Hassan K nous embarque dans une cavalcade rocambolesque perse avec le morceau « Gardgiri », issu de son album Isteghna à paraitre le 30 avril chez October Tone, Cheap Satanism Records & Extra Normal Records. D’une pierre deux coups : il est accompagné d’un clip animé au pouvoir magnétique réalisé par Clotilde Auboeuf & Adrien Tison. On vous le dévoile fièrement ici avec un petit mot de l’artiste et des réalisateurs.
Développé autour du concept de la chevalerie spirituelle iranienne appelé « Gardgiri », le nouveau morceau d’Hassan K est – comme tous les précédents – bouillonnant de références et de sonorités d’ailleurs. Morceau construit autour d’une guitare électrique microtonale et d’un enchevêtrement de rythmes psychédéliques, « Gardgiri » est déjà un voyage loufoque et totalement passionnant en soi. Fidèle à son exigence artistique, l’artiste ne s’est pourtant pas arrêté en si bon chemin : afin de rendre l’expérience cinématographique encore plus complète, Hassan K a sollicité deux de ses anciens étudiants à l’École Supérieure d’Art de Cambrai en leur proposant de créer un clip animé. Une mission que Clotilde et Adrien ont pris à bras le corps utilisant leur imaginaire débordant pour créer une vidéo folle mêlant l’esprit cartoon avec des créatures aussi perchées qu’incarnées et des éléments visuels indissociables du folklore moyen oriental. On ressort de ce périple abracadabrant requinqués comme jamais et prêts à gentiment vendre notre âme à Isteghna le mois prochain.
Le mot d’Hassan K
En pleine période de composition, lorsque j’oscillais entre un morceau d’extrême black métal tout bizarre et un morceau electro perse traditionaliste, je me suis amusé à regarder le contenu des chaînes de TV iraniennes. Énormément de novelas moyen-orientales y sont diffusées, mais on tombe parfois sur de bonnes surprises : un film d’action, une romance burlesque, une animation épique sauce Bollywood. Outre la qualité des images, ce qui m’a frappé c’est l’extrême richesse des compositions musicales : il y a très souvent un jeu cohérent (voir littéral) avec l’action du film, un instrumentarium sans frontière, des ruptures et des timbres incroyables. Cette expérience télévisuelle m’a inspiré le morceau Gardiri. Je voulais créer une composition grandiloquente, un swing surf à la guitare dissonante accompagné de cuivres et de basses bien rondes. Le résultat est très cinématographique, voir « cartoonesque » : il fallait que je le mette en image.
Parallèlement à mon travail musical, je suis aussi enseignant en pratiques numériques à l’École Supérieure d’Art de Cambrai. J’adore mon boulot et la relation que j’entretiens avec mes étudiants. Je mets beaucoup d’espoirs dans leurs projets et je suis très attentif à leurs propositions artistiques. Clotilde et Adrien, les réalisateurs du clip, sont deux anciens étudiants brillants avec qui j’aime échanger. Ils sont complémentaires : la moitié travaille sur de l’illustration brute, du character design, l’autre sur des techniques d’animation 2D/3D (open source, libre… j’insiste!). Cela faisait un moment que l’on parlait d’une collaboration. La sortie de ce nouvel album était l’occasion de les mettre à l’épreuve.
Tout en conservant une méthode d’initiation spirituelle comme moyen de réflexion (dans la Perse mystique, l’imagination est une étape primordiale de l’élévation spirituelle), je leur ai donné une carte blanche à développer à partir d’un thème, d’un mot, d’un concept propre à la culture iranienne. Et le délire qu’ils ont réussi à pondre est tout juste incroyable. Je ne m’en remets toujours pas. À partir d’une scène de rituel fantasque, ils ont réussi à digérer la culture internet, l’animation traditionnelle, les rendus 3D expérimentaux, le folklore arabo-musulman, les pratiques occultes, le rock psyché des années 60 … pour créer une pièce totalement surréaliste. Un vrai PIXAR Do It Yourself.
Le mot des réalisateurs Clotilde Auboeuf & Adrien Tison
Quand nous ne travaillons pas sur nos projets respectifs – 3D pour Adrien, illustration et graphisme de mon côté (Clotilde) – nous apprécions toujours quand on nous propose un feat de qualité ! Alors quand Hassan K nous a proposé, autour d’un verre (c’était il y a super longtemps) de créer un clip avec les mots « carte blanche » pour seule consigne, on a vu l’opportunité de s’éclater à l’infini. Le morceau « Gardgiri » qu’il nous a confié, nous a tout de suite plu. Vu que le son est déjà un concentré d’action, on est tout de suite partis sur l’idée d’une fable qui part en cacahuète avec plein de personnages qui dansent. On voulait vraiment que ça soit synchro un maximum avec cette musique épique, dans but de créer notre Fantasia 2021. Je me suis occupée des recherches visuelles, du design des personnages et de leur environnement, Adrien s’est ensuite chargé de leur modélisation et du rendu sur blender. À mesure qu’on progresse dans cette chorégraphie, on découvre une faune inspirée par des éléments iconographiques du folklore perse, le tout arrosé de magie cartoonesque et autres curiosités ésotériques qui nous ont passionnés. Comme c’était une carte blanche totale, on a voulu garder la surprise et lui envoyer le clip pratiquement terminé. On est super contents du résultat et on est satisfaits d’avoir pu autant s’éclater pour notre tout premier clip et projet en commun. On espère que ça sera le premier d’une longue série !