’illustrateur australien de réaliser une création originale pour notre numéro « Vertige ». On en a profité pour papoter introspection, dessin et techniques d’impression avec lui.
Depuis la charmante Melbourne en Australie, Tim Goschnick compose, sous la forme de rêves utopiques, des illustrations ultra détaillées avec des couleurs sur-saturées qui nous scotchent à chaque fois. Le monde imaginaire qu’il a réussi à créer, en jouant avec le crayonné et le numérique, capture nos émotions à l’infini. Inspiré par les films d’animation, la gravure sur bois ou encore la risographie, Tim invente une imagerie surréaliste et rétro qu’il façonne depuis minot.
Bonne pioche, Tim Goschnick nous a épaté avec sa création originale pour Kiblind « Vertige » où évolue un personnage empreint de vertiges dans un tourbillon qui nous a fait vacillé la tête et le cœur. On a discuté avec l’illustrateur pour savoir le pourquoi du comment.
Hello Tim. Tu as choisis de dessiner une personne embarquée dans un tourbillon introspectif pour Kiblind « Vertige ». Peux-tu nous donner quelques explications ?
Bonjour ! J’ai vécu avec des vertiges constants pendant plus d’un an. C’était il y a pas mal de temps maintenant. J’ai donc essayé de traduire ce sentiment avec l’idée de cette pièce. « Tourbillon introspectif » est une excellente expression qui décrit vraiment dans quoi j’étais embarqué à cette époque !
Peux-tu nous citer un exemple d’une œuvre qui t’as donné le vertige ?
Hmm, je ne sais pas si j’ai déjà été vraiment étourdi par une œuvre. Voir des peintures de Yayoi Kusama en personne était certainement éblouissant. Et en fait, voir les œuvres VR de Jess Johnson et Simon Ward m’a donné le vertige, est-ce de la triche ?
Tu utilises une colorimétrie fluo et très contrastée dans tes illustrations. Est-ce des pratiques comme la risographie qui t’ont amené à la définir ?
J’ai toujours aimé travailler avec des couleurs vives. J’essaie souvent des médiums traditionnels, mais c’est la facilité de créer des couleurs vives et lumineuses qui me ramène sans cesse à l’ordinateur. La risographie me semble être le moyen idéal pour apporter ce dynamisme dans le monde réel. Regarder comment les encres interagissent sur le papier et la texture de l’impression risographique a certainement eu une grande influence sur mon processus de coloration numérique, tout comme l’examen d’autres techniques d’impression, en particulier les palettes limitées et les gravures sur bois.
Tu sembles être inspiré par les films d’animation japonais. Qu’est-ce qui te touche particulièrement dans ce type de film ?
Oui, une grande partie de mon apprentissage du dessin quand j’étais jeune consistait à mettre en pause des films d’animation et à copier le cadre. Je pense que cette tentative de capturer le mouvement dans une image fixe m’est restée depuis. Je suppose qu’il y a toujours quelque chose qui reste captivant et mystérieux dans les mondes fantastiques que vous rencontrez en tant qu’enfant, l’esthétique plus que tout. J’aime l’animation dessinée à la main en général. Je me souviens d’avoir été découragé par cette influence à l’école mais j’y suis revenu de plus en plus ces dernières années.
Tu as l’air d’aimer alterner plusieurs techniques pour dessiner tes mondes imaginaires. Quel outil privilégies-tu plutôt qu’un autre pour dessiner ?
J’ai un très beau crayon mécanique que j’aime beaucoup pour dessiner. J’aime la précision des crayons mécaniques, sa petite taille qui facilite le dessin. J’utilise également des feutres fins, une tablette à dessin et parfois des aquarelles et de l’encre pour l’ombrage et la texture. J’aime passer du papier à l’écran et souvent revenir en arrière, numériser, imprimer, redessiner, numériser à nouveau.
Peux-tu nous citer 3 projets qui ont été marquants pour toi et nous dire pourquoi ?
L’exposition Lieux plausibles : J’ai réalisé une série de dessins intitulée « Lieux Plausibles » composée de 6 tirages en risographie pour une exposition dans mon quartier. Ils ont été inspirés par la banlieue de Melbourne (où je vis), combinés avec des éléments de magie. C’était la première fois que je faisais des tirages riso.
Les étiquettes Good Intentions Wine Co : Je conçois des étiquettes de vin pour les vignerons naturels Good Intentions Wine Co. depuis de nombreuses années. Ce furent vraiment mes premiers travaux d’illustrations. Beaucoup d’étiquettes originales sont des pièces assez anciennes, des personnages d’un livre d’images sur lequel je travaillais il y a longtemps et que je n’ai jamais terminé. Mais j’ai fait pas mal de séries de dessins pour eux depuis, comme ces étiquettes Shapeshifter. c’était incroyable de travailler avec eux au fil des ans et ils m’ont vraiment fait confiance pour réaliser le travail que je voulais créer.
Walking The Dog : C’était une pièce personnelle que j’ai ressentie comme une percée, une fusion de beaucoup d’éléments avec lesquels j’avais travaillé jusque-là. Une sorte de mystification de la vie quotidienne avec des couleurs intenses, un travail de modèle chargé et avec des influences d’animés et d’art ancien.