Dr(Dr)one – Lyrebird

Le 20.06 sortait l’album Lyrebird du groupe/collectif Dr(Dr)one, officiant dans les couloirs mal-famés de l’improvisation musicale. Ce disque a, depuis, la fâcheuse manie de se retrouver joué en permanence dans ce bon vieux lecteur mp3 tout à fait sans âme (le vinyle n’existera qu’à la rentrée, on aurait adoré être puristes). Nos ordinateurs étant de plutôt bonne facture et n’étant pas nous même tombés dans une boucle temporelle, il faut bien qu’il y a une raison à cela. C’est simple : ce disque est insondable.

Fondé en 2008, Dr(Dr)one est un collectif de 8 personnes qui ont tous tout un tas d’occupations annexes (on retrouve des membres de Limousine, FareWell Poetry, Arcan, les saxophoniste Guillaume Perret et Thomas de Pourquery, etc.). Mais leur emploi du temps chargé ne les empêche surement pas de se retrouver régulèrement autour d’une table pour discuter relique et coupe de charpentier et griffonner sans relache leur carte au trésor. Car Dr(Dr)one est une équipe de chercheurs, d’aventuriers, d’explorateurs dans les techniques pour foutre l’esprit en boule.

 

 

Comme nous le dit si hardiement le communiqué de presse : oui, c’est vrai, à l’écoute de Lyrebird, nous pensons très fort au métal spéléologique de Earth. Mais là où les Earth poursuivent depuis 25 ans, à travers leurs catacombes mentales, le Croc-mitaine qui les a piqué étant petits, Dr(Dr)one ne fait pas de la musique comme on va voir son psy. Ce n’est pas les tréfonds de leurs âmes que les musiciens viennent farfouiller, mais bien plutôt l’ailleurs, ce qu’ils n’ont pas, ce qu’ils essaient sans relâche de capter. C’est pourquoi ils ne creusent pas de manière hypnotique la même tourbe et ne s’arrachent pas les ongles sur un seul et unique Klondike. Ils vont chercher la puissance sonore dans chacun des styles les plus fascinants des ces 50 dernières années pour former, quand c’est possible, le megazord des musiques transcendantales.

 

 

Le drone-doom, fils autiste du doom metal « popularisé » par Earth et Sunn O))), est donc roi de la fête, mais la couronne vacille à de nombreuses reprises au cours des 40 petites minutes de Lyrebird. On y croise ainsi les figures de la musique répétitive (« So Blond So Young »), des relents de rock progressif (« Lyrebird »), des poussées orientales (le saxophone de « Lipstock smile in disguise »), du synthétique enroué (« Lyrebird »), du langage cinématographique (« Lyrebird » encore, mais il faut bien les passer les 21 minutes) et tout le cortège des free quelque chose qui donne un allant libertaire à l’ensemble du disque.

En ressort un disque en forme de Mont Analogue, une recherche méthodique et non moins dangereuse du supérieur et de l’ineffable. Ça tombe bien, la musique est précisément faite pour là où les mots sont fuyants.

Visuel : © Jérémy Piningre

Dr(Dr)one – Lyrebird, sorti le 20.06 chez Gonzaï Records. On peut l’acheter ici.

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