S’il y a bien une chose qui traverse les frontières et la barrière de la langue, c’est le sens de la fête. À l’occasion de notre numéro « Discothèque », c’est à l’artiste japonaise NOY que nous avons confié la réalisation d’une illustration thématique. L’opportunité d’en apprendre un peu plus sur cette créatrice d’univers oniriques et colorés.
On dit parfois qu’une image vaut mille mots. Pour comprendre ce qu’il se passe dans la tête de l’illustratrice tokyoïte NOY, il suffit d’observer attentivement ses dessins. Passionnée de photographie, le réel ne lui suffit pas. Sur le papier, elle couche ses mondes imaginaires, faits de ce qui l’entoure et de ses découvertes. Si les scènes qu’elle crée semblent toutes sur le point de prendre vie, c’est parce qu’elles vivent déjà, au fond d’elle.
Sous des airs faussement naïfs, ses créations hautes en couleur mêlent humour et impétuosité. Là, des animaux imaginaires à l’air familier, ici, des personnages aussi attendrissants qu’énigmatiques, partout, des décors chimériques. Peu importe là où l’on pose les yeux, un détail vient nous surprendre. Et s’il paraît que le diable s’y cache, dans ces détails, après avoir observé son travail, nous n’avons trouvé que du talent.
Rencontre avec NOY, qui nous a parlé de danse secrète, biologie et grosses machines à l’occasion de sa création originale pour Kiblind “Discothèque”.
Hello NOY. Pour ta participation au dernier numéro de Kiblind sur le thème « Discothèque » tu as représenté une farandole de petits personnages en lévitation autour d’un groupe de musique, dans un espace qui semble sortir d’un rêve. Qu’est-ce que cette scène représente pour toi ? Quelle histoire veux-tu nous raconter ?
J’adore danser. Mais je n’ai pas besoin d’un public ou d’une scène. Je pense plutôt qu’il est nécessaire pour mon cœur d’avoir une « danse secrète », unique et inconnue de tous. Lorsque j’étais étudiante à l’université, j’avais l’habitude d’aller à Kyoto pour voir les plantations de thé. Il y avait peu de monde et tout ce que je voyais, c’était du thé vert. Dans un monde aussi silencieux, fredonner et danser est un souvenir précieux, très précieux. Mes sentiments sont exprimés dans l’image, dansant une danse secrète dans les champs de thé.
Pour toi, quelle est la recette de la fête parfaite ?
Je suis nerveuse lors des fêtes avec un grand nombre de personnes, c’est pourquoi je préfère les fêtes entre amis. Un petit studio, des amis, des plats simples que nous préparons et de la musique d’ambiance, c’est parfait.
Dans ton travail, tu as développé un univers unique, riche et créatif. Les nombreux animaux et les personnages sont tantôt inspirés du réel, tantôt créés de toutes pièces. Mais où trouves-tu tes idées, qu’est-ce qui t’inspire ?
J’aime la biologie depuis que je suis toute petite et je lisais de vieux livres illustrés de biologie dans la maison de mon grand-père. J’aime aussi aller dans les zoos et les jardins botaniques, et je peux imaginer des choses à partir des photos que j’y prends. De plus, si je trouve quelque chose avec une forme intéressante en marchant, je le prends immédiatement en photo avec mon smartphone. Par exemple, des arbres mous ou des machines lourdes que je n’ai jamais vues auparavant sur un chantier de construction.
Tu as l’air d’apprécier la représentation du mouvement. Chacune de tes œuvres ressemble à un arrêt sur image issu d’un dessin animé. Quel est ton message ? Explique-nous ce que tu souhaites raconter.
J’ai toujours voulu être photographe. C’est pourquoi j’ai quitté la campagne pour Tokyo. Aujourd’hui, je travaille comme illustratrice, mais je n’ai pas oublié ce que je ressens en tant que photographe. Pour moi, dessiner revient à prendre des photos des créatures que j’ai en tête.
Tes illustrations sont riches de couleurs et de nombreux détails. Quelles techniques utilises-tu dans ton processus de création ?
Je dessine beaucoup de personnages et j’ose donc limiter le nombre de couleurs. Cela rend les illustrations plus faciles à voir.
Peux-tu nous citer 3 projets qui ont été marquants pour toi et nous dire pourquoi ?
J’ai fait beaucoup de travaux et je les aime tous, mais il est difficile d’obtenir l’autorisation de les publier, alors je vais choisir parmi mes travaux personnels.
J’aime beaucoup les affiches que je réalise pour mes expositions. Je vous en propose trois que j’aime particulièrement.
