Animation : Ciné Court Animé de Roanne 1/2

Pourquoi diable de l’animation ? Pour plein de raisons en fait : 1.parce qu’on adore l’animation 2. parce que l’animation c’est un peu comme de l’illustration, mais en mouvement  3. parce qu’il y a tellement de pépites inconnues qu’on ne peut décemment pas garder ça pour nous.

Cette semaine et la suivante nous donnons Carte Blanche à Loïc Portier, le directeur du Festival international de courts-métrages d’animation de Roanne, qui a la gentillesse de nous inviter chaque année dans son club des partenaires pour passer une bonne soirée entre amis. Chaque année, sauf celle-ci, puisque le Festival fait malheureusement partie de la longue liste des événements pour lesquels 2020 sera une année blanche, ou noire dans le pire des cas. Gémissons, mais rendons-lui quand même grâce ; et consolons-nous en lui laissant la parole pour présenter son festival et sa sélection, partitionnée en 2 programmes de 5 films.


Le festival Ciné court animé de Roanne propose depuis plus de 10 ans de découvrir la créativité du 7ème art animé. Durant toutes ces années, plus de 2 000 oeuvres ont été présentées en compétition ou parmi de nombreux programmes thématiques ou autres rétrospectives, afin de mettre en avant toute la richesse de ce cinéma aux multiples facettes. Nous vous proposons un petit tour d’horizon à travers une sélection de 10 films passés par le festival.

 

Commençons par un chef d’œuvre réalisé par Jérémy Clapin, dont le premier long métrage J’ai perdu mon corps a récemment reçu deux César : meilleur film d’animation et meilleure musique.

 SKHIZEIN
Jérémy Clapin
13’30 / 2008 / Animation 2D et 3D / À côté de ses pompes / France
Dark Prince

Topo : Que se passerait-il si une météorite de 150 tonnes vous tombait dessus ? C’est malheureusement ce qui vient d’arriver à Henri. Pourtant, il est toujours là, enfin… à 91 cm de lui-même.

Jérémy Clapin a fait des études aux Arts Déco (ENSAD), section animation. Durant ces années d’apprentissage, il commence à travailler sur son premier court-métrage, Une histoire vertébrale, qui relate la rencontre entre un homme et une femme ayant chacun une malformation inverse du cou. En 2005 le film est nominé au Festival d’Annecy, puis récompensé à Dresde en remportant le prix principal d’animation, avant de recevoir le prix spécial du jury à Hiroshima. Trois ans après il réalise, Skhizein, le film du jour, où il traite du sujet de la schizophrénie à travers un homme percuté par une météorite et qui vit désormais à 91 centimètres à côté de lui-même. Ce second film sera nominé pour les Césars et recevra le prix du meilleur court-métrage animé au festival international de Chicago. En 2012, il raconte l’amitié d’un canard déformé et d’un jeune garçon, qui se rencontrent durant une partie de chasse : Palmipedarium est nominé à Annecy et applaudi au festival Etiuda & Anima de Cracovie. Mais la grande consécration arriva l’année dernière, lorsqu’il sortit son premier long métrage d’animation : J’ai perdu mon corps. Le film remporta une brochette de prix internationaux, dont le Grand Prix Nespresso de la Semaine de la Critique au Festival de Cannes, à la fois le Prix du public et le Cristal du meilleur long métrage au festival d’Annecy, une nomination aux Oscars 2020 et très récemment deux jolis César. Bam.

 

On continue avec un film bien psyché…

LOVE AND THEFT
Andreas Hykade
6’50 / 2010 / Animation 2D / Blob / Allemagne
Studio Film Builder

Topo : « Et j’ai toujours avec moi le cadeau que tu m’as donné, il fait partie de moi maintenant, je l’ai chéri et gardé, il sera avec moi jusqu’à ma tombe et pour l’éternité. » (Bob Dylan)

Andreas Hykade est un réalisateur et animateur né à Altötting durant le Summer of Love 1968. Il s’est forme à l’Académie des Beaux-Arts de Stuttgart entre 1988 à 1990, puis a travaillé comme animateur à Londres en 1991, avant d’étudier plus assidument l’animation à la prestigieuse Académie du film du Bade-Wurtemberg ; Académie où il dirige aujourd’hui la section Animation, en complément de ses occupations au Studio Filmbilder de Stuttgart.

Son style c’est la ligne claire, avec des personnages minimalistes qui se coulent dans le mouvement de l’animation, protéiformes, métamorphes, glissent sur les pulsations comme une masse liquide et hypnotisante. Ses films collectionnent les prix dans les festivals internationaux, à l’image de Love & Theft, dont il est plus difficile de parler que de regarder tranquillement. Ça tombe bien, il est juste au-dessus.

 

Puis le film de fin d’étude de la fabuleuse réalisatrice et illustratrice Réka Bucsi

SYMPHONIE NO. 42
Réka Bucsi
10’ / 2014 / 2D numérique / Fantaisie / Hongrie
Moholy-Nagy University of Art and Design Budapest

Topo : Symphonie no. 42 présente 47 observations sur les liens irrationnels entre l’homme et la nature.

Réka Bucsi est une réalisatrice hongroise absolument géniale, qu’on a déjà présentée ici il y a quelques semaines (voir Animation #1). Entre 2008 et 2013, elle apprend l’animation dans la prestigieuse université d’Art et de Design Moholy-Nagy (MOME) de Budapest, et termine son parcours scolaire en présentant un film de fin d’études directement sélectionné pour la 87e cérémonie des Oscars : Symphonie no. 42.
La voie était tracée et ses films suivants Love (2016) et Solar Walk (2018) empruntèrent à peu près le même chemin en remportant une cinquantaine de prix dans des festivals internationaux, parmi lesquels la Berlinale, le Sundance, Annecy, Hiroshima, Ottawa, Melbourne, etc. Ses univers sont poétiques et dérangeants comme ses personnages, dont le dessin naïf et coloré est toujours mystérieusement enveloppé d’une étrange pénombre, et le trait prêt à s’évaporer dans un nuage de brume. Comme un rêve étrange.

 

Dans un style graphique très différent…

PAPER OR PLASTIC
Nata Metlukh
7’30 / 2019 / Animation 2D / Immigrant Song / Ukraine-USA

Topo : Un  migrant  arrive  dans  le  premier  pays  du  monde  pour réaliser une peinture murale sur la plus haute tour. Il essaie de s’adapter à la nouvelle réalité, mais des règles étranges l’obligent à faire demi-tour.

Nata Metlukh est une jeune animatrice et illustratrice d’origine ukrainienne basée à San Francisco. Elle a fait ses classes de cinéma à la Filmschool de Vancouver et à l’Académie des Arts d’Estonie. Tout comme elle, ses films d’animation ont fait le tour du Monde et ont été récompensés par les plus grands festivals de cinéma.
Sa spécialité, c’est de créer des œuvres « visuellement audacieuses » comme dirait le critique des Cahiers du Cinéma, articulées autour de personnages faces à la vie urbaine et ses aberrations. Paper or Plastic, par exemple, est un court-métrage sur un immigrant ambitieux qui doit faire face à la bureaucratie, les préjugés, la xénophobie, la trahison et l’aliénation dans le nouveau pays.

 

Allez, un délire très court et minimaliste à souhait pour finir cette session !
Par le réalisateur et illustrateur anglais Ant Blades.

 WILDEBEEST
Ant Blades
1’ / 2013 / Animation 3D / 27,8 M de vues / Angleterre
Birdbox Studio

Topo : Un couple de gnous envisage de traverser une rivière.

Son truc à lui, c’est de faire des films courts. Très courts. Environ une minute, pas plus. Et ça marche plutôt bien. Ant Blades a 25 ans et autant de millions de vues que d’années pour ses films sur YouTube. Pas étonnant quand on sait qu’il a été créatif chez Google… mais aussi pour d’autres studio d’animation, avant de rejoindre la direction de Birdbox Studio à Londres.
Quand on l’interroge sur la durée de ses films, il répond qu’une minute est le temps idéal pour installer une bonne blague, avec une intrigue simple et impactante. C’est la condition pour faire rire, ce qui est le véritable challenge. On vous laisse juger avec Wildebeest et son petit couple de gnous fort attachant.

La suite de la sélection de Loïc Portier la semaine prochaine…

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