Clip Clap : notre sélection de clips animés #28

Regulièrement, Kiblind donne la parole à l’artiste derrière l’artiste : l’illustrateur.rice chargé·e de retranscrire la musique en images. Retrouvez nos clips musicaux animés préférés décryptés par celles et ceux qui les ont fabriqués.

Adèle Castillon – Crève-cœur

Illustration / animation : Josselin Facon + Laura Passalacqua

Hello Josselin ! Peux-tu nous résumer avec tes propres mots l’histoire racontée dans ce clip ? 

J’ai pris la décision de penser ce clip en tant que clip. J’entends par là que je n’ai pas eu pour ambition de me camoufler derrière l’économie d’une vidéo-musique pour réaliser un court-métrage d’animation. Nous avons réfléchi avec Laura Passalacqua à une narration, à des images et à un fil conducteur, mais notre volonté principale était de réaliser un film qui soit avant tout au service de la musique, en utilisant une mise en scène volontairement décousue, dont l’enchaînement des plans et le rythme se fixeraient sur celui du morceau. Il y a plusieurs plans qui se répètent tout comme la chanson, qui se base sur des boucles de synthés, des répétitions de couplets et de refrains. J’ai voulu jouer avec les plans animés comme l’on joue des instruments, comme on travaillerait un sample. Des images qui se croisent et se recroisent et mettant en scène Adèle chantant la chanson.

Le clip ne raconte pas une histoire à proprement parler, mais tend plutôt à dépeindre des bribes de la vie sentimentale d’une jeune femme qui divague, rêve et fait des cauchemars en mettant en scène les déambulations d’Adèle à travers la nuit ainsi que ses déambulations mentales. Certains plans illustrent les pensées, les fantasmes, les souvenirs et les peurs qui tournent en boucle dans la tête de la jeune femme, quand d’autres racontent ce qu’il se passe vraiment. Tout se mélange pour créer le doute concernant ce qui se déroule et ce qu’elle espère, qu’elle craint ou imagine. Cette jeune femme est à la recherche de quelque chose ou de quelqu’un. On ne sait pas, je ne sais pas et très certainement que le personnage lui même ne le sait pas non plus.

Ce clip est empreint de ton univers. Quel était ton degré de liberté au niveau de la DA ? 

Ma productrice Joséphine Mancini m’a proposé la réalisation de ce clip, car elle considérait que mon identité graphique se marierait bien avec la musique d’Adèle Castillon. De manière générale, j’ai la chance de travailler avec elle, car elle sait très bien négocier en amont la plus grande liberté possible pour moi auprès des commanditaires avec qui nous travaillons. Joséphine a donc proposé à Adèle une interprétation graphique de sa musique entièrement libre de ma part, ce qu’elle a accepté. Il n’y a donc eu aucune contrainte, nous avons pu travailler avec une totale liberté. Ça a été très agréable de travailler avec Adèle Castillon, car elle a tout de suite été en accord avec mes propositions de mises en scène et esthétiques.

Peux-tu nous parler des ressources qui t’ont servi d’inspiration pour construire l’univers de ce clip ? 

Laura Passalacqua m’a beaucoup aidé en m’apportant son regard aiguisé sur la mode. C’est elle qui m’a fourni une documentation précise de référence pour les costumes des personnages du clip. Pour le reste, j’ai pu filmer Adèle en lui demandant d’interpréter une grande partie des plans du story-board pour avoir une documentation vidéo de référence permettant d’aborder l’animation de la gestuelle d’Adèle avec la plus grande justesse possible, dans la mesure des moyens économiques que nous avions à disposition.

Peux-tu nous décrire les différentes étapes de création de ce clip du premier brief au résultat final ? 

La production s’est déroulée de manière assez classique. Dans un premier temps, nous avons travaillé de façon très instinctive avec Laura Passalacqua. Nous n’avons que très peu écrit et nous sommes mis très rapidement a dessiner. C’est comme ça que j’ai l’habitude de travailler. Nous avons constitué un dossier pour postuler à une aide auprès du CNC, que nous avons obtenu. J’ai ensuite dessiné l’ensemble des dessins clés de chaque plan pour pouvoir déléguer une grande partie de l’animation à l’équipe d’animateur·rices que nous avons pu constituer grâce à l’aide du CNC et sans qui la réalisation du clip aurait été impossible. Pendant que je supervisais le travail des animateur·ices, j’ai dessiné l’ensemble des décors et une fois que tout fut dessiné, je me suis penché sur la mise en couleur de l’ensemble. Puis enfin, j’ai monté le tout et ajouter un léger étalonnage pour harmoniser l’ensemble.

Malgré le temps que prend le travail d’animation, arrives-tu encore à jongler entre l’animation et illustration pour du print ? 

L’animation est effectivement très chronophage, mais elle est mon principal métier, c’est grâce à l’animation que je parviens à gagner ma vie. Et il est vrai que j’ai rarement le temps de me consacrer à autre chose.
Mais ces derniers, j’ai ressenti le besoin de me dégager du temps pour faire un nouveau livre. J’ai donc refusé quelques contrats pour pouvoir me vouer entièrement à une nouvelle BD que je co-écris avec Ugo Bienvenu et qui sera publié chez Denoël Graphic.

Pour quel·le artiste rêverais-tu de réaliser un clip ? 

Je crois que j’aimerais bien réaliser un clip pour Mylène Farmer ou Billie Eilish.

Horsegirl – Julie

Animation : Daphna Awasdish Golan

Salut Daphna ! Peux-tu nous résumer l’histoire qui est racontée dans le clip de « Julie » avec tes propres mots ?

Salut ! « Julie » est un clip qui capture le voyage doux-amer d’un déménagement d’une maison familière vers la grande ville, équilibrant l’excitation de l’indépendance retrouvée avec la mélancolie tranquille de laisser le passé derrière soi.

Peux-tu nous parler des différentes étapes de réalisation de cette vidéo, des premières discussions au résultat final ?

Au début du processus de travail, j’ai eu une visioconférence avec Horsegirl et Matador Records au sujet de la signification de la chanson et de l’inspiration qui la sous-tend. C’était formidable d’avoir la liberté artistique de pouvoir aussi donner mon avis sur le sujet. Le temps imparti m’a également poussé à être plus créative côté animation et à vite trouver des solutions aux problèmes. J’ai envoyé un tableau vidéo au groupe et à la maison de disques avec des images stylisées qui représentaient l’aspect de chaque plan. Une fois le projet approuvé, j’ai poursuivi le processus d’animation : impression, coloriage avec des pastels à l’huile, numérisation et recadrage pour la « magie » de l’animation. C’est beaucoup de travail, mais j’ai de l’expérience avec cette technique et j’aime beaucoup travailler en analogique.

Quelles ont été tes principales inspirations pour ce clip ?

J’ai été inspirée ici par les animaux, la ville, le mouvement en général et la nature. J’ai cherché à créer une atmosphère spécifique tout en la laissant ouverte à différentes interprétations.

Ton travail sur les textures est également très intéressant. Peux-tu nous en parler ?

J’ai importé la vidéo en basse résolution, ce qui donne cet effet d’impression « xerox ». Le manque de netteté des images imprimées invite les spectateur·rices à faire travailler leur imagination et à se promener entre la réalité et les rêves. La technique d’animation consiste à dessiner avec des pastels à l’huile sur des vidéos imprimées. La combinaison entre la vidéo et la peinture souligne la différence entre les personnages dessinés et leur environnement filmé, ce qui crée un sentiment « d’éloignement ».

Les vidéos imprimées et l’animation amènent les spectateur·rices dans un environnement où la réalité n’est pas nette, mais où règne une atmosphère de souvenirs, de sentiments et de pensées. Un environnement qui requiert attention et observation.

Tu travailles également sur de nombreux courts-métrages d’animation. Comment abordes-tu l’exercice de l’animation d’un clip vidéo par rapport à l’animation d’un court-métrage ?

C’est un processus de travail différent : le clip est basé sur la chanson – tout le processus est axé sur elle : les morceaux, le flux musical et la mélodie. Dans mes films, l’histoire et les images viennent en premier, et ce n’est que plus tard que la musique sera créée en fonction de ces éléments. Comme le délai pour le clip était court, j’ai dû prendre des décisions rapides, ce qui m’a plu. Il m’a fallu quatre ans pour réaliser mon dernier film, Swimming With Wings, et j’ai donc trouvé rafraîchissant de travailler sur un projet à court terme.

Quel serait le projet de tes rêves dans le domaine de l’animation ?

Je travaille actuellement sur un roman graphique personnel sur l’histoire de ma grand-mère aux Pays-Bas. Le développement visuel prend plus de temps que prévu, mais il m’apprend beaucoup. Mon dernier film, Swimming With Wings, est toujours projeté dans des festivals et nous envisageons d’en faire une série documentaire animée pour les enfants. Je suis très enthousiaste à propos de ces deux projets et du développement artistique qu’ils apporteront.

TUUNG – Didn’t Know Why

Illustration :  Lily Buchanan
Animation : Juliet Bryant


Hello Juliet, tu réalises des clips avec différentes techniques et différents outils (photo, dessin, animation etc). Comment en es-tu venue à l’animation?

Je préfère essayer quelque chose de différent pour chaque nouveau projet.
J’ai commencé par le tournage des clips, ce qui m’a beaucoup plu pendant un certain temps, mais je me suis rendu compte que j’aimais beaucoup le processus de montage, pouvoir jouer sur les images grâce à la couleur et à la texture, etc. J’ai toujours aimé les dessins animés et les animations graphiques, mais les logiciels m’intimidaient. Ce n’est que lorsque le Covid est arrivé que j’ai pris le taureau par les cornes et que j’ai commencé à faire de l’animation. Les labels/artistes avaient besoin de visuels pour accompagner la musique qu’ils sortaient, mais les limitations imposées par le confinement rendaient presque impossible de tourner quelque chose.
J’ai fait quelques « lyrics videos » pendant cette période et il y a ensuite eu un effet boule de neige.

Il y a un jeu sur les textures dans le vidéo de Tunng. Comment as-tu crée cet effet de « vieux papier » ?

J’ai aimé l’idée de compléter visuellement les paroles de la chanson « Didn’t know why every day goes by ». J’ai donc édité l’un des papiers scannés par Lily Buchanan (la créatrice de la pochette de l’album), j’ai animé sa rotation, créant un effet de tic-tac qui aiderait à symboliser le temps. Je dispose également d’une vaste bibliothèque numérique de textures que j’ai collectées et créées au fil des ans, et j’y ai donc puisé quelques éléments

D’où te sont venues tes inspirations pour cette vidéo ?

Pour tous mes projets de visualisation musicale, je commence par écouter l’audio en boucle pendant un laps de temps infini. Cela me donne généralement une idée de la fréquence d’images à laquelle je veux travailler et du nombre de couches dont j’aurai besoin pour traduire visuellement la musique. Tunng et moi-même voulions inclure la pochette de l’album et l’utiliser comme point central de la vidéo – c’était donc l’inspiration principale de ce projet. Nous voulions donner vie aux éléments et aux personnages de la pochette et célébrer les détails.


La façon dont tu as composé les dessins est aussi très intéressante. Quelles contraintes t’es-tu imposée pour le clip de Tunng ?

J’aime beaucoup coller et déconstruire des images pour en faire quelque chose d’autre, mais il est difficile de ne pas tomber dans l’excès avec ce genre de choses, c’est pourquoi j’ai voulu adopter une approche plus minimaliste pour ce projet. J’ai aimé l’idée de créer de petites fenêtres dans les scènes que Lily avait dessinées. Cela m’a semblé être une interprétation plus intéressante de l’animation d’une œuvre d’art et a permis de mettre en valeur les détails délicats.

Y a t’il des animations qui t’ont particulièrement marqué dans des films ?

Oui, la séquence-titre d’Enter The Void et les cartes-titres de Broad City.

Quel est ton prochain challenge en animation ?

J’ai envie de me lancer dans des projets plus variés, de passer du temps en dehors de l’écran.

PAR.SEK – Comment les gens mentent

Animation : Studio Cabriole

Salut Léa et Florine ! Comment en êtes-vous arrivées à l’animation ?

Florine : Petite j’étais passionnée de beaucoup choses, je passais mon temps à lire, j’écrivais souvent toute sorte d’histoires (que j’avais du mal à terminer, tellement j’avais hâte de passer à autre chose), je dessinais beaucoup et mon jeu préféré était créer des personnages pour mes ami·es et leur offrir. J’ai grandi en regardant des dessins animés comme beaucoup d’enfants de mon âge mais la découverte des créations du studio Ghibli a été une vraie claque. J’y ai découvert une puissance incroyable et je me suis dit que le dessin ne me suffisait plus, que je voulais voir mes personnages bouger et vibrer sur des sons et des musiques qui restent en tête.»

Léa : «Enfant, quand je passais devant des vitrines de cabinet d’architectes je disais que plus tard je voulais être « fabricante de maquettes » ! Je tannais également mes parents pour aller voir toutes les très kitsch expositions de santons de la région (figurines d’argiles provençales mises en scène dans des décors miniatures). Par ailleurs, je me gavais de films des studios AARDMAN et dans le DVD de Chicken Run il y avait des bonus avec un making-of que j’adorais… En grandissant j’ai vite compris qu’en réalité je voulais créer des mondes miniatures dans lesquels je pourrais raconter des histoires.

Quelle est la marque de fabrique du studio Cabriole ?

Ayant des univers et des compétences distinctes, nous aimons lier nos savoir-faire pour imaginer des œuvres composites. Sur l’ensemble de nos projets, nous proposons des hybridations entre papier découpé et animation 2D. Niveau registre, nous alternons entre des propositions loufoques et décalées et d’autres plus poétiques. Dans 4 min au galop, réalisé en 2020 pour La Cité des Sciences nous jouons avec les codes du reportage télévisé et mettons en scène une succession de gags tout en transmettant le discours scientifique qui nous était imposé. Dans Comment les gens mentent, nous avons décidé d’imaginer un scénario absurde autour d’un petit mensonge du quotidien. Pour le clip Hoi an de Rakoon, nous avons opté pour la poésie en proposant une balade onirique en bord de fleuve.

Pouvez-vous nous parler du mini monde en papier construit pour ce clip ?

Nous voulions sur ce clip marquer le décalage entre la vidéo et les décors, et pour ça assumer le côté fait main, bricolé voire même artificiel de nos décors. À la manière de Gondry dans sa série Kidding ou des Télétubbies avec leurs collines vert fluo, nous voulions un univers éclatant et coloré, planté dans des espaces naturels, vallonnés et montagneux, rappelant nos paysages d’Auvergne. C’est Léa qui a pris en charge la fabrication de ce mini-monde avec l’aide d’Alex en stage chez nous. À eux deux, ils ont construit 4 maquettes en volume de près de 60 cm d’envergure pour chacune d’elles, et de multiples décors “à plat”, pour servir de fonds, une véritable usine de papier !

Comment avez-vous ensuite intégré les membres de Par.sek dans ce joli monde ?

À la différence des projets précédents, nous avons choisi d’intégrer « directement » et littéralement le groupe dans nos décors, grâce au principe de tournage sur fond vert (une couleur qui facilite l’incrustation en post-production). Ce choix technique nous a permis de les associer pleinement au processus de création, chose que nous avions à cœur étant donné le rapport particulier que le groupe entretient avec la création visuelle grâce à la participation de Manon. L’intensité des deux jours de tournage nous a permis de réellement connecter avec chaque membre du groupe et a été une expérience exceptionnelle pour tout le monde ! 

Quel a été votre plus gros challenge pour ce clip ? 

La première difficulté pour nous était de trouver notre place dans l’univers graphique du groupe déjà très marqué, et assez éloigné du nôtre. L’idée était donc de leur faire une proposition qui pourrait leur plaire tout en gardant la patte « Studio Cabriole ».  Le deuxième challenge a été d’intégrer une nouvelle technique que nous n’avions jamais utilisée pour des rendus professionnels : l’incrustation d’acteur·rices filmé·es en prise de vue réelle sur fond vert. Ce choix nous a amené à sortir de notre zone de confort puisque nous avons dû planifier et mener un tournage en prise de vue réelle en studio, avec toute la logistique et la coordination que cela implique, c’est à dire nous initier à la direction d’acteur·ices et manipuler du matériel que nous ne connaissions pas forcément très bien.
Cela nous a également posé des problèmes en post-production, notamment à l’étalonnage (gestion de la luminosité et des couleurs pour créer une cohérence globale) qui fut plus qu’hasardeux…

Sans mentir, pour quel·le artiste rêveriez-vous de faire un clip ?

Léa : Flavien Berger, of course !
Florine : La Rosalía, on peut rêver !

LISA PORTELLI – Granit feat. Nosfell

Animation : Marlène Ciampossin

Salut Marlène ! Peux-tu nous parler de ta formation en animation ? 

Bonjour Kiblind ! J’ai commencé mes études aux beaux-arts d’Angoulême. Le cinéma m’intéressait déjà mais à ce moment-là, je faisais essentiellement de l’art vidéo. C’est au cours de ce cursus que je me suis mise à passer de plus en plus de temps en atelier d’animation. J’ai donc décidé d’en faire ma spécialisation pendant mon master, où j’ai eu la chance d’être accompagnée par Chiara Malta et Sébastien Laudenbach qui m’ont sensibilisée au travail de la réalisation. Après avoir obtenu mon diplôme, j’ai alors décidé de m’orienter vers la Poudrière, école qui forme à la réalisation en cinéma d’animation. Cela m’a permis de me positionner pleinement dans mes envies. Je n’ai donc jamais vraiment eu de formation technique mais eu le temps d’expérimenter et de chercher…

Quels étaient les désirs de Lisa Portelli pour ce clip ? 

Lisa m’a contactée par téléphone un jour alors que j’étais en train de travailler l’écriture de mon petit film pour la collection de Première page à l’abbaye de Fontevraud. C’était en faisant des tours dans le cloître que nous avons fait connaissance et discuté de nos univers respectifs. Alors qu’elle nourrissait une fascination pour la mer et moi pour la montagne, on s’est vite retrouvées dans nos démarches et nos inspirations. Lisa désirait raconter l’histoire d’un voyage sur la plage, puis sous l’eau, ou dans une sorte d’au-delà des profondeurs où elle serait guidée par une figure étrange et un peu fantastique, fantomatique… donnant ce ton presque série Z au clip et créant un petit décalage avec la musique.

Peux-tu nous décrire les différentes étapes de réalisation de ce clip pour Lisa Portelli ? 

On a d’abord discuté de références, d’envies… puis Lisa m’a montré les photos qu’elle faisait sur l’île d’Ouessant, un endroit qui lui est cher où parfois les rochers aux formes presque humaines m’ont vite inspirée. Lisa me laissait assez librement chercher les premières images. Ensuite j’ai commencé à faire des essais pour animer cette roche déjà si présente dans mon travail en intégrant les personnages dans ces décors. A ce moment-là, des plans ont commencé à se suivre… On avançait à tâtons. Puis au fur et à mesure, on a construit un scénario ensemble, plutôt simple et j’ai fait une animatique. C’est ainsi que très vite le clip de « Granit » est devenu une sorte d’alternative pop et électro de mon petit film fraîchement terminé Histoire d’une montagne où l’on retrouve communément un personnage qui nage dans une mer de roche…

Comment les paroles du morceau ont-elles influencé ton travail ? 

Finalement, les paroles n’ont pas occupé une place trop grande dans mon processus de création, ou peut-être alors de manière très inconsciente. Par contre, ce sont les mots de ce personnage étrange derrière lequel se cache l’artiste qui accompagne Lisa au chant, Nosfell. Il l’envoûte et la guide avec sa typographie unique : le Klokobetz, un langage qu’il a inventé de toute pièce. Nosfell ne voulait pas de sous-titres, il ne fallait pas traduire ses glyphes. Les trouvant très graphiques, j’ai plutôt cherché à les intégrer directement à l’image et à la narration en les rendant presque dotées d’une conscience : ainsi les mots se baladent, se transforment et accompagnent Lisa dans son voyage. On peut dire que le Klokobetz a occupé une grande place dans la création de ce clip… et je suis très heureuse que Nosfell m’ai autorisée à manipuler son langage si personnel. Je vous invite à aller voir ce qu’il fait, c’est un artiste passionnant.

Tu sembles prendre particulièrement plaisir à dessiner des personnages. Qu’est-ce que tu aimes dans cet exercice ? 

En général, j’aime beaucoup dessiner des attitudes, des styles… la force d’un mouvement dans un vêtement, les cheveux, leur forme qui parfois peuvent se rapprocher d’éléments naturels. C’est comme ça que j’ai des personnages mais aussi des personnages paysages. Après, il m’arrive (souvent) de dessiner des divas gothiques ! Pour changer un peu.

Quel serait ton projet rêvé en animation? 

Difficile comme question… mais justement, en parlant de diva gothique, je rêve d’adapter une bande dessinée que j’ai commencé à écrire en 2019 sous forme d’une série ou d’ un long métrage. Ce serait très musical, très camp, très glam… où on suivrait l’évolution d’un jeune musicien. Mais bon, je ne peux pas trop vous en dire plus, le pitch n’est pas prêt ! Je suis en train de tout réécrire…

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