Les Gens du Mag : Hiu yu Ong

La complexité et les détails alambiqués d’une architecture moderne, voilà qui n’effraie pas l’artiste Hiu Yu Ong. Au contraire, c’est tout ce qui la challenge. Laissant libre court à sa passion pour le dessin réflexif, Hiu Yu Ong a réalisé pour Kiblind À quoi tu joues ? un labyrinthe illustré. Et évidemment, c’est pas fastoche.

Hiu yu On, Labyrinthe « see you on the other side »

Hiu Yu Ong est passionnée par l’architecture, les arts mais également l’illustration. Elle a étudié et travaillé à Hong Kong, une ville qui l’a inspirée et l’inspire encore puisqu’elle illustre très souvent les lieux de cette région administrative spéciale. Elle a par la suite étudié chez nos confrères les Belges et a obtenu en 2017 un master en architecture. Une nouvelle fois encore elle s’inspire de l’architecture du pays et illustre certains lieux tels que le Bassin Vergote du port de Bruxelles. Aujourd’hui elle a finalement posé ses bagages aux Pays-Bas.

Des tons pastel, une architecture moderne

Hello Hiu Yu Ong, à quoi tu joues ?

J’aime mettre de la couleur dans les gravures sur bois japonaises, j’aime également écouter les chansons d’Amazarashi et porter des Yukatas tous les jours.

As-tu quelques mots à dire sur ta création pour Kiblind ?

La première chose qui m’est venue à l’esprit est « ce n’est pas seulement un labyrinthe ». Le labyrinthe peut être lu comme un plan urbain à échelle réduite. Les différentes formes représentent les différentes « planètes ». Mon travail consiste en 3 planètes, 2 petites planètes à l’intérieur d’une plus grande planète. Ce labyrinthe est un espace où les gens se rencontrent, explorent et jouent. Le labyrinthe est transformé en espaces de géométries. J’ai fixé quelques règles pour la conception : il ne doit pas y avoir plus de 4 types de géométries ; chaque géométrie présente une qualité unique d’espace et de fonction. L’une d’elles s’inspire du « pavillon de sculptures » de l’architecte néerlandais Aldo van Eyck, situé dans le parc de Sonsbeek dans les années 1960. Les murs pliés et les espaces semi-circulaires présentent différentes qualités spatiales.

Et dis-nous, quels sont tes projets pour septembre ?

Je vais enregistrer et dessiner certains artefacts urbains qui contribuent à la mémoire collective des habitants de Hong Kong. Ces artefacts comprennent les objets construits dans l’espace public, comme les aires de jeux, les pavillons dans les parcs, etc.  Il s’agira d’un guide de terrain permettant aux Hongkongais de se remémorer leurs souvenirs. Également d’un guide permettant aux étrangers d’explorer les lieux locaux de Hong Kong. Il s’agira d’une suite de mon précédent projet de série #oholdhongkong. Par ailleurs, je pense recréer de belles scènes de certains de mes films, drames et animations préférés. Et je pourrais développer de nouveaux modèles basés sur la collection que j’ai créée.

Hiu yu Ong « CAVED in Bishop Hill »

Peux-tu nous citer 3/4 projets importants pour toi ?

« CAVED » est un projet d’illustration que j’ai réalisé de ma propre initiative au début de cette année. Il s’agit d’une réalisation ? imaginaire d’un réservoir souterrain centenaire à Hong Kong. Ce lieu historique a été ouvert au public pendant des années, mais il a été abandonné et oublié. Heureusement, le site vient d’être redécouvert alors que les travaux de démolition étaient en cours. Mon projet était une proposition virtuelle pour préserver cet ancien réservoir et présenter sa beauté structurelle et spatiale au grand public.

Tout d’abord, je pense que la préservation des structures existantes ainsi que celles détruites accidentellement peuvent révéler les différents états du réservoir abandonné. Cela montre les circonstances du passé, du présent au futur, permanentes et temporaires. Cela forme une conversation entre différentes sphères : le temps, le personnel, l’impersonnel et la nature. En conservant les anciennes structures, y compris les cicatrices causées par la démolition, on montre ce qui est arrivé au réservoir.

L’utilisation de différents matériaux et de différentes textures, du doux au dur, du léger au lourd, peut enrichir notre expérience sensorielle dans l’espace public. Les activités et les mouvements du corps entre les colonnes de pierre et les rideaux peuvent créer des espaces intérieurs constamment dynamiques et multifonctionnels. Au milieu d’une jungle de béton créée par l’homme comme la ville de Hong Kong, la terrasse ouverte au-dessus crée un cadre inclusif qui invite à la fois l’homme et la nature. Les humains peuvent enfin se réconcilier avec la nature et les animaux.

Hiu yu Ong « CAVED in Bishop Hill »
Hiu yu Ong « CAVED in Bishop Hill »
Hiu yu Ong « CAVED in Bishop Hill »

Pour le deuxième, il s’agit de collages illustrant le Nieuwmarkt d’Amsterdam et d’une gravure sur bois intitulée « ‘A Peasant Crossing a Bridge » de la série A True Mirror of Chinese and Japanese Poems de Katsushika Hokusai.

Le projet s’inspire du « Château dans le ciel », un film d’animation japonais de 1986 réalisé par le Studio Ghibli. Dans l’histoire, Laputa était autrefois une ville très avancée et civilisée. Elle flottait dans le ciel grâce au pouvoir magique d’un cristal géant. Des robots sophistiqués ont été créés pour en être les gardiens. Cependant, les personnes qui y vivaient ont décidé de quitter le château car elles ont réalisé l’importance de la connexion avec le sol. Des années plus tard, bien que Laputa ait été abandonnée par ses créateurs, l’île est restée vivante et bien entretenue, grâce au fait que les robots restants protégeaient toujours ce trésor caché. Une question est née de cette animation : Comment maintenir un équilibre entre l’environnement construit, la nature et les animaux sauvages ?

En raison de l’urbanisation et du surdéveloppement, les animaux sauvages ont été privés de leurs propres habitats. Dans cette œuvre, les structures ressemblant à des ballons promeuvent l’idée de coexistence. L’utilisation de l’espace dans le ciel peut libérer de l’espace au sol pour la nature. Ces « Laputas » peuvent être adoptés dans différents endroits, par exemple dans ce cas, le Nieuwmarkt à Amsterdam. Une explication plus détaillée du travail a été incluse dans l’article « Restoring the balance. We are all travellers« , en collaboration avec Urban Echoes.

Hiu yu Ong « Laputas »
Hiu yu Ong « Laputas »

C’était aussi un projet amusant et imaginaire. J’ai collaboré avec Urban Echoes et deux jeunes architectes. Le projet a été créé en avril 2020, lorsque la pandémie a frappé et que le premier confinement a été imposé en Europe. L’idée d’un « festival magnétique » a été évoquée pour la première fois par Jolijn Valk, la directrice d’Urban Echoes. Qu’est-ce qui peut nous aider à garder nos distances ? Comment pouvons-nous aller à un festival, profiter de la musique et interagir les uns avec les autres ? Tels étaient les thèmes centraux à explorer. Le « festival » consiste en une énorme tente tridimensionnelle. Elle contient 3 profils : un cercle, un carré et un triangle. Cette géométrie complexe existe et s’appelle le « Rond Carré Triangle ». De différents côtés, les gens peuvent voir la tente sous différentes formes. Tout le monde dans la tente doit se déguiser avec des costumes faits d’aimants de même pôle. Les costumes se repoussent lorsque les gens se rapprochent trop les uns des autres. Peut-être devrions-nous vraiment organiser un festival similaire quelque part dans le futur ?

Hiu yu Ong « Magnetic festival »

HIU YU ONG // KIBLIND MAGAZINE A QUOI TU JOUES

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