Clip Clap : notre sélection bimensuelle de clips animés

Tous les deux mois, Kiblind donne la parole à l’artiste derrière l’artiste : l’illustrateur.rice chargé.e de retranscrire la musique en images. Retrouvez nos clips musicaux animés préférés décryptés par celles et ceux qui les ont fabriqués.

ALMOND BUTYL – FLOYD & JERRY

ANIMATION : Groduk & Boucar

Salut Groduk & Boucar ! À quoi ressemblaient les croquis de vos premières idées pour ce clip ? 

Coucou. On a commencé par réfléchir ensemble à des designs de cochons gascons, on a fini par choisir ceux que l’on trouvait les plus rigolos et les plus fidèles à Floyd & Jerry. 

Floyd & Jerry sont deux cochons qui ont vraiment existé, ils vivaient dans la ferme d’un ami d’Almond mais ils ne sont malheureusement plus de ce monde aujourd’hui. On voulait créer une fiction basée sur une suite de petites scènes qui racontent leur vie terrestre et imaginent leur futur extraterrestre.

Quelles étaient les envies / les volontés d’Almond Butyl quand iel est venue vous chercher pour ce clip ? 

C’est nous qui lui avons proposé de faire le clip ! On a entendu le morceau pendant un live et on était persuadées que ses sons fun et bouncy fonctionneraient trop bien avec notre univers cartoon. Au final, le clip ressemble un peu à un générique de dessin animé ! Iel nous a laissé carte blanche pour le clip, comme toutes les vidéos de l’EP, qui sont réalisées par différents artistes. Elles sont toutes super différentes, c’est vraiment super car on retrouve une nouvelle facette d’Almond Butyl dans chacun de ces clips. 

L’éternelle question : comment vous-êtes vous répartis les rôles pour fabriquer ce clip ?

On a toutes les deux réfléchi au scénario et réalisé des décors. Océane voulait expérimenter l’animation depuis un moment donc elle a profité de ce projet pour explorer un peu After Effects, on n’avait jamais fait d’animation avant !

Quel serait votre projet d’animation de rêve (après celui-ci) ? 

On aimerait trop refaire d’autres clips, ou alors créer notre dessin animé !

Floyd et Jerry ont l’air d’être sacrément chouettes. Est-ce qu’ils vous rendaient toujours heureuses après les multiples heures de travail passées sur le clip ? 

Bien sûr, on se sent très proches de F&J qui sont eux-mêmes un duo comme par hasard 😉

CORRIDOR – MOURIR DEMAIN

ANIMATION : Paul Jacobs

Salut Paul ! Tu as un projet musical perso mais tu réalises également des clips pour d’autres groupes. Quel rôle tient l’illustration dans ta vie ?

Je dessine depuis aussi longtemps que je m’en souvienne. Quand j’étais enfant, les gens remarquaient toujours mes dessins et me faisaient des compliments, ça m’a donc poussé à continuer sur cette voie. La musique est également une grande passion. Pour moi, ces deux disciplines sont similaires, elles font juste appel à des sens différents. J’ai toujours adoré pouvoir lier musique et art au sein du même projet, j’aime autant l’un que l’autre.

Peux-tu nous raconter les différentes étapes de réalisation pour le clip « Mourir demain » de Corridor ?

Ça a été un très long processus, j’étais en train d’enregistrer des morceaux à ce moment là et j’ai du très vite basculer sur l’animation pour qu’elle soit prête à temps. J’ai écouté le morceau un paquet de fois et j’ai attendu de voir ce qui allait me venir à l’esprit à partir du rythme et de la compo. J’ai essayé quelques plans pour voir ce qui était possible et j’ai dormi un peu dessus, en laissant mon subconscient faire le travail. Une fois que j’ai commencé la réalisation du clip, j’ai essayé de suivre la première idée qui me venait à l’esprit, d’une manière plus expressive, sans storyboard ni plan concret. Je pense que je voulais des images abstraites et visuellement agréables pour compléter la chanson.

Quels sont tes outils préférés pour dessiner ?

J’adore utiliser des Sharpies à pointe fine sur le papier. Ils sont bon marché et solides. J’ai utilisé une tonne de marqueurs et de papier pour cette vidéo, j’aimerais bien essayer de dessiner sur un iPad un jour, ce serait un peu plus écologique.

Quelles sont les premières images qui te sont venues à l’esprit lorsque que tu as écouté « Mourir demain » ?

Les 20 premières secondes et quelques ont directement fait germer une idée. Le son de la guitare m’a évoqué des lignes épaisses et des expressions de visages tourmentés. J’imaginais ça en noir et blanc au départ mais je me suis rendu compte que le groupe voulait de la couleur, donc je suis parti sur la même palette de couleurs que l’album.

Pour quel groupe rêverais-tu de réaliser une vidéo ?

Quand je travaillais sur cette vidéo, j’écoutais les tout premiers albums de Kurt Vile et je me disais que sa musique et mon art fonctionnaient très bien ensemble. Donc j’imagine que c’est un des artistes actuels pour lesquels j’aimerais beaucoup réaliser une vidéo. J’aime aussi beaucoup Amen Dunes et Cass Mccombs par exemple.

JOSEPH CARRÉ – Les oiseaux

ANIMATION : Liam Hamilton

Salut Liam ! Tu pratiques l’illustration sur de nombreux supports. À quel moment as-tu eu envie de t’essayer à l’animation ? 

J’ai toujours été intéressé par le dessin, alors j’ai commencé à animer environ 5 ans après m’être inspiré des animations de Vince Collins, Chad van Gaalen et d’autres réalisateurs non narratifs.

À quoi ressemblaient les premières notes sur ton carnet quand tu as réfléchi au clip de « Les Oiseaux » de Joseph Carré ? 

En général, je commence avec un seul dessin de mon carnet et j’essaie de l’imaginer en mouvement. J’essaie de rester à l’écart des thèmes évidents et d’ignorer les paroles autant que possible pour pouvoir penser à quelque chose de complètement nouveau et original.

Les images de ton clip sont indépendantes des paroles de Joseph Carré. Qu’est-ce qui t’as influencé ici ? 

Je travaillais sur le clip avant d’avoir écouté la chanson et quand Joseph m’a demandé si j’étais intéressé, je lui ai montré ce sur quoi je travaillais à ce moment là et il était enthousiaste. Cela a fini par bien s’adapter à la chanson avec quelques petits ajustements.

Quel est le support / médium que tu rêverais d’expérimenter ? 

 Je n’ai jamais essayé le stop motion ou la pâte à modeler auparavant et je pense que j’adorerais faire quelque chose avec ce médium. J’ai récemment écouté le documentaire « Monster Road » de Bruce Bickford et j’ai été émerveillé par son dévouement.

Si tu devais réaliser le clip de ta journée, ça ressemblerait à quoi ? 
 
Honnêtement, ce ne serait pas très intéressant, je passe la plupart de mes journées à travailler sur des vidéos, à dessiner ou à travailler comme cuisinier.

KLEM H – MODERN LIFE

ANIMATION : Marthe Aubineau


Salut Marthe ! Tu as l’air de transposer le dessin à de nombreux mediums. Peux-tu nous en dire plus sur ta pratique artistique ?

Oui effectivement, j’aime beaucoup explorer différents supports et matériaux pour créer. Je peins souvent à l’acrylique et à l’aquarelle en parallèle du dessin numérique. Ce que j’aime dans la peinture, c’est jouer avec les couleurs, les ombres et les lumières, sans forcément respecter leurs projections réalistes, pour créer une atmosphère onirique. En général, je fais mon dessin en aplats puis j’ajoute des couches d’ombres et de lumières jusqu’à ce que ça me plaise. Et finalement je fonctionne un peu comme ça quand je dessine sur ma tablette aussi.

Comment t’es-tu mise à l’animation ?

J’ai commencé l’animation quand j’étais toute petite en faisant des stop motions avec mes legos, sur le téléphone de ma mère. J’ai tout de suite trouvé ça magique de pouvoir donner vie à ses jouets ! Je pouvais raconter des histoires. Par la suite, j’ai réalisé des clips au collège avec des amis, des fausses émissions TV, etc… J’ai toujours été attirée par la vidéo et le cinéma, tout en dessinant à côté. Le vrai tournant, c’est quand j’ai réalisé que ça pouvait être un métier (en débutant mes études supérieures). C’est là que j’ai « professionnalisé » ma pratique en entrant à l’Ecole de Design Nantes Atlantique dans la section Motion design.

Comment en es-tu arrivée à l’univers graphique du clip de Klem H ?

Il y a plusieurs influences systématiques dans mon travail. Miyazaki en est certainement une des principales, ce que j’aime dans son travail c’est la façon dont il arrive à créer quelque chose de poétique sans être cucul pour autant. Pour « Modern Life », j’avais au début pensé à quelque chose de très posé, une scène de vie quotidienne, comme un étudiant dans sa cuisine par exemple… Puis j’ai eu envie de plus de mouvement plus illustrer la vie moderne, et je trouvais qu’un run cycle illustrait bien ce mouvement, la course après le temps.

Peux-tu nous raconter la réalisation de ce clip de A à Z ? 

Pour commencer, c’est un vrai bonheur de travailler avec Klem H parce qu’elle ne m’a posée aucune contrainte. C’était vraiment une commande purement artistique, elle souhaitait que j’expose ce que je voyais en écoutant sa musique. Donc j’ai commencé à brainstormer autour de l’idée de « vie moderne » et comme je le disais plus tôt, le run cycle s’est assez vite imposé à moi. Ensuite j’ai commencé des esquisses, j’ai mis beaucoup de temps à trouver à quoi ressemblerait le personnage principal, puis je l’ai imaginé avoir les mêmes traits que Klem H, j’ai même dessiné son chat avec les mêmes tâches comme un clin d’œil. Puis j’ai fait des essais colorimétrique, je voulais quelque chose de vif mais doux à la fois, un peu pétillant. Une fois ces choix faits, c’était rapide de décliner le reste et de commencer à dessiner le fond.

Quel serait ton projet de rêve dans ce domaine ? 

Je pense que j’en ai plein des projets de rêve ! Mais parmi eux, il y a la réalisation d’un générique de film, par exemple pour Wes Anderson dont j’adore l’univers. Le format du clip me plaît beaucoup et j’aimerais continuer d’en créer mais je pense que j’adorerais aussi créer une scénographie de concert, un mapping complet.

TOMMY MOISI – Peu importe

ANIMATION : Edern Van Hille

Salut Edern ! Peux-tu nous raconter les différentes étapes de travail qui ont mené au clip finalisé de Tommy Moisi ?

ça faisait un moment que je voulais réaliser un clip, alors j’ai pris contact avec Tommy dont j’aimais beaucoup la musique. On a discuté de nos inspirations et de ce qui nous parlait, quel son on voulait cliper. Mais globalement, il m’a donné carte blanche pour lui présenter des concepts.  L’idée d’un personnage qui déambule dans un parc rempli de zombies est arrivée assez vite. Elle nous semblait bien appropriée avec le son «peu importe». J’ai ensuite travaillé l’animatique pendant un moment pour trouver le bon rythme.

J’ai contacté Les Astronautes (merci pour la confiance et la bienveillance) pour produire le clip et tenter l’aide du CNC, que nous avons obtenu, et après cela, il ne restait plus qu’à finaliser le clip.  Le compositing réalisé avec Armand Beraud (Salut) a été une étape cruciale pour donner toute sa texture à l’image. Je lui fournissais des fichiers MP4 ou MOV bruts, et à partir de là, il les déconstruisait entièrement pour les reconstruire, ce qui créait des petits défauts, des compressions, des artefacts, de la matière digitale. Merci à Thami Nabil qui m’a aidé à créer le titre animé.

Vous avez travaillé à plusieurs sur l’animation de ce clip avec Florian Caillier et Lola Degove. Peux-tu nous expliquer les rôles de chacun.e ?

Oui bien sûr. J’avais déjà bien avancé l’animation de mon côté, ils sont venu m’aider dans la dernière ligne droite et principalement dans l’animation de tous ces petits zombies. Merci à eux!

Les personnages semblent avoir une importance toute particulière dans ton univers. Qu’est-ce qui te plait en particulier dans la création de personnages ? 

Je voulais que le personnage avec ce visage sombre, les yeux et la bouche noire, soit intrigant presque angoissant et en même temps qu’on puisse s’attacher à lui au fur et à mesure. Finalement, c’est une figure qui revient souvent dans mon travail. Ce qui m’intéresse le plus, comme je disais, c’est d’arriver à une frontière entre plusieurs «émotions». Qu’ils puissent être sérieux, drôles, bizarres, angoissants et mignons à la fois. Cette idée me plaît.  

Quels ont été tes projets en animation les plus marquants ?

Ils sont à venir (lol). Je suis sorti de l’école de la Poudrière il y a maintenant 1 an et demi, où j’ai réalisé quelques films courts. Actuellement, je suis en train de co-écrire et développer un court-métrage. J’espère que ce sera bien. 🙂

Si tu avais un budget et un temps illimité, à quoi ressemblerait ton prochain clip ? 

Je sais pas à quoi il ressemblerait, ça dépend beaucoup de la musique en vrai, mais ce serait plein de copains copines dans un studio en bord de mer, là, les conditions seraient optimales pour faire des trucs hyper cool et gourmands. 

MAMAMA – Dannazione

ANIMATION : Chris Mulligan

Salut Chris ! Tu es très actif dans le milieu de l’animation avec un nombre impressionnant de clips à ton actif. Qu’est-ce que tu apprécies particulièrement dans cet exercice ?

J’imagine que je suis un musicien avant tout. Mes inspirations viennent principalement de la musique. Je veux surtout vraiment servir la musique, l’élever. Je suis obsédé par la musique et je veux que tout le monde ressente ça. Peut-être que si quelqu’un voit un blob violet groover sur une ligne de basse funky, il se rendra compte qu’il aime Prince. Ils verront le monde fantastique qui se cache en dessous ! Les gens passent probablement plus de temps à regarder leur téléphone sans son qu’à écouter de la musique. Peut-être que je peux tromper lorsqu’il remettre le son et découvrira une bonne chanson.

Qu’est-ce que le morceau de MaMaMa t’as évoqué à la première écoute ?

Lorsque la ligne de synthé a démarré, j’ai imaginé une fête avec des personnages étranges en train de danser. C’est le meilleur sentiment qui soit lorsqu’une chanson peut instantanément faire cela. De la joie à l’état pur. Le changement à 2 minutes est un peu plus lourd, je pouvais sentir la respiration profonde, je pouvais sentir l’épuisement, le besoin de s’échapper. Quand la ligne de synthé revient à la fin, c’est tellement triomphant, comme s’il y avait de l’espoir après tout ce bruit.

Quel a été l’impact des paroles sur ton processus créatif ?

Ils m’ont présenté le thème de la lobotomisation au téléphone. Comme je ne parle pas français, je ne connaissais pas les paroles spécifiques de la chanson. Ils ont tracé dans les grandes lignes l’esthétique de la vidéo, puis j’ai suggéré des images spécifiques que je voulais animer. Il y a une certaine liberté à créer sans entendre les paroles et en se contentant de la musique. Les personnages qui dansent sont tous inspirés des danses tik tok. Il n’y a pas de meilleure façon de célébrer notre addiction collective en faisant tous exactement les mêmes danses en même temps, jusqu’à ce qu’il soit temps d’en faire une nouvelle.

On ressent un penchant pour les esthétiques vintage dans ton travail. Quelle période / mouvement t’as le plus marqué et pourquoi ?

 Ayant grandit dans les années 80 aux Etats-Unis, je regardais 5 heures de dessins animés d’affilée à la télé tous les samedi matin. C’est le souvenir le plus cher de mon enfance et ces couleurs sont toujours restées dans mon esprit. J’aimais les Schtroumphs, les Snorky, les Bisounours. Je ne me souviens même plus de quoi ça parlait mais juste à quoi ça ressemblait. Les personnages étaient simples et pourtant super colorés. Les couleurs pastel de Mon Petit Poney étaient folles aussi. Si vous les regardez sur Youtube, assurez vous de bien regarder la version des années 80 car dans les années 90, les couleurs sont devenues beaucoup plus ternes et c’est assez terrible. Je pense que la majorité des dessins animés du samedi matin étaient diffusés dans le but de vendre des jouets. Je ne réalisais pas à cette époque que je regardais en fait 5 heures de pubs.

Peux-tu nous décrire une journée normale lorsque tu travailles sur un clip ?

Quand je me réveille, j’aime prendre un café et aller marcher avec mes écouteurs. Ça me permet de penser à des idées pour la journée. Quand je rentre chez moi, je me penche sur les aspects plus techniques. Il peut m’arriver de filmer quelques mouvements que j’aimerais mettre en rotoscopie avec mon téléphone. J’essaie de terminer toutes les parties monotones de l’animation, puis en milieu de journée, je vais nager. Lorsque je rentre à la maison, j’éteins la partie mathématique de mon cerveau et j’essaie plutôt de jouer. Si ça marche, je continue toute la nuit. Si rien ne fonctionne, je m’arrête, je prépare le dîner avec ma femme et je regarde une mauvaise comédie romantique.

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