Animation : Spécial AFCA 2/2

Tous les mois, de façon plus ou moins irrégulière, un peu d’animation.

Seconde partie de la carte blanche donnée à l’AFCA : l’Association française du cinéma d’animation. Toujours dans le thème du « voyage », les films de cette sélection d’aujourd’hui explorent la notion dans tous les sens du terme. Bon voyage…


❥ PORTRAITS DE VOYAGE – CÔTE D’IVOIRE – LE WAX
Bastien Dubois
3’ / 2013 / Animation 2D et 3D + peinture / Carnet animé / France
Sacrebleu Production / Arte

Topo : Une vendeuse de wax nous présente les différents modèles de tissus, leurs noms imagés et leurs significations sociales.

« Portraits de voyage » est une série de 20 courts-métrages de 3’ réalisés par Bastien Dubois, dont le talent et la sensibilité artistique ont maintes fois étaient vantés dans nos pages. Morceau de son tour du monde tissé d’histoires et de témoignages originaux, mixant l’esthétique de carnet de voyage, la motion capture et la 3D, l’épisode du jour se déroule en Côté d’Ivoire au côté d’une vendeuse de wax.
Bastien Dubois est né en 1983 à Lille, ce qui explique son tempérament extrêmement sympathique. Il fait sa formation à la renommée Supinfocom de Valenciennes et réalise AH, un court-métrage de fin d’études mettant en scène une petite fille devant sa soupe à l’alphabet, qui plonge dans un univers surréaliste de lettres étranges. À la sortie de l’école, il accumule les expériences dans l’infographie et l’animation de jeux vidéo.
Passionné de voyage, et après avoir fait du stop du nord de la France à Istanbul, il imagine la création d’un carnet de voyage animé. De cette idée naîtra son premier film indépendant, Madagascar, qu’il réalise au terme d’une année passée dans la grande île rouge, court-métrage qui reçut un succès colossal en étant projeté dans plus de 200 festivals internationaux et, cerise sur le gâteau, en rentrant dans le club très fermés des nominés aux Oscars en 2011. En 2012, il réalise Cargo Cult, qui se déroule en Papouasie-Nouvelle-Guinée durant la Seconde Guerre mondiale, avant d’attaquer cette fameuse série de « Portraits », inspirés de Madagascar.
Ah tiens, Bastien Dubois est d’ailleurs cette année le lauréat du Prix Émile-Reynaud, remis par les adhérents de l’AFCA le 10 novembre dernier, pour son film Souvenir, Souvenir.


❥ LA PEUR DE VOLER
Conor Finnegan
9’ / 2012 / Animation 3D et stop motion / Piou Piou / Irlande
Lovely Productions

Topo : Dougal est un petit oiseau qui a peur de voler. La nuit, ses rêves sont hantés par ce cauchemar récurrent de chute ; et la journée, il préfère marcher pour se déplacer plutôt que d’affronter sa peur. À l’arrivée de l’hiver, Dougal doit rejoindre le Sud, mais comment ?

Conor Finnegan est un réalisateur et animateur irlandais basé à Dublin. Il se forme à l’animation à l’école IADT de Dublin (Institute Of Art Design + Technology) dont il sort diplômé en 2010. Son film de fin d’études, Fluffy Mc Cloud est sélectionné dans de nombreux festivals. Il écrit et réalise des courts-métrages d’animation, des clips – notamment pour les groupes irlandais Candice Gordon et Jape – et des vidéos publicitaires. Le film d’animation du jour, La Peur de voler, réalisé entièrement en stop motion, remporte le prix de la Meilleure animation au Galway Film Fleadh en 2012, est sélectionné et primé partout dans le monde. Repéré par le studio dublinois Jam Media, il crée, toujours en stop motion et inspiré des mêmes personnages, la série animée pour enfants Becca’s Bunch lancée en 2018.
Sur le plan visuel et technique, La Peur de voler est un mélange de prise de vue et d’infographie. Toutes les marionnettes sont fabriquées et cousues à la main autour d’un noyau en mousse pour le corps, qui est ensuite recouvert d’une laine feutrée. C’est aussi le cas des décors, fignolés longuement avec la patience d’un maquettiste et pas mal de papercraft pour les brins d’herbe, les fleurs, les feuilles et les buissons, qui donne à l’ensemble ce style tactile et graphique très simple et très doux, comme un agneau.


❥ AREA 52 : JOURNEY TO THE CENTER OF THE EARTH
John Morena
1’ / 2018 / Animation 2D / Pixel Art / États-Unis
JM Films

Topo : Un voyage épique et géométrique d’une minute jusqu’au entrailles de la Terre.

John Morena est né dans le Bronx et vit à Brooklyn, ce qui fait de lui un authentique réalisateur new-yorkais. Ces films ont été diffusés dans le monde entier et sélectionné dans les grands festivals comme Annecy, Ottawa, Anima Mundi et Zagreb.
En 2017, il se lance dans un projet d’animation expérimentale : AREA 52. Le principe, très simple sur le papier, est de réaliser chaque semaine un court-métrage, pendant toute une année. D’où le « 52 » contenu dans le nom, ainsi que la référence extra-terrestre pour décrire la nature extra-ordinaire d’un tel challenge. Et ça a cartonné, au-delà de toutes ses espérances : « Ce qui avait commencé comme un petit défi sur Instagram s’est transformé pour moi en une avalanche de bénédictions ! Le petit monde de l’animation international a tout de suite accroché et l’accueil a été stupéfiant : plus de 90 sélections en festivals, des articles dans les magazines de cinéma et d’animation, des projections dans le monde entier. Mais la plus grande récompense que j’aie retirée de ce projet a été de voir que la discipline, la contrainte et l’engagement que je m’étais fixés pour le mener à bout avaient été contagieux. J’ai reçu une tonne de messages, d’amis comme de parfaits inconnus, qui m’ont soutenu en cours de route et m’ont dit que cette démarche les avait beaucoup aidés à atteindre leurs propres objectifs. » Au passage, 25 des 52 films d’AREA 52 sont actuellement en distribution internationale avec nos amis de chez Autour de Minuit.


DEEP SPACE
[ADULTES]
Bruno Tondeur
7’ / 2014 / Animation 2D / Space Oddity / Belgique
ENSAV La Cambre

Topo : Brandon se voit confier sa première mission intergalactique : trouver une nouvelle espèce intelligente. Pendant de longs mois, il va vivre une expérience étrange sur une planète aux mœurs étonnantes. Notre spationaute va devoir lutter mentalement et physiquement de tout son être.

Bruno Tondeur est un réalisateur et animateur belge. Après des études en illustration à Saint-Luc, il intègre un Master en animation à La Cambre, la prestigieuse école de Bruxelles. Il y réalise son premier court-métrage en 2013, Maintenant il faut grandir, puis l’année suivante Deep Space, qui le propulse dans la galaxie des réalisateurs reconnus et adulés par la foule des mortels. Si si. Le film est sélectionné à Clermont-Ferrand, où il reçoit le Prix de la Meilleure animation francophone, et au festival Anima, le Prix Cynergie et le Prix des auteurs SACD ; puis il part faire le tour du monde avec ses stylos BiC.
Deep Space, c’est plusieurs histoires dans l’histoire. Ou plutôt, différents niveaux de compréhension et des thèmes imbriqués. La quête et le sacrifice, l’oubli de soi et le manque des autres, l’achèvement et le vide, l’infini et les tentacules.
Peu de temps après, Bruno Tondeur fonde avec quatre potes réalisateurs et réalisatrices de La Cambre le studio Tabass Co. : Hyppolite Cupillard, Gwendoline Gamboa, Ornella Macchia et Margot Reumont, ensemble très motivés par l’envie de mettre en commun leurs savoir-faire, leurs techniques, leurs styles différents et complémentaires, tout ça au service de l’art animé, avec tout de même « un supplément de sauce piquante ». Ils fabriquent essentiellement des films en 2D et stop motion : clips, documentaires animés, courts et longs-métrages, publicités, projets culturels, illustrations et montages.
Son dernier film réalisé en 2018 et qu’on a eu le plaisir de découvrir l’année suivante au MECAL, Sous le cartilage des côtes, raconte l’histoire d’un mec qui va mourir, ou pas, et reçoit notamment le Grand Prix de la Fédération Wallonie-Bruxelles au festival Anima.


❥ LA NUIT JE DANSE AVEC LA MORT
[ADULTES]

Vincent Gibaud
6’ / 2017 / Animation 2D / La drogue c’est mal / France
Réalisé dans le cadre de la suparésidence à SUPAMONKS Studio

Topo : L’expérience psychédélique, violente et libératrice d’un jeune homme qui prend de la drogue lors d’une fête.

Vincent Gibaud voulait être musicien. Mais comme il a été admis dans une école d’art disposant d’un département Animation, il s’est dit pourquoi pas. Le hasard fait parfois bien les choses. En 2014, il sort diplômé de L’Institut Supérieur des Arts Appliqués de Paris (LISAA), avec de solides bases en matière d’animation et de jeux video. Son film de fin d’étude, Le Son des flammes, est sélectionné dans de nombreux festivals mondiaux et remporte un prix au Pérou. En 2017, il réalise La Nuit je danse avec la mort, petite pépite à plus de 70 sélections internationales et de nombreux prix. Et depuis, bah… il continue à faire des films.
Quand on regarde La Nuit je danse avec la mort, on pense tout de suite à Mind Game de Masaaki Yuasa. Et ça doit peut-être le soûler qu’on lui dise ça tout le temps d’ailleurs, mais quand même c’est un peu vrai. De son côté, Vincent Gibaud préfère invoquer d’autres maîtres : « Mon univers graphique oscille entre de l’animation à la japonaise (principalement celle du Studio 4°C), le dessin torturé d’Egon Schiele et la sensualité des œuvres de Klimt. L’animation japonaise amenant une certaine modernité et un dynamisme en accord avec le propos tandis que Schiele et Klimt sont des références très intéressantes sur le rapport au corps, à la fois torturé et sublimé. Cette rupture visuelle entre ces deux styles graphiques amènera par ailleurs un contraste fort à la fois troublant et peu attendu. Ce rapport au corps est présent dans tout le film. » Corps qui dansent, corps qui éclatent, corps qui vibrent… On aimerait bien savoir où on peut se procurer le même petit triangle vert.


A PROPOS DE L’AFCA

Soutenue par le Centre national de la cinématographie et de l’image animée (CNC), l’Association française du cinéma d’animation (AFCA) assure depuis 1971 la promotion du cinéma d’animation d’auteur sous tous ses formats, anime un réseau de professionnels et accompagne les jeunes créateurs.
ESoutenue par le Centre national de la cinématographie et de l’image animée (CNC), l’Association française du cinéma d’animation (AFCA) assure depuis 1971 la promotion du cinéma d’animation d’auteur sous tous ses formats, anime un réseau de professionnels et accompagne les jeunes créateurs.
Elle coordonne la Fête du cinéma d’animation, qui se déroule chaque année en octobre avec plus de 800 événements organisés dans toute la France par 300 structures. Et développe désormais un dispositif d’accompagnement d’œuvres labellisées à travers un ensemble d’actions de diffusion à l’année à partir de la programmation de la Fête du cinéma d’animation.
Elle organise le Festival national du film d’animation tous les ans en avril : vitrine compétitive de la production française et rencontres avec les équipes des films, secrets de fabrication, work in progress, pitchs de projets…
Elle porte le prix Emile-Reynaud, remis par les adhérents de l’AFCA à un court-métrage professionnel français tous les ans le 28 octobre. La précédente lauréate n’est autre que Marion Lacourt, à qui nous avons dédié notre précédent rendez-vous animé.
L’AFCA dispose également d’importantes ressources en ligne, d’un centre de documentation, d’une videothèque de plus de 9000 films et d’un Observatoire de la création et de la production contemporaine. Elle accompagne, enfin, les professionnels adhérents dans leurs recherches et leurs démarches à chaque étape de création.

Affiche réalisée par Marion Lacourt

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