Les quatre Lyonnais de Direction Survet ne se rassemblent pas pour rien. Appelés ci ou là pour d’autres aventures, ils prennent le temps, de temps en temps, d’enregistrer un album. Grand bien nous fasse, car le deuxième du nom est un petit bijou de musiques picturales. ABC Nippon (S.K Records) nous en a tellement fait voir qu’on a souhaité connaître les tenants et les aboutissants de l’histoire. Alors, on a posé deux-trois questions aux intéressés.
La musique de Direction Survet est-elle une ode aux dimanches ? De ces journées sans repère, où le corps, bien installé dans son Panzeri, laisse l’âme voguer où bon lui semble. Car il faut dire que Direction Survet est un joli fabriquant de transports, capable de vous mener sur mille routes différentes sans que l’habitacle n’en souffre une seconde. Oui, nous parlons là de prouesse, car rares sont ceux qui peuvent vous mener de la library music au surf rock en passant par le space rock sans que secousse ne se fasse sentir. Dans leur dernier et deuxième album (après Kairos 84 en 2011), ABC Nippon, toujours chez S.K Records, le voyage se fait une nouvelle fois sans heurts et laisse paisiblement l’esprit monter au plus haut des cieux, dans ces endroits à la limite du rêve que seule la musique de qualité est capable d’atteindre. Il y a du Genesis, du Jean-Luc Ponty voire même du Kitaro dans ce groupe là. Tout ce qu’il faut pour nous plaire.
Cette myriade de sonorités et de références accouplée à un talent indéniable des quatre accolytes nous a poussé au cul pour leur faire quelques demandes auquel ceux-là ont répondu plus ou moins.
Kiblind : Pourquoi s’être remis aux affaires 4 ans après Kairos84 ?
Direction Survet : On a un fonctionnement de création très collectif, où l’on retourne les morceaux dans tout les sens avant d’en être satisfait, ce qui prend beaucoup de temps …Donc on suit le rythme de création du groupe, l’évolution de la musique…
Kiblind : Comment a été pensé ABC Nippon ?
Direction Survet : Cet album a été pensé plus comme un assemblage de morceaux qui nous semblaient prêts à être enregistrés. On a essayé ensuite de trouver les bons enchaînements de manière à pouvoir vivre une sorte d’aventure à l’écoute entière du disque. Comme une succession de paysages et d’émotions, qui fabriqueraient un monde…On voulait aussi trouver un autre son, plus brut et plus live que Kairos 84. D’où l’idée de travailler avec le multipiste à bande de Antoine Nouel. Ce procédé est intéressant car il impose une manière d’enregistrer, en limitant le nombre de pistes (16) et par conséquent permet peu de « Rerecording ». La bande n’est pas infini non plus donc cela demande d’effacer des prises constamment, obligeant à faire des choix. Donc un résultat plus « live » , avec un son particulier propre aux bandes…On l’a enregistré en deux fois, de manière à pouvoir revenir sur des morceaux qui nous semblaient pas encore aboutis.P our la pochette, on a continué avec Florent Le Men pour les dessins et Tristan pour le graphisme, les mêmes personnes que pour Kairos 84. L’idée de la fresque nous va bien peut être car elle fait écho à notre manière de travailler, un monde composé d’une multitude de fragments distincts, de détails, de couleurs, de mini mondes…
Kiblind : Si on ose à peine vous classer dans la musique progressive, on frémit à vous donner un autre qualificatif. D’où vient cette envie de mélanger absolument les genres ?
Direction Survet : Oui le terme « rock progressif » ne nous convient pas tant que ça…même si il y a beaucoup d’éléments dans notre musique qui peuvent y être liés. Disons que ce mélange de genres vient d’une part de nos diverses influences, mais aussi grâce à notre fonctionnement de création collective. Quand quelqu’un amène une compo, elle est complètement « broyée » par chacune de nos individualités, et nourrit de nous tous à chaque fois, ce qui donne toujours un résultat assez surprenant et riche.
Kiblind : Vous semblez avoir une sorte de fascination pour les instruments. Vos synthétiseurs, la guitare double-manche, tout ça sort du lot. Pourquoi utiliser ces instruments là ?
Direction Survet : Je penses que c’est l’envie de rechercher des timbres particuliers, des mondes nouveaux…Pour la guitare double manche par contre c’est clairement pour se taper des meufs après les concerts.
Kiblind : À quoi doit-on s’attendre pour la suite de vos aventures ?
Direction Survet : Tout d’abord on a envie de jouer notre répertoire en live. Ensuite on aimerait peaufiner le moment du concert en pensant aussi à son aspect visuel. On va essayer d’incorporer des êtres inorganiques ; ainsi que des géants champions de ping pong, dont leurs cerveaux serait analysés en direct avec des capteurs, le tout retranscrit en ondes sonores.