[Les Gens du mag] Linda Merad

Est-ce si étonnant d’apprendre que Linda Merad suivit une formation de graphiste ?  On aurait pu, on aurait du s’en douter. Au premier regard sur les travaux de la Parisienne, l’œil se voit ficelé et traîné sans résistance d’un bord à l’autre du dessin. Lecteur servile grâce à la ligne claire et aux formes rapidement identifiables, il se laisse ensuite caresser par le jeu des couleurs chaudes et molletonnées. Puis vient le jeu de la matière, là où le regard cesse enfin de glisser et s’accroche sur le grain que Linda Merad dissémine ci ou là pour apporter profondeur et caractère à ses dessins. L’efficacité graphique du travail de l’illustratrice agit sur nous comme un appeau et nous garde hypnotisés face au visuel. Alors, il nous permet de nous pencher plus consciencieusement sur le discours. Celui-ci, poétique ou mystique, ou les deux, vient ensuite apporter ce supplément d’âme et cette part de soi dont toute œuvre devrait être accompagnée. Tout cela est rondement amené.

Kiblind : Pourquoi es-tu devenue illustratrice ?

Linda Merad : Ce choix s’est imposé assez naturellement à la suite de mes études de graphisme. Ce qui m’intéressait, c’était surtout de créer des images… et il s’avérait que mes réponses se tournaient toujours vers la chose narrative, le plus souvent réalisée à la main. Le dessin reste pour moi la façon la plus directe de formaliser mes idées. Et c’est bien à ce moment là que j’éprouve du plaisir dans le travail, donc ce n’est pas négligeable !

Kiblind : Y a-t-il une dessinateur.rice ou un livre qui t’a particulièrement marquée étant jeune ?

Linda Merad : Comme tous les gamins, je pense avoir été marquée par les bestsellers suivants : Les Trois Brigands de Tomi Ungerer, Max et les Maximonstres de Maurice Sendak, Il y a un alligator sous mon lit de Mercer Mayer, De la petite taupe qui voulait savoir qui lui avait fait sur la tête de Wolf Erlbruch. Après j’ai le souvenir d’avoir pas mal feuilleté Le Petit Larousse illustré, à la recherche d’animaux méconnus ou d’anatomies bizarroïdes (notamment le schéma de l’oreille interne en escargot qui m’a longtemps fasciné).

Kiblind : Quels sont tes outils de prédilection ?

Linda Merad : Le crayon noir principalement. Pour la couleur, tout se passe sur Photoshop.

Kiblind : Il y a deux Linda Merad, on a l’impression : l’une au trait simple, quasiment utilitaire et l’autre avec beaucoup de matière et de couleurs. Comment es-tu arrivée à ce style qui mêle les contraires ?

Linda Merad : Je comprends effectivement cette impression, pourtant tous mes dessins préparatoires sont à la ligne claire. Je décide par la suite de « remplir » ou pas, par souci de contraste, d’équilibre ou de sens. Ça me permet aussi de ne pas m’enfermer dans une case, de rester ouverte à des envies plurielles, ou tout simplement de suivre mes humeurs.

J’ai quand même l’impression de dessiner comme une graphiste, dans le sens où tout est propre, calculé, rien de dépasse.

Kiblind : À quoi ressemble ton bureau ?

Linda Merad : Hors confinement, je dispose d’un espace de travail partagé avec d’autres créatifs, dont la talentueuse illustratrice Magali Brueder et le super duo de graphistes d’Atelier Choque Le Goff. Donc du fun, du love, des plantes et des prints dans mon bureau.

Kiblind : Quels sont les jeunes illustrateurs que tu nous conseillerais de suivre ?

Linda Merad : D’abord mes amis : Pablo Grand Mourcel, Magali Brueder, Thomas Hayman, Marcel Singe…Et le travail d’Oscar Grønner, d’Alice Meteignier, de Maïté Grandjouan ou de Pierre Seinturier, pour ne citer qu’eux.

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