[Album première] Phoenician Drive – s/t

Bien entourés par EXAG’ Records et S.K. Records, les Belges de Phoenician Drive sortent leur premier album le 12.10. Un album puissant qui révèle un savoir-faire rare (alors que très revendiqué) ces temps-ci : mixer les musiques orientales et européenne dans une grande euphorie instrumentale. Un album que nous avons la chance de vous faire découvrir ci-dessous.

L’honneur est grand de vous soumettre le nouvel album de Phoenician Drive. Ces Bruxellois sont les enfants d’une longue lignée d’entremetteurs, de marieurs qui rapprochent de la main droite l’industrieuse Europe occidentale et de la main gauche l’onirique bassin méditerranéen. Ils ne sont pas les premiers mais, bons élèves, ils savent parfaitement les leçons. Et puis, après l’étude, vient la récréation où les 6 membres du groupe n’ont pas oublié de briller. Ils nous offrent, après un EP et une démo, un album éponyme qui mêle acquis et inspiration dans un superbe feu de joie krautoriental.

Kiblind : D’où vient l’idée de ce groupe, de faire de la musique transcontinentale ?

Phoenician Drive : L´idée de former ce groupe vient de Diego, le percussionniste, qui avait déjà en tête le concept de cette rencontre entre deux mondes musicaux radicalement opposés: les musiques populaires contemporaines « occidentales » et différentes traditions musicales « folkloriques » que l´on trouve tout le long de la méditerranée. Pour cela il a réuni les 5 autres musiciens qui forment le groupe, qui viennent tous d´univers musicaux très variés: musique balkan, rock psychédélique, post-punk, grunge, free jazz, flamenco… Ce mélange entre l´intention première de Diego et les différents backgrounds musicaux de chacun est ce qui est en train de créer petit à petit Phoenician Drive.

Kiblind : Comment, en habitant Bruxelles, se fait la rencontre avec toutes ces musiques, ces instruments traditionnels venus d’ailleurs ? Ne serait-ce que pour apprendre à en jouer ?

Pheonician Drive : Bruxelles est une ville cosmopolite et très riche culturellement, il y a une quantité énorme de concerts par rapport à la taille de la ville, dans tous les genres possibles et imaginables. On peut aussi bien suivre la scène hardcore au Magasin 4, ou expérimentale aux Ateliers Claus qu’aller voir chaque semaine des concerts de musique traditionnelle grecque, indienne ou arabe à Art Base dans le centre, et hors des circuits officiels des salles de concerts, il y a plein de petits concerts privés dans des apparts. Donc si on est un peu curieux on peut trouver chez nous toutes ces musiques qui nous inspirent beaucoup. Pour la pratique d’instruments inhabituels comme le ud, le setar, la derbuka et autres instrus trad il y a beaucoup d’ateliers donnés à Bruxelles chaque année, la plupart ont évidemment voyagé et été voir sur place les musiciens trad, aussi pour sentir et comprendre comment elle est jouée, dans quel contexte. Bruxelles est aussi une ville ‘communautariste’, dans le sens où elle abrite plein de diasporas venant de partout dans le monde, dont certaines ont une forte identité musicale, par exemple Schaerbeek est principalement turc, Matongé est africain, Molenbeek maghrébin, et les vagues de migration récentes ont aussi amené de nombreux Syriens qui comptent beaucoup de musiciens, nous en connaissons plusieurs avec qui ont a des super échanges en musique, des percussionnistes, et chanteurs notamment. Et pour le reste de l’apprentissage, youtube est ton ami!

Kiblind : Vous n’oubliez pas non plus l’Europe du nord dans laquelle vous habitez, en vous revendiquant du krautrock. Comment s’est fait ce mariage peu évident ?

Phoenician Drive : Diego s’est inspiré des métissages des années 70 quand la vague hippie occidentale a touché la Turquie, la Grèce, le Liban et autres pays méditerranéens, ça a donné des artistes comme Erkin Koray en Turquie ou la Bendaly Family à Beyrouth qui ont joué des airs traditionnels avec des guitares électriques, en y ajoutant des refrains country, du chant en anglais ou des solos à la Jimi Hendrix mais dans leurs propres gammes. Donc cette idée de marier l’est et l’ouest en musique n’est pas nouvelle, mais vu que le krautrock vit un renouveau depuis une dizaine d’années en Europe et aux États-Unis, ça nous a poussés à réécouter les classiques du genre (CAN, Neu, Faust, Amon Duul, Faust, Popol Vuh, Embryo, Tangerine Dream etc), ainsi que la scène qui l’a remis au goût du jour, dans sa tranche plutôt rock (Electrelane, The Oscillation, King Gizzard) ou électro/transe/psyché (Follakzoid, Cosmic Dead, Radar Men From the Moon). Partant de ce contexte et de son amour de la musique trad Diego a eu cette intention et nous a réuni autour de ça. Le passage d’est en ouest se note particulièrement sur une de nos premières compos, ‘Two Coins’ qui commence avec un groove turc en 9 temps pour glisser vers un plan kraut où on fait monter l’énergie petit à petit. Il y a dans la musique trad une dimension de transe et de communication entre les musiciens qu’on retrouve finalement dans le kraut, le trad s’appuie sur le folklore très ancien et le kraut sur une réduction de la musique à un rythme simple qui renvoie à ce qu’on fait depuis la nuit des temps: taper sur des peaux tendues avec les mains. Mais finalement notre premier album n’est pas tellement teinté par le kraut, il y a beaucoup d’autres choses, il y a plus de chansons, moins de longs morceaux trippants. Comme souvent on commence avec une idée et on atterrit ailleurs.

 

Kiblind : Vous êtes bien tombés avec S.K Records qui aime bien fusionner les genres à l’instar de Sathönay par exemple. Comme s’est passé la relation avec le label ?

Phoenician Drive : Oui c’est un grand honneur pour nous de rejoindre ce label, on ne le connaissait pas tous à la base mais Matthieu notre bassiste qui a habité à Lyon a suivi le label depuis le début et nous a bourré le crâne avec Direction Survet (entre autres) en tournée dans le van, c’est d’ailleurs eux qu’on a choisi d’inviter pour notre concert de release le 11 octobre à Bruxelles. A la base c’est Greg de notre label Bruxellois EXAG qui a fait le premier contact avec eux, c’est donc tout nouveau pour nous, mais on est impatient de les connaître davantage.

 

Kiblind : Comment s’est construit cet album ? –

Phoenician Drive : Certains morceaux ont plus de 2 ans et on été bien rodés sur scène, d’autres sont plus récents, mais la plupart commencent sur des idées construites à 2 ou 3 au sein du groupe et puis sont amenées en salle de répète pour être arrangées ensemble, on enregistre nos répètes et on modifie progressivement. C’est à l’ancienne, on utilise pas trop d’ordi pour monter du son, à l’exception d’un ou deux parmi nous qui montent des démos, par exemple le morceau ‘Kraken doesn’t crack a crocodile’ est à la base une démo de Gaspard à laquelle on a rajouté tout une partie un peu kraut festive et un final totalement grunge. Pour l’instant on jam assez peu, mais c’est en train de changer.

Kiblind : On retrouve le morceau « Bicky Beach » qui était déjà présent sur votre première Démos sortie il y a plus de deux ans et demi. Est-ce que l’album et l’aboutissement d’un cycle ?

Phoenician Drive : Effectivement, on peut dire que l´album est l´aboutissement des trois premières années d´existence de Phoenician Drive, une première période de rencontre, de connaissance entre nous, de premiers pas dans tout ce que nous aimerions faire dans un futur. Sur l´album nous retrouvons Bicky Beach qui malgré avoir été enregistrer sur la demo, n´est pas un de nos premiers morceaux. Nous retrouvons aussi Slowfish, qui est le premier morceau qu’on a écrit, né de nos premières sessions ensemble où nous etions tous un peu dubitatifs sur ce que nous faisions, mais qui s´est beaucoup developpé avec le temps.

Kiblind : Comment voyez-vous l’avenir ?

Phoenician Drive : Justement, plus de jams, plus de synthés, et peut être moins de riffs?

 

 

EXAG’ Records // S.K Records

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