Portfolio : Sophie Potié

À l’occasion de  la sortie du nouveau single de Raymon Midnight « Le cheesy song » dont elle a réalisé la pochette, nous nous penchons sur le travail de Sophie Potié, qu’on découvre et qu’on aime d’amour.

Il serait exagéré de dire que nous connaissons Sophie Potié comme notre poche puisque c’est précisément grâce à la pochette de « Le Cheesy Song », sortie ce 5 juin chez Enfance, que nous avons découvert son travail. Puis le Ici et Maintenant a fait son œuvre et nous nous sommes retrouvés nez à nez avec les travaux bluffant de l’illustratrice issue des Arts Déco de Paris.

Pour dire vrai, si la pochette en couleur du Raymond Midnight nous avait séduit, c’est devant les travaux en noir et blanc que l’admiration pointa son nez. La série « Escales », notamment, qui, par une économie de moyen révèle la maîtrise de Sophie Potié. Descendante directe des gravures de Valloton, cette série vient mettre en lumière l’essentiel et laisse le reste au bon vouloir du regardeur. Une issue pour l’esprit qui colle parfaitement à la thématique onirique du cette drôle d’histoire de dinosaure dans un lit.

Ce court résumé, cette introduction au travail de Sophie Potié fait jour des qualités du travail de la grenobloise d’origine. Des qualité qu’on retrouve dans l’ensemble de ces travaux. Si Sophie Potié multiplie les styles et les techniques, elle agit à chaque fois en architecte de l’émotion. Elle construit dans chaque dessin des espaces et des moments à même d’accueillir la pensée de celui qui regarde. Le dessin se coréalise alors et les mains se serrent autour d’une célebration de l’imaginaire.

Toutes les images © Sophie Potié

Kiblind : Comment êtes-vous devenue illustratrice ?

Sophie Potié : J’ai toujours beaucoup dessiné et bricolé. J’ai quitté Grenoble pour poursuivre mes études aux arts deco de paris dans la section image imprimée. C’est là que j’ai notamment découvert la gravure.

Kiblind : Vous souvenez-vous du premier choc esthétique que vous ayiez eu en matière d’illustration ?

Sophie Potié : Je crois que mes premiers chocs sont en fait les livres illustrés d’enfants, comme Les Trois Brigands de Tomi Ungerer ou bien un livre de contes russes avec des illus à tomber par terre que j’ai malheureusement égaré mais dont les images restent inscrites dans ma mémoire. Il me semble que c’est de là que vient mon goût pour l’illustration et son potentiel à la fois didactique et poétique.

Kibllind : Quels sont les artistes qui vous ont fait aimé le dessin ?

Sophie Potié : En tant que graveuse il y a bien évidemment Hokusai, Dürer et Vallotton, dont j’apprécie également la peinture. Hopper pour les ambiances et les couleurs, Hannes Binder et Thomas Ott pour les cartes à gratter. Mais c’est une liste non exhaustive, car aujourd’hui je suis aussi inspirée par mes contemporains.

Kiblind : Comment avez-vous travaillé sur le visuel du single de Raymond Midnight ? La musique a-t-elle une influence ?

Sophie Potié : On travaille vraiment à deux. On se connaît depuis plus de 10ans, donc la communication est facile : Alban me fait toujours écouter le morceau avant et me donne des pistes de travail : ambiance colorée, références, l’idée générale qui doit ressortir de l’illu. Il me laisse libre d’interpréter tout ça, je lui propose quelques croquis et on échange à chaque étape. C’est pour moi très important que le visuel corresponde au morceau, et aux envies d’Alban. Je trouve ça toujours assez énervant quand la couverture d’un livre n’a pas vraiment de rapport avec l’histoire, et bien c’est pareil pour la musique.

Kiblind : Comment choisissez-vous entre le noir et blanc et la couleur ? Cela dépend-il du moment, de l’humeur, du sujet ?

Sophie Potié : Ça dépend d’un peu tout ça! Par exemple ma dernière série de gravures “Escales”, présentée par la Galerie Jahidi à Paris, se compose de 25gravures inspirées d’une des nouvelles les plus courtes du monde d’Augusto Monterroso : « Quand il se réveilla, le dinosaure était encore là ». J’ai imaginé l’avant, comme un rêve. Il me semblait qu’une série de 25 images avec beaucoup de paysages, de détails et d’informations pouvait se passer de couleurs. Mais parfois pour faire passer une émotion, décrire une ambiance, c’est la couleur qui l’emporte.

Kiblind : Quels outils utilisez-vous ? Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste la carte à gratter qui n’est pas un outil si commun ?

Sophie Potié : En gravure j’utilise le bois et le lino plus tendre à travailler, mes gouges bien aiguisées, et ma presse manuelle dans mon atelier bruxellois.Pour la carte à gratter j’utilise des aiguilles à coudre. Une carte à gratter c’est une matière que je décrirais pour faire simple comme un carton blanc recouvert d’une fine couche noire: il ne reste qu’à gratter cette couche pour faire apparaître le blanc. Ces deux techniques se ressemblent car il s’agit de dessiner avec la lumière. La carte à gratter n’est par contre pas un multiple, elle n’est pas une matrice qui s’imprime comme une plaque de gravure. J’ai redécouvert ce médium lors de la réalisation d’une petite trentaine d’illus pour la nouvelle traduction des Nouvelles intégrales d’Edgar Allan Poe aux éditions Phébus. Sinon j’ai découvert récemment les joies de l’Ipad pro pour dessiner et faire des recherches de gammes de couleurs.

Kiblind : Comment décidez-vous qu’un dessin est fini ?

Sophie Potié : J’aime beaucoup les détails, donc j’essaye de prendre régulièrement du recul sur mes images pour éviter de trop surcharger, essayer de laisser respirer l’image.

Kiblind : Les décors, les paysages même fictifs semblent être primordiaux chez vous. Qu’est-ce qui vous donne envie de commencer un dessin ?

Sophie Potié : J’ai grandi entre Grenoble et un hameau en plein coeur du Massif de la Chartreuse, et j’ai toujours tout fait pour voyager un maximum. Les paysages sont ce qui m’inspire le plus. Je me balade et je prends des photos plus ou moins réussies qui me servent de points de départ pour un dessin ou une série. Parfois juste une ambiance colorée, ou une ombre un peu bizarre font l’affaire ! J’aime ensuite imaginer ce qui s’y passe ou pourrait s’y passer.

Kiblind : De quels jeunes dessinateurs nous conseilleriez-vous le travail ?

Sophie Potié : David Adrien, Lucas Harari, Mathilde Rives, Louis Ziéglé, Agoston Palinko, Loup Lejeune.



Sophie Potié / Instagram / Raymond Midnight / Enfance

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