Portfolio : Mariia Timofeeva

Mariia Timofeeva est un peu notre Messmer à nous. L’illustratrice réalise des créations oniriques qui puisent leurs inspirations dans des mythes et légendes, ainsi que dans les racines et souvenirs de l’artiste. Cette dernière a tellement réussi à nous hypnotiser grâce à ses œuvres idylliques, qu’on a pas pu résister à lui poser quelques questions.

Mariia Timofeeva Aka Masha fee sur Instagram, (et non cette Masha n’est pas accompagné d’un ours mais plutôt de ses dessins et affiches), est une illustratrice originaire de notre belle ville de Lyon mais qui a grandi dans d’autres contrées. C’est à travers des créations qui laissent libre cours à l’interprétation que Masha propose un beau voyage à la limite du rêve lucide. Pour atteindre une telle rêverie, l’illustratrice s’inspire de la pensée holistique, et de son vécu mais elle explore également la question de la mémoire et de la perception sensorielle. C’est dans une parfaite harmonie qu’elle représente les 3 forces du monde : l’Humain, les Animaux et la Nature. Son intérêt pour le chamanisme et le symbolisme fait toute la beauté et la force des œuvres de Mariia Timofeeva.

Salut Mariia, peux-tu nous raconter comme tu t’es formée en illustration ? 

J’ai toujours été très attachée au dessin, au papier et au livre. Quand j’étais petite je m’amusais à recopier des livres de la bibliothèque de ma grand mère, les textes, les dessins, les couvertures. Je faisais beaucoup de bricolage également : des autocollants hand made, des tatouages avec du papier carbone et de la colle liquide et oui haha, des cartes postales pop-up, des portraits de mes amis en collages de papier couleur etc. Malheureusement pendant longtemps l’idée de faire de l’illustration et du graphisme était inatteignable pour moi. J’ai été exclu d’une école d’art en Russie parce que je voulais expérimenter et ne voulais pas dessiner que les têtes de David et les bas-reliefs des obélisques égyptiennes, ça n’a pas plu à mon professeur de dessin et il m’a demandé de partir. J’ai donc appris le dessin et le graphisme en autodidacte en dessinant tous les jours, en étudiant les éditions et en apprenant l’adobe. Je m’amusais a faire des affiches pour les événements culturels de la galerie pour laquelle je travaillais à l’époque. Entre temps j’ai commencé les études de langues, littérature et civilisations étrangères à Perm, la ville en Russie où j’ai grandi. Plus je me plongeais dans le monde du dessin et du graphisme, plus j’étais frustrée de ne pas pouvoir m’épanouir complètement dans mes activités et mes études. Donc, après avoir découvert Bruxelles lors d’un stage journalistique dans les institutions européennes en 2012, j’ai pris la décision de déménager et d’acheter un « one-way ticket ».

En arrivant à Bruxelles j’ai continué à expérimenter l’illustration et le graphisme dans le milieu associatif. Par la suite j’ai été admise en bachelor de Graphisme à Saint Luc Bruxelles et puis en master à la Cambre. Je me suis sentie complètement à ma place dans cette ville. Pendant mes études je continuais à dessiner, je mélangeais illustration et graphisme, je pense que c’est dans cette symbiose des deux où je me sens le mieux. Je vois la typographie comme du dessin qui fait partie de la composition générale. Maintenant je navigue entre le boulot de graphiste-infographiste dans le journal Le Soir, la pratique de l’illustration en free-lance et la photographie expérimentale.

Qu’as-tu envie d’expérimenter en ce moment dans le champs de l’illustration ?

j’aimerais faire plus d’affiches, collaborer avec plus de musiciens. Ma pratique de l’illustration est très liée au son. Pour chaque projet d’illustration je compose un playlists qui me guide, en quelque sorte, dans la création. Finalement, c’est ça qui m’attire : le challenge, traduire les mots, les sons, les sentiments en image. 

On retrouve des personnages mais aussi beaucoup de paysages oniriques dans tes dessins, qu’est-ce que tu prends le plus de plaisir à dessiner ? 

Exactement. Ce qui m’intéresse c’est le rapport entre les deux. L’humain et la nature. L’humain qui se reflète dans le paysage et le paysage qui se reflète dans l’être humain. Je trouve que la nature est très sentimentale et le paysage peut exprimer un large spectre de sentiment, ce qui le rend presque vivant. Souvent dans les illustration il y a un personnage qui observe la nature. Si je dessine un paysage c’est le spectateur qui devient ce personnage qui l’observe. Y a un petit côté voyeuriste, on est en train d’observer une scène magique, un instant fugace. On ne sait pas si elle est réelle ou pas, c’est ça qui la rend attirante. Je travaille beaucoup sur les notions de la mémoire, du rêve, la frontière entre le monde réel et imaginaire, entre l’humain et l’animal.

Tu as l’air d’apprécier tout particulièrement le médium de l’affiche, pour quel groupe / quel événement rêverais-tu d’en dessiner une ?

J’adore composer des affiches ! Carrés, allongées, formats classiques. L’adolescente à l’intérieur de moi saute de joie à l’idée de collaborer avec Red hot Chilli Peppers ! Mais il y a tellement de groupes que j’adore et avec qui j’aimerais travailler: Altin Gun, TR/ST, Babe Rainbow, Kikagaku Moyo, Fleet Foxes, King Guizzard & Lizard Wizard…

Quels sont les artistes qui ont nourri ton style d’illustration ? 

Pour mon imaginaire melting-pot, je peux remercier mes origines mixtes. Je suis née à Lyon, avec ma famille on a vécu en Andorre en Espagne, j’ai été en Russie de mes 6 à mes 19 ans, et j’ai toujours voyagé. Je m’adapte vite aux nouveaux endroits, et aux nouvelles cultures. Il y a une forte influence du folklore russe et nordique dans mes illustrations et de l’imaginaire du moyen orient. Aussi, comme ma mère est professeur d’anglais, elle voyageait souvent en Angleterre quand j’étais petite et m’apportait des bouquins de là-bas. Il y a une culture forte et particulière de la couverture des livres en Angleterre. J’ai également été fortement impactée par les enluminures, du rapport texte-image et humain-nature comme avec les dessins de Carl Larsson. Je m’inspire aussi en général par le dessin, la gravure et l’art de l’affiche et de la couverture du début du 20e siècle, je pense aux couvertures de Vogue de cette période par exemple, au Little Nemo in Slumberland, affiches Japonaises un peu psyché de cette période. Les illustrateurs russes du 20e siècle : Yevgeny Ratchev, Ivan Semenov, Boris Dekhterev, Léon Bakst, les compositions geometrico-typographiques de Lazard Lissitzky font également parties de ma source d’inspiration. 

Peux-tu nous parler de 3 projets qui ont été particulièrement importants pour toi ? 

L’affiche pour Khruangbin. Ils ne sont pas juste des musiciens géniaux mais aussi des très belles personnes. C’était un énorme plaisir de travailler avec eux. 

La pochette d’album pour Enfants du soleil, un groupe de musique composé de mes amis. Ensemble on a décidé de créer un univers fantasmagorique mêlant les animaux, la présence chamanique et humaine.

Puis il y a aussi un projet personnel qui est très important pour moi . C’est une série de dessins en techniques mixtes qui retracent mes souvenirs d’enfance dans la foret, le voyage en Sibérie. 

MARIIA TIMOFEEVA

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