Un trait, plus un trait, plus dix traits, et voilà que l’on identifie clairement un visage, un rouge-gorge ou une machine à écrire. Une animation numérique plus tard, l’illustration – au message toujours positif – bouge sous nos yeux et capture notre attention, comme une sorte d’hypnose attractive. Les couleurs chatoyantes et le sens du détail se dégagent de chacune des réalisations de l’artiste touche-à-tout Luis Mazòn. Coup d’œil appuyé sur ses coups de pinceaux pop et inspirants.
Que ce soit dans ses réalisations ou dans sa façon de parler, l’artiste barcelonais Luis Mazòn va droit au but. Avouant lui même sa tendance à la rapide lassitude, il n’est pas étonnant que cet amoureux du mouvement se soit dirigé vers l’animation digitale de ses illustrations. Car pour Luis Mazòn, le mouvement est symbole de vie. Et la vie, on la prend de plein fouet lorsque l’on regarde ses productions : l’explosion de couleurs vives est toujours au rendez-vous quand bien même le procédé de création varie.
En effet, si ses dessins numériques version pointillisme moderne sont publiés dans de nombreuses revues comme le New York Times Magazine ou The New Yorker, il est aussi possible de le voir réaliser de petits comics au style minimaliste, manier l’aérographe ou les pastels à l’huile. Sur toile ou sur Ipad, l’adolescent amoureux du graffiti qui est toujours en lui s’amuse sur tous les supports pour faire naître et exister ses visions. En s’inspirant de tout ce qui l’entoure : des célébrités – de Beethoven à Dolly Parton – de la faune et de la flore, ou encore du mobilier, il insuffle un souffle de vie dans ses illustrations grâce aux impressions laissées par les coups de pinceaux.
Pour Kiblind “Discothèque” Luis Mazòn s’est prêté au jeu de la création originale et nous invite à l’entrée son club favori, au moment de la pause, juste avant de retourner sur le dancefloor. Et oui, même la nuit Luis Mazòn bouge. On vous avait prévenus.
Hello Luis. L’illustration que tu nous as proposée pour Kiblind Discothèque met en scène l’attente devant le club Magic. Obtenir le privilège de passer la porte, c’est ça, la vraie magie de la sortie en discothèque ? Qu’est-ce que cette scène représente pour toi ?
Bonjour ! Je suis désolée de vous décevoir. C’est juste le nom du club. Ce n’est pas un grand club de Barcelone et la musique aurait pu être plus cool, mais nous avions l’habitude d’y aller parce qu’il n’y avait pas beaucoup de monde et qu’il n’était pas nécessaire de faire la queue. Parfait pour faire la fête. La scène est mon point de vue lorsque je sors fumer. C’était mon moment préféré de la nuit.
Si tu pouvais avoir un pass VIP pour entrer n’importe où, tu ouvrirais quelle porte ?
J’aimerais en avoir un pour le festival Sonar.
La contrainte du thème t’a-t-elle inspirée dans ton processus de réalisation pour ce projet ?
Oui, c’est le cas. Les contraintes permettent généralement d’éviter d’être confronté à l’infini.
En observant ton travail, on peut noter que tu changes régulièrement de techniques de création pour obtenir des rendus différents. Tu adaptes ton idée à la technique que tu souhaites utiliser, ou c’est plutôt l’inverse ?
J’aime essayer de nouvelles choses dans mon travail personnel parce que je m’ennuie rapidement. Dans mon travail professionnel, le client utilise généralement un de mes travaux antérieurs comme référence, il est donc plus difficile d’essayer de nouvelles choses.
Tu animes souvent la version numérique de tes œuvres, peux-tu nous expliquer ce que cela ajoute à ton propos ?
J’aime animer mes illustrations, elles me semblent plus naturelles lorsqu’elles sont animées, comme si elles étaient vivantes, et bien sûr, vous pouvez ajouter plus d’informations et de contexte grâce à l’animation.
Enfin, peux-tu nous citer 3 projets qui ont été marquants pour toi et nous dire pourquoi ?
Le premier serait un portrait de Serena Williams pour la couverture sportive du New York Times. J’ai adoré son aspect, et c’était aussi cool de voir mon illustration imprimée.
Ensuite, une illustration animée pour le New Yorker à propos du dernier roman de J.M. Coetzee, El Polac. J’aime cette illustration parce qu’elle me rappelle le mouvement de la poésie visuelle, représenté par des artistes comme Joan Brossa.
Enfin, une affiche de documentaire que j’ai réalisée avec ma partenaire de vie, Francisca. J’adore travailler avec elle.
