Portfolio : Núria Just

Pour combattre ce grand froid qui nous fait face, on part à la rencontre de Núria Just, une illustratrice barcelonaise qu’on aime beaucoup. Super forte dans de nombreux domaines, Nuria Just accomplit même l’exploit de mettre tout un tas de couleurs dans notre atmosphère grisâtre d’hiver.

Núria Just est une illustratrice mais également une directrice artistique confirmée. Touche à tout, la barcelonaise brille autant lorsqu’il s’agit de faire des BD, de dessiner pour des festivals ou d’apposer ses motifs sur des vêtements. Le style de l’artiste est influencé par la culture trash des années 90, les animés, les jeux vidéos, les séries, des BD comme celles de Daniel Clowes et de Kyoko Okazaki… Bon, il semblerait Just de s’arrêter là. Mais alors qu’est-ce que ça donne concrètement les œuvres de Núria ? Et bien ça donne plein de personnages nonchalants à l’allure punk et dont le style grunge nous rappelle les grandes heures de MTV. Avec ses compositions accrocheuses, la petite pincée d’humour qui lui est propre et des couleurs qui pètent la rétine, la diplômée de l’Université des Arts et du Design de Barcelone a séduit le monde entier dont The New Yorker, WePresent (WeTransfer) et VICE Espagne entre autres. Alors Núria, est-ce qu’il y a quelque chose que tu ne sais pas faire ?

Illustration pour l’exposition Madrid Métal

Tu es illustratrice mais aussi directrice artistique, peux-tu nous en dire un peu plus sur ton parcours ?

Avant de me concentrer sur ma carrière d’illustratrice indépendante, j’ai occupé de nombreux emplois. La plupart d’entre eux ne sont pas liés à l’illustration (on a eu une énorme crise économique en Espagne, alors…) Mais mes derniers jobs, avant d’être freelance, étaient dans des studios où j’ai pu acquérir beaucoup d’expériences dans différents domaines, comme le textile, le design de produits ou les grandes campagnes de communication. Cela m’a été très utile lorsque j’ai décidé de me concentrer sur mon art et de devenir indépendante. Je suis devenue directrice artistique un peu par hasard, car quelques-uns de mes premiers projets en tant qu’illustratrice étaient également liés au métier de directrice artistique. Comme celui que j’ai réalisé pour le festival Memefest du CCCB (Centre de Culture contemporaine de Barcelone). Le projet consistait à créer toute l’identité du festival, y compris les produits dérivés et la scénographie. Je l’ai fait, et ça s’est avéré assez génial ! J’ai senti que c’était quelque chose que j’aimais vraiment faire et pour lequel j’étais douée (ça fait un peu prétentieux, désolée). À partir de ce jour, d’autres emplois de directrice artistique/illustratrice se sont présentés. Je suis donc une sorte d’hybride illustratrice/directrice artistique.

Memefest 2021

Tu as exploré l’illustration à travers plusieurs supports tels que les bandes dessinées, les fanzines, la risographie, les textiles, etc. Lequel préfères-tu ?

La risographie est sans doute ma technique préférée. Dès que je l’ai découverte, elle m’a obsédé. Parce que d’habitude, j’utilise une palette de couleurs réduite et des couleurs saturées, donc la risographie donne une grande impulsion à mes illustrations. Mon support préféré est la bande dessinée. Ironiquement, c’est celui pour lequel je suis la moins douée… Mais il a une place spéciale dans mon cœur parce qu’en tant que fan de BD, le fait de pouvoir en faire moi même est très satisfaisant. L’adolescente qui est en moi hurle chaque fois que j’ai la chance d’en faire une.

Comment ton univers graphique a-t-il évolué au fil des années ?

Même si mes influences ou la base de mes illustrations sont un peu les mêmes, je vois maintenant que c’est plus propre et plus précis. Avant, j’étais un peu maladroite. Maintenant mes compositions sont plus riches et plus équilibrées. Je remarque également que j’ai une palette de couleurs plus particulière que j’utilise souvent. De plus, je m’implique d’une manière telle que l’on peut mieux reconnaître mon travail. Les premières années, je pense que bon nombre d’illustrateurs sont un peu perdus et veulent essayer des choses, ce qui peut donner un rendu un peu vague à son portfolio. Mais au fil des années, j’ai su affiner mon style en adoptant un certain type de personnages, un certain type de typographies, une palette de couleurs spéciale, etc. De manière générale, mon univers graphique est devenu plus professionnel grâce à l’expérience acquise.

Tu dessines principalement des personnages, qu’est-ce qui te plaît tant dans cet exercice ?

C’est quelque chose que j’aime depuis que je suis enfant. Je me souviens avoir pris plus de plaisir à dessiner mon Sim qu’à jouer réellement au jeu. Il en va de même pour les autres jeux vidéo : en plus d’aimer y jouer, j’étais toujours obsédée par les fiches de conception de personnages sur Internet. J’ai l’impression qu’avec un simple dessin de personnage, on peut dire des tas de choses et retranscrire l’ambiance. On peut jouer avec leurs langages corporels, leurs expressions faciales, le type de vêtements qu’ils portent, etc. Un exemple que j’ai toujours en tête est celui des personnages des séries télévisées de Daria. Vous pouvez deviner comment chaque personnage est réellement, uniquement à partir de son apparence. C’est toujours si précis, j’adore ça. J’ai une obsession particulière pour le dessin de personnages maladroits et ringards. Peut-être parce que je suis un peu comme ça moi-même, je ne sais pas.

Quelles sont tes sources d’inspiration dans l’art et dans la vie quotidienne ?

Toujours les mêmes que lorsque j’étais adolescente : les clips musicaux, les éditoriaux de mode, les jeux vidéo et les bandes dessinées. La plupart de mes hobbies sont mes sources d’inspiration. J’ai quelques bandes dessinées à côté de mon bureau et ce sont celles que je consulte habituellement lorsque je suis en panne d’inspiration, avec même quelques post-it à l’intérieur. J’aime aussi regarder les magazines de mode des années 90 et 2000. Je m’inspire de leurs poses extravagantes et de leurs vêtements. J’ai des tas de dossiers dans mon ordinateur avec ce matériel pour quand j’en ai besoin. Les films sont une autre source d’inspiration, j’aime les films dramatiques et les comédies. C’est l’ambiance que j’aime exprimer dans mes illustrations. Quand je suis un peu fatiguée, ou que je ne sais pas quoi dessiner, je regarde une série ou un film dans ce genre là. En dehors de ça, une bonne source d’inspiration est mon expérience de la vie (ça fait un peu ringard, je sais). Je veux dire que j’ai vécu des situations bizarres et drôles, et j’essaie de les garder en tête. Ou encore les gens que je rencontre ou que je vois dans la rue.

En voyant tes collaborations et tes illustrations, on peut directement deviner ton intérêt pour la mode. Est-ce un domaine dans lequel tu aimerais t’investir davantage ?

Ouaip, c’est fait, hahaha. Je ne me considère pas comme une personne de la mode, mais j’aime beaucoup la mode, comme une voyeuse. Comme je l’ai dit, j’ai un dossier dans mon ordinateur avec des tas de références sur la mode et le maquillage. C’est la partie que j’apprécie le plus lorsque je conçois des personnages. Comme dans la série Euphoria, la façon dont un personnage se maquille ou s’habille en dit long sur sa personnalité. J’adore vérifier les marques et les magazines de mode et habiller mes personnages avec des tenues détaillées. Mais je ne pense pas que j’aimerais m’investir davantage dans le monde de la mode, comme posséder une marque, par exemple. J’aime quand je dois adapter mes illustrations à des produits dérivés ou faire des collaborations avec des marques. Ce serait un objectif pour moi : collaborer avec des marques à l’avenir. Des marques comme Unif, Lazy Oaf ou XGirl sont celles que j’utilise le plus dans mes personnages. Donc si vous lisez ceci, appelez-moi, merci haha.

C’est le début d’une nouvelle année, peux-tu nous donner 3 mots qui pourraient définir la façon dont tu envisages 2022 ?

Comme l’année dernière a été assez merdique, voici mes mots : soin de soi, santé et dépassement.

Peux-tu nous parler de 3 projets qui ont été particulièrement importants pour toi ?

Bien sûr. Un projet dont je suis vraiment heureuse est mon premier projet au Japon. En tant que fan de la culture japonaise, c’était incroyable pour moi. Il s’agit d’une collaboration avec Sento Forever, qui souhaite faire revivre la culture sento (bains publics au Japon). J’ai conçu toute l’identité de l’événement et les produits dérivés. Je ne peux pas être plus enthousiaste.

Autre projet, et peut-être l’un des points culminants de ma carrière : ma première illustration pour le New Yorker. Je n’aurais jamais imaginé qu’ils me contactent pour travailler ensemble. J’ai déjà créé cinq illustrations pour le magazine, mais j’ai été choquée lorsque j’ai reçu le premier mail (j’ai même cru que c’était un spam au début, haha).

Olivia Rodrigo
Cameo

Et la dernière qui est importante pour moi est l’identité du festival Memefest, de la CECC. C’était le premier gros projet que j’ai eu, et ils ont été incroyablement gentils et flexibles. Ce qui m’a permis de créer une identité vraiment drôle pour le festival. Depuis, j’ai réalisé l’identité de toutes les éditions annuelles. La dernière édition est particulièrement « sauvage ». Vous pouvez la voir sur le site de la CECC.

NÚRIA JUST

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