Les Gens du Mag : Gabriel Kalnins

Gabriel Kalnins disperse ses couleurs au gré de ses traits fins, et mélange, étire ses idées, jusqu’à obtenir une nouvelle matière, faite de lucidité et d’onirisme. L’illustrateur et auteur de bd diplômé de la HEAR, invite, à chacune de ses illustrations, à se plonger dans un sentiment qu’on ne cerne peut-être pas bien, mais qui nous rend vivant. Et, à l’occasion de sa création originale sur la thématique Surprise, on pensait bien qu’il ferait naître l’étonnement. C’était vrai.

Lorsque Gabriel Kalnins illustre la surprise pour la thématique de notre dernier numéro, c’est une apparition à la frontière de l’effrayant et du fascinant qui s’offre à nous. Et finalement, l’entre-deux lui sied à merveille. Ses dessins, ni tout à fait fixes ni tout à fait animés, nous absorbent dans un état de veille propice au rêve lucide. Le temps, comme les corps, s’allonge, se tord, et se réinvente sous nos yeux, pour devenir autre chose. On s’aperçoit bien qu’on est en train de rêver, pourtant on commence à y croire, et c’est là tout le talent de l’illustrateur.

Kiblind Surprise création originale Gabriel Kalnins
Création originale pour Kiblind Surprise

Hello Gabriel ! Tu peux nous parler un peu de l’histoire derrière ta réalisation sur thème Surprise ?

Pour représenter la surprise j’avais d’abord imaginé une apparition étrange et inquiétante dans une grotte, mais un espace confiné m’empêchait de donner de l’ampleur à cette étrange événement. J’ai préféré représenter la surprise dans le ciel d’un désert ardant. En premier plan deux personnages réagissent différemment face à l’apparition : Celui de gauche est si terrifié qui lui tourne le dos, l’autre semble fasciné.

Gabriel Kalnins illustration
Papier-peint

D’ailleurs, elle est assez libre d’interprétation, pour toi il s’agit plutôt d’une bonne ou d’une mauvaise surprise, cette apparition ?

Mon image invoque un univers expressionniste, j’ai voulu mettre l’accent sur les réactions corporelles lors d’un évènement surprenant. L’apparition est assez effrayante de par sa taille et son aspect jaillissant. Elle peut signifier un bon comme un mauvais présage, une prophétie. Dans tous les cas je n’aimerais pas y assister, je serais terrifié !

Gabriel Kalnins Illustration vampire
Vampire

Lorsqu’on regarde l’évolution de ton travail, on peut remarquer que les lignes ont tendance à se troubler avec le temps, pour des résultats de plus en plus oniriques, est-ce que c’est un virage conscient ?

Il s’agit bien d’un virage conscient. Pour mon projet de diplôme de fin d’étude à la HEAR, j’ai commencé l’écriture d’une bd, Le champ des ombres, un récit métaphorique qui raconte l’histoire d’un ado de 15 ans, Noé et de sa mère vivants isolés dans une maison à la campagne. Un jour, lorsqu’il se baigne dans la rivière, Noé vas faire la rencontre d’un personnage inquiétant, le rodeur, il va s’en suivre tout une série d’évènements de plus en plus inquiétants eux aussi. Dans ce récit métaphorique, qui parle du traumatisme, mes images sont comme des fragments mnésiques, je travaille en taches et aplats de couleur, sans crayonner au préalable, J’ai pu découvrir grâce à ce projet une nouvelle manière de créer des images, et c’est dans cette direction que je souhaite poursuivre ma pratique.

Gabriel Kalnins Le champ des ombres, extrait BD
Le champ des ombres – Extrait

Quels sont tes outils et techniques de prédilection ?

J’aime travailler sur des grands formats, avec des outils variés, (pastel, encres, feutres à alcool) mais mes outils préférés restent mes crayons de couleurs aquarellables qui me permettent à la fois de travailler le trait mais aussi de peindre.

Gabriel Kalnins illustration la bain final
Le bain final

Est-ce que tu te souviens de ta première surprise artistique ?

J’ai toujours été inspiré par les peintres symbolistes de la période fin-de-siècle (Edvard Munch, Maurice Denis, Paul Sérusier) car j’aime imaginer des paysages de l’âme où la nature décèle un langage secret, mais c’est lorsque j’ai découvert le travail du peintre américain Hernan Bass que j’ai pleinement assumé mon attrait pour le dessin figuratif et réaliste. J’affectionne aussi tout particulièrement l’œuvre de Pina Bausch Le Sacre du printemps. Cette frénésie du paysage m’inspire, notamment cette idée de rite initiatique, que l’on retrouve souvent dans les histoires que j’aime raconter.

Le champ des ombres extrait Gabriel kalnins bd
Le champ des ombres –Extrait

Peux-tu nous citer 3 projets qui ont été marquants pour toi et nous dire pourquoi ?

Déjà cité, Le champ des ombres est un travail en cours, il est marquant car il est mon premier long projet de bd.

Gabriel Kalnins le champ des ombres bd couverture
Le champ des ombres – Couverture

Je pense ensuite à mon livre Cœur de rouille que j’ai imprimer à la suite d’un stage de quatre mois dans le studio de risographie Quintal Atelier. C’était un projet techniquement ambitieux (5 couleurs, 300 exemplaires) et ça été très formateur pour moi car je ne pensais pas en être capables. Ce projet me tient encore à cœur car il est aussi mon premier livre édité.

Gabriel Kalnins - Extrait Coeur de rouille
Coeur de rouille – Extrait

Il y a ensuite un livre réalisé avec mes amis Uy Vinh Landru et Margot Farnoux, qui s’intitule Qui habite nos têtes quand il n’y a plus personne ? Une question à laquelle chacun des participants répondent, par le dessin et le texte, le tout imprimé en sérigraphie. Travailler en atelier avec mes amis et penser un processus créatif à plusieurs m’a beaucoup plus et restera l’un de mes meilleurs souvenirs d’étude !

Qui habite nos têtes quand il n’y a plus personne ? Gabriel kalnins
Qui habite nos têtes quand il n’y a plus personne ? 

GABRIEL KALNINSKIBLIND SURPRISE

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