Bibliothèque : Notre sélection de livres du 14 mai

Tous les quinze jours, on vous recommande 5 livres choisis avec soin. Voici ceux de cette quinzaine, qui s’est terminée un 14 mai.

Des nouvelles BD que nous avons reçues ou achetées ces quinze derniers jours, nous faisons ici la sélection. Avec un peu de tout, il faut bien l’avouer : du bien recevoir, de l’Amérique fantasmée, de l’écologie de maison, de la mémoire fractionnée et du voyage temporel.

Littoral d’Anthony Huchette

La cassette s’enfonce dans la magnétoscope et nous plongeons dans la mémoire d’un père divorcé, à cheval entre deux relations amoureuses, entre Brooklyn et Roubaix. Le récit, haché dans tous les sens du terme nous balade sur plusieurs années dans la vie de cet animateur qui peine à trouver une stabilité aussi bien sentimentale que géographique.

Anthony Huchette livre avec Littoral une magnifique ôde à la vie, ses surprises, ses virages, ses permanences. Une déclaration d’amour, aussi, aux proches, à ses enfants, aux gens qui vont et qui viennent et qu’on n’oublie jamais. Avec un trait vif, en noir et blanc, l’auteur roubaisien installe une poésie du vécu, fragile et touchante, où l’on pioche à l’envie dans ces cases qui prennent toute la page.

Littoral d’Anthony Huchette, L’Association, 104 pages, 14€

L’Omelette aux myrtilles de Charlotte Lemaire

L’ours Grandiose a reçu une invitation à manger de la part de sa nouvelle voisine, Claudie. Seulement, c’est la première fois qu’il se rend à ce genre de réception. Il se demande bien comment ça va se passer, d’autant que Cerf est aussi invité. Au menu, il y a de l’omelette aux myrtilles mais le problème c’est que des myrtilles, il n’y en a plus. Grandiose, Cerf et Claudie partent en chercher dans un coin secret où les myrtilles sont plus grosses que des ballons de foot.

Charlotte Lemaire installe ici une jolie histoire pour les enfants, où le merveilleux se mêle au banal, où les ours bleu grimpent aux arbres pour faire des omelettes. Cette mignonnerie à l’humour fin voit les grandes illustrations de l’autrice la magnifier. Des couleurs éclatantes, un style qui confine à la naïveté et des coups de pinceaux solides font de ce petit livre un vrai plaisir pour les yeux.

L’omelette aux myrtilles de Charlotte Lemaire, L’Agrume, 48 pages, 16,50€

L’Américain de Loïc Guyon

La vie de Francis est un peu nulle mais ça va. En attendant de pondre le chef d’œuvre de sa vie, il boit des bières avec ses copains et regarde L’Américain, une série 100% action qu’il vénère. Ses amis se moquent de lui et sa copine en a assez de le voir traîner au bar et devant la télé. Mais si L’Américain était plus qu’une simple série ? Et si la fiction venait s’incruster dans la réalité ? Et c’est toute la vie de Francis qui reprend des couleurs.

Loïc Guyon bâtit un joli pont suspendu entre la fiction et la réalité avec un récit haut en couleurs et moins absurde qu’il n’y parait. La narration y est inventive, diverse, alternant les temps de la série, en couleurs vives et au trait élastique, et celui de la vie morose, traitée en noir et blanc façon carnet de croquis. Le rythme est changeant, mouvant et l’on ne s’ennuie pas en regardant Francis s’enfoncer un peu plus dans son monde parallèle. Il y a quelque chose de très juste et même sensible dans ce traitement animé de la banalité du quotidien. Une vraie curiosité.

L’Américain de Loïc Guyon, Sarbacane, 240 pages, 26€

UOS, de Benjamin Adam

Manifestement, ça ne s’est pas bien passé pour l’humanité. D’ailleurs, il en reste très peu. Seul un homme, ancien employé d’une centrale énergétique, apparait ici, confronté à son passé qu’il ne cesse de revivre, sans cesse attiré par cette usine qui fut l’histoire de sa vie. Alors, cet homme se souvient, tente d’accrocher quelques bribes du passé et rituellement inscrit aux murs les éléments du monde ancien. L’espoir se vit au passé.

On n’avait pas quitté Benjamin Adam depuis bien longtemps puisque Soon, réalisé avec Thomas Cadène, était parue à la fin de l’année 2019. UOS se place dans le même sillage avec son monde post-apocalyptique et son effondrement accompli. Ici, c’est la contemplation de ce monde qui fait récit, l’observation des traces d’un passé révolu. L’objet immense permet au lecteur de se plonger la tête dans ces paysages en désolation et par là-même, prendre la claque graphique fignolée par Benjamin Adam et les éditeurs de chez 2024

UOS de Benjamin Adam, Éditions 2024, 40 pages, 26,50€

Changer d’air, de Jeanne Macaigne

Il était une maison qui adorait ses habitants et leur joie de vivre. Tout le monde riait et chantait l’amour de vivre. Malheureusement, les nuages s’amoncellent peu à peu. Les résidents deviennent irritables, égoïste et sourd au malheur des autres. Pour remuer tout ça, la maison prend une grande décision : changer d’air.

Et oui, c’est encore un livre pour enfant mais que voulez-vous : en passant devant le rayon où trône Changer d’air, comment ne pas tomber fou amoureux du dessin de couvertures de Jeanne Macaigne. Et celui-ci ne ment pas. Une fois passée la première page, on se prend à rêver : les couleurs douces s’accordent harmonieusement, les décors se marient aux paysages et toute cette histoire ressemble à un délicieux tableau psychédélique où foisonnent les trouvailles et les clins d’œil. On n’oublie pas non plus l’histoire originale à la morale jolie : il faut prendre soin des autres et du monde qui nous entoure.

Changez d’air de Jeanne Macaigne, Les Fourmis Rouges, 82 pages, 18€

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