Les Gens du Mag : Gyawu Wang

Depuis l’Angleterre où elle réside, l’illustratrice chinoise Gyayu Wang construit un monde narratif fait de mouvements et de vie, qu’elle soit humaine ou technologique. On a réussi à attraper au vol l’illustratrice qui s’est arrêté de courir quelques minutes pour réaliser une illustration pour Kiblind « Vertige ».

C’est en faisant défiler les pages de livres sur l’art de la chorégraphie que Gyayu Wang prend plaisir à visualiser le corps en mouvement et puise l’inspiration nécessaire pour réaliser ses dessins. Grâce à un travail de recherche poussé dédié au mouvement, l’artiste donne naissance à des illustrations qu’on pourrait même comparer à du stop motion illustré en 2D.

Également nourrie par les univers du jeu vidéo et du cinéma, Gyayu Wang développe des récits sous forme de bandes dessinées et de séries d’illustrations afin de nous embarquer vers sa planète à elle, débordante de petits personnages fantaisistes, parfois naïfs, parfois sérieux. Des scènes de vie quotidiennes devenues extraordinaires grâce aux traits vifs et aux compositions ultra dynamiques de l’illustratrice.

Pour Kiblind « Vertige », c’est d’ailleurs une expérience vécue par l’artiste elle même qui a inspiré sa création originale. On a parlé de cette curiosité et de plein d’autres choses avec elle.

Création originale de Gyayu Wang pour Kiblind « Vertigo »

Hello Gyayu Wang. Dans ton illustration réalisée pour Kiblind « Vertige », le personnage qui joue à Zelda sur sa Nintendo Switch semble être atteint de drôles de nausées. Les jeux vidéos, ça te donne le tournis à toi ? 

Bonjour ! Lorsque je joue à des jeux 3D en vue subjective, je dois avouer que j’ai le mal des transports. Si je joue trop longtemps, tout mon corps va le ressentir. C’est très frustrant lorsque vous êtes obsédée par les jeux vidéo et que vous adorez leurs esthétiques, leur histoires et leur décors, mais que votre corps ne peut tout simplement pas les supporter physiquement.

Busy Crowd – Illustration personnelle
Summer Dive – Illustration personnelle

Peux-tu nous donner un exemple d’une oeuvre qui te donne le vertige ?

Le destin des comètes, une installation environnementale de l’artiste Gian Maria Tosatti. L’obscurité et le bruit des vagues m’ont rendu accro. J’aime aussi le vertige visuel de la collection Off the Air d’Adult Swim.

Can do anything at home… work – Illustration personnelle

Tu sembles aimer détailler les actions de tes personnages comme des stop-motions illustrés. Quelles sont tes astuces pour réussir à créer une image dynamique ?

J’aime lire des livres sur l’art de la chorégraphie. Parce que de nombreuses images de performances renvoient aux formes physiques de la danse. Elles laissent mystérieusement place à l’imagination afin que chacun puisse développer sa propre histoire. Voir le corps en mouvement comme une forme graphique et l’exploiter encore et encore dans mes croquis fait également partie de mon processus de création.

Guilty – Illustration personnelle

Tu arrives à créer des textures très proches du crayonné avec du dessin digital. Quel est ton secret ? 

En fait, ces textures ne sont pas vraiment intentionnelles. Cependant, peut-être que dessiner des traits de ligne incomplets fait partie de ma routine pour créer une image légère et semblable à une esquisse. Laisser les lignes se développer sur un petit espace peut m’aider à me détacher de la soi-disant perfection. Numériser également la texture du papier et la superposer sur le travail aide à former cette texture.

Period anxiety – Illustration personnelle

Quels sont les thèmes que tu préfères aborder avec tes illustrations ? 

La vie quotidienne est ma principale source d’inspiration, d’autant plus que je suis récemment devenu accro au dessin de groupes de personnes. C’est vraiment amusant de rassembler différents types de personnalités ensemble et c’est satisfaisant de repérer leurs caractéristiques et d’arriver à les traduire grâce à différentes formes. Parallèlement, je travaille sur des récits d’un point de vue non humain à travers des illustrations et des bandes dessinées. Aborder le sujet du non-humain me permet de changer mes idées préconçues.

Pet – Illustration personnelle
Playhouse community – Illustration personnelle

Peux-tu nous citer 3 projets qui ont été marquants pour toi et nous dire pourquoi ?

Shadow Fragments est une bande dessinée de 20 pages que j’ai faite il y a deux ans sur l’amitié et les scènes de vie qui déclenchent des souvenirs. Pour la préparer, j’ai déambulé dans les rues de ma ville pour trouver l’inspiration.

Shadow Fragments, bande dessinée

Le deuxième projet – Unstable Life – est une série d’illustrations basée sur mon vague sentiment d’insécurité dans la vie. J’ai échappé à cette période instable de ma vie en regardant de nombreux films. Mais j’ai aussi trouvé beaucoup d’inspiration dans les films pour rompre l’équilibre et créer un sentiment de crise dans les compositions. De plus, contrairement à d’habitude où j’aime dessiner quelque chose d’explicite, dans ces œuvres, j’ai choisi l’inconnu et les indices comme éléments visuels.

Unstable Life, série d’illustrations

Enfin, la bande dessinée Le No Man Land dépeint des aventures dans un monde technologiquement simplifié du point de vue d’une voiture. J’ai recherché des récits non humains dans les bandes dessinées pour réfléchir à la relation délicate entre les humains et la technologie dans un contexte différent. Mais j’ai toujours lutté avec le fait que je ne peux pas m’empêcher d’utiliser l’anthropomorphisme pour faire ce genre de thème. Dans les cas où il n’est pas possible d’éviter complètement la structure du langage humain, j’ai découvert que la projection zoomorphique est également une approche possible. Cela signifie que le corps humain dans la bande dessinée devient une voiture pour faire l’expérience de ce que la voiture ressent.

No Man Land, bande dessinée

GYAWU WANG // KIBLIND VERTIGE

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