DA de festival : Positive Education 2021

C’est qu’il nous avait sacrément manqué. Après deux ans d’absence forcée, le conquérant Positive Education est de retour avec pas moins de 70 artistes explorateurs du beau son programmés sur 5 jours. Acteur discret et pourtant indissociable du festival stephanois, un certain Elie Pesqué en signe à nouveau l’identité visuelle. Il était temps qu’on fasse connaissance avec ce graphiste autodidacte.

Si le festival Positive Education jouit d’une renommée toujours impeccable aujourd’hui, c’est parce qu’il est porté par de fidèles alliés. L’équipe qui en est à l’origine en est un sacré, mais le stéphanois rayonne aussi chaque années grâce à des acteurs que l’on connait moins. Elie Pesqué est de ceux-là. Voyant d’abord le graphisme comme un moyen de promouvoir les soirées de son collectif Renascence, le garçon se prend vite au jeu et se retrouve à designer des posters pour des soirées de concerts à la Cigale, à la Machine du Moulin Rouge et donc – vous l’aurez deviné – pour Positive Education. Subjugué par « le pouvoir fascinant » de l’affiche, il trace son chemin en s’arrêtant bien volontiers par St-Etienne chaque année pour donner à Positive Education une identité singulière.

Avant de fouler les chemins du Quartier Manufacture de St-Etienne du 9 au 13 novembre, on a demandé à Elie de nous parler de sa collaboration avec le festival et de nous aider à nous repérer parmi le nombre impressionnant de noms d’artistes qui ont été accolés à son affiche. Du hip hop futuriste de la londonienne Shygirl aux sonorités expérimentales de la productrice Azu Tiwaline en passant par la bass music radicale de Pessimist, cette édition nous promet de bien belles heures d’exaltation sous la lune stéphanoise.

Salut Elie, de quelle idée es-tu partie pour réaliser l’affiche actuelle de Positive Education et quelles en ont été les étapes de création ?

Parfois, il m’arrive d’esquisser une idée que j’ai en tête sur un papier avant de commencer à travailler la structure principale du poster, où placer tel ou tel élément. Mais la plupart du temps, je travaille en improvisation. C’est comme en musique, on commence à jouer, expérimenter jusqu’au moment où une mélodie qui te plait apparaît. J’expérimente, je teste, jusqu’au moment où je me dis : « tiens c’est pas mal ça », et à partir de là, je construis tout le reste du poster. C’est un process qui peut prendre 30 minutes comme 3 jours. Une fois qu’on a le fond et la structure principale, le reste se déroule facilement. J’aime bien mettre plein de petits détails. J’ai des éléments qui reviennent souvent dans mes artworks : des textes, des formes géométriques, de la répétition… Je joue avec tout ça en prenant en compte la corrélation avec les identités des éditions précédentes.

Quels sont les artistes de Positive Education que tu nous conseilles d’aller voir absolument cette année ? 

C’est dur de faire un choix! Mais je foncerai voir Jane Fitz évidemment, une des meilleures djs du game. Pessimist sans hésiter aussi, le back to back Simo Cell & E-Unity, A Strange Wedding et bien sûr le set de closing des deux boss (Les fils de Jacob) qui a l’air d’être un rituel annuel sacrément génial.  

Tu n’en es pas à ton coup d’essai pour le festival stéphanois. Comment t’es-tu retrouvé à bosser leurs identités visuelles ?

Il fût un temps où j’étais promoter pour Renascence. Je respectais énormément le travail de Charles et Antoine (ndlr : les programmateurs du festival), et ils respectaient le notre aussi. On s’est finalement rencontré en vrai à une de nos soirées au Trabendo (une « Whities label night » en collaboration avec Guilty Dogs, ah la belle époque!). On a bien matché humainement et après on a vraiment suivi ce qu’on faisait respectivement. Antoine a toujours été d’un grand support sur tous les visuels que je réalisais pour Renascence et je pense qu’ils ont rapidement pensé à moi pour l’identité de leur festival. Ce qui est et restera une fierté pour moi, de pouvoir soutenir à ma manière les acteurs de l’underground français. 

Tu réalises beaucoup d’affiches pour beaucoup de concerts / artistes, peux-tu nous citer 3 affiches que tu as particulièrement aimé réaliser et nous dire pourquoi ? 

Bien sûr les posters que j’ai réalisés pour mon crew Renascence, ça commence à légèrement dater maintenant mais c’est un souvenir incroyable qui restera indélébile. Une aventure folle avec mes acolytes Julien et Romain, des moments de stress pas possible, des grandes réussites comme des gros coups durs mais ils ont marqué une période importante de ma vie et ont permis de me donner de la visibilité.  

Je ne peux pas ne pas parler de ma première affiche pour Quartiers Rouges à la Machine du Moulin Rouge. Marc Resplandy (ndlr : directeur artistique de la Machine du Moulin Rouge) a vraiment été un énorme support pour moi et dans ma carrière, il a toujours été là pour me conseiller et me pousser à sortir le meilleur de moi même. C’était une des premières personnes à me faire confiance et à m’engager pour des posters, ça m’a permis de construire mon book avec des références sérieuses, de gagner en confiance en mon taff et de travailler pour des artistes incroyables. 

Le poster pour la date à la Cigale de rendez-vous et The KVB, deux groupes dont j’adore la musique. C’était mon premier pas dans la sphère « rock/pop » et je suis très content de ne pas être cantonné qu’à un seul style musical depuis, à l’image de mes goûts musicaux. J’adore travailler pour des artistes aux univers différents car ça me permet de développer des ambiances différentes tout en essayant d’y incorporer ma « touche ». 


Quelle a été ta formation dans le graphisme ? 

J’ai aucune formation dans le graphisme. J’ai appris très rapidement les bases de Photoshop dans mes études supérieures mais je n’ai jamais fait d’école de design ou autres. J’ai appris sur le tas en commençant à faire les flyers pour la première asso que j’avais à Rouen en 2013 (attention les yeux). J’étais le seul dans l’asso avec des bases de photoshop donc ça c’est fait naturellement. Finalement, j’y ai pris goût et de là, j’ai continué à faire les artworks. Ça s’est enchaîné ensuite avec les posters pour Renascence et puis des jobs en agences de communication, qui m’ont beaucoup appris. J’aurais jamais pensé pouvoir en faire mon métier, j’ai toujours ce syndrome de l’imposteur et je dois encore apprendre tous les jours à avoir confiance en mon travail. Je continue donc d’apprendre et d’évoluer constamment, ça rend la chose moins redondante et donc passionnante.  

Tu sembles très porté sur le médium de l’affiche, y a t’il d’autres formats qui t’intéressent tout particulièrement ?

Oui, bien sûr, je suis un très très grand fan de posters. Je trouve que c’est un médium incroyable qui est autour de nous depuis toujours et qui a un pouvoir fascinant. Que ce soit les posters de célébrités que t’avais sur les murs de ta chambre quand t’étais petit, les publicités dans la rue, les prints d’oeuvres d’arts etc.

J’ai beaucoup aimé faire le peu de pochettes (vinyle/disque) que j’ai faites, j’aimerais vraiment avoir l’opportunité d’en faire plus. C’est un médium iconique qui a souvent marqué la pop culture à jamais. Surtout que c’est un format qui se perd, je veux pas faire mon boomer mais avant, on avait cette grosse pochette qui pouvait représenter toute l’idée d’un album ou l’identité d’un artiste entre les mains. Maintenant avec les plateformes de streaming, la pochette devient toute petite, dans un coin et plus ça avance, plus elle disparaît, pour laisser place à plus de vidéos. C’est dommage car en tant que designer, c’est un médium qui permettait à ton travail de perdurer à jamais, 40 ans après la sortie peut-être que quelqu’un trouvera la pochette que t’as faite dans un bac à disque et repartira avec. J’aime bien cette idée là, c’est le but de plein de personnes dans la vie j’imagine : « laisser une trace ». 

On remarque aussi un grand intérêt pour la typographie, quelles ont été tes inspirations à ce niveau ? 


Oh que oui! Mon intérêt pour la typographie est plus récent mais je suis de plus en plus passionné par en créer. C’est comme les chefs qui cuisinent chaque élément de leurs plats, t’as envie d’avoir le contrôle sur l’ensemble de ton taff, pour avoir quelque chose d’unique. Pour l’instant je reste un newbie, je ne crée seulement que des « titres » ou des logotypes donc quelques lettres destinés à un mot ou plusieurs. Je n’ai jamais créé une vraie typographie, un alphabet tout entier mais c’est quelque chose que j’ai en tête et que j’aimerais développer à l’avenir. Ça reste un travail dingue et un métier à part, certains studios travaillent des années à l’élaboration d’une seule typographie. Je suis donc encore complètement débutant dans cette voie mais au fur et à mesure, je progresse tranquillement et j’apprends. Les inspirations viennent surtout du nombre énorme de designers talentueux dont tu peux voir le travail partout sur internet. Instagram a créé un vrai répertoire de designers dont il est fascinant de voir le travail et chaque jour, je suis ébahi devant toutes ces nouvelles réalisations. Le plus important, c’est d’emmagasiner un maximum de choses, ne jamais cesser d’être curieux et être constamment à la recherche de références, modernes ou anciennes. 

POSITIVE EDUCATION // ELIE PESQUE

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