Si vous tombez sur le travail de Zoey Kim, ne soyez pas surpris d’y voir flou. Non, votre vue n’a pas drastiquement chuté, vos yeux sont même parfaitement à leur place, rivés sur le gentil monde de l’illustratrice sud-coréenne. Pour sa création originale dans le magazine Surprise, elle nous parle d’écureuils et de plantations d’arbres, et la plus belle des stupéfactions, c’est qu’on a beau connaître sa pâte, à chaque nouvelle illustration, on à seulement trois mots de vocabulaire :
C’est. Trop. Mignon.
Bienvenue dans le monde merveilleux de Zoey Kim, là où les objets vous sourient et où les animaux sont rois. L’illustratrice qui porte la gentillesse en fer de lance ferait fondre le cœur de n’importe qui. Un super-pouvoir sans doute, qu’elle cultive au gré de ses illustrations narratives. D’ailleurs, si elle brouille les pistes, c’est pour nous sortir du smog quotidien : dans ses dessins tout n’est qu’amour et générosité.
Entre les cases qu’elle organise, elle raconte et nous laisse réfléchir au pouvoir d’une histoire positive. Et si c’était ça le nouveau punk ? De la douceur dans un monde de brutes ? À l’occasion de sa réalisation on a pu échanger un peu, et on a déjà envie de devenir de meilleures personnes. Alors on dit merci.
Hello Zoey ! Pour ton illustration inédite réalisée pour Kiblind Surprise, tu racontes que les écureuils sont responsables de la plantation de milliers d’arbres dans le monde. Et toi, c’est quoi ta bonne action qui ne nécessite aucun effort ?
Je ne sais pas si cela peut être considéré comme une bonne action sans effort, mais je crois toujours qu’un acte de gentillesse et de considération peut avoir un impact, qu’il s’agisse d’une personne ou d’un groupe, qu’il soit petit ou grand. J’aime voir les gens sourire et lorsque ce sourire provient d’un petit acte que j’ai fait, cela me fait chaud au cœur. Ce n’est pas grand-chose, ce sont des gestes simples, comme tenir la porte à la personne suivante, aider un voyageur étranger égaré dans la ville, dire bonjour et merci au chauffeur de bus qui accueille tout le monde chaleureusement.
Parfois, nous semblons manquer ces petites interactions parce que nous sommes trop occupés à vivre notre vie. Mais lorsque vous regardez autour de vous et prenez quelques minutes pour aider quelqu’un, quelque chose ou même un animal, cette gentillesse semble toujours vous revenir de bien des façons.
Dans cette illustration comme dans de nombreuses autres, tu découpes l’image à l’aide de cases et/ou de numéros pour créer un sens de lecture personnel, c’est ta façon de créer la surprise ?
Oui, je pense que ça joue un rôle essentiel tout en offrant un petit cadeau au public. La plupart de mes dessins personnels sont des pensées aléatoires qui me traversent l’esprit lorsque je rêvasse. J’ai donc commencé à donner des cadres plus petits à l’intérieur de l’œuvre d’art en essayant de représenter ces pensées aléatoires. Le plus amusant est de donner au public l’espace nécessaire pour réimaginer l’histoire en regardant mes dessins. C’est comme un cadeau surprise qui leur permet de ressentir diverses émotions en voyant mes illustrations.
Ton travail se caractérise par un effet de texture assez particulier, comment et pourquoi en es-tu arrivée à ce genre d’effet ?
J’ai eu du mal à trouver le bon style avant de commencer à travailler en tant qu’illustratrice indépendante. Je pense que cela avait quelque chose à voir avec le fait que j’étais graphiste au début : je voulais essayer de nouveaux styles et de nouveaux visuels pour capter le public. Mais au fil du temps, je me suis rendu compte que la texture floue était le style le plus réconfortant pour moi.
Mes illustrations ont donc commencé à prendre la direction qui me rendait la plus heureuse et la plus à l’aise. Et aussi, pour vous dire la vérité, je ne suis pas très douée pour dessiner les détails. C’est donc un camouflage en quelques sortes, pour cacher le point faible de mon dessin.
Avec quel matériel réalises-tu tes illustrations?
Mes dessins sont tous réalisés numériquement à l’aide d’un iPad. Je me sens plus à l’aise avec l’outil numérique parce qu’il y a plus de flexibilité pour éditer et donner différentes textures à l’œuvre d’art.
Tu représentes de nombreux animaux, la nature et des petits objets personnifiés, le tout enrobé de couleurs gaies : la gentillesse et la mignonnerie ça reste surprenant en 2024?
Je crois que la gentillesse et la mignonnerie sont des choses qui peuvent faire fondre le cœur de n’importe qui. Et c’est toujours surprenant de voir autant d’actions gentilles et mignonnes dans nos vies. Elles me motivent à rêver aux dessins que je veux faire. Je veux surtout garder ce sentiment de chaleur et de flou dans mes dessins.
Peux-tu nous citer 3 projets qui ont été marquants pour toi et nous dire pourquoi ?
Tous les projets et commissions sont très précieux pour moi. Il est très difficile de faire un choix. Mais si je devais choisir les trois projets les plus mémorables, ce serait les suivants :
Le premier serait ma participation à une exposition à Séoul, en Corée, pour la toute première fois. L’exposition était une collection d’environ 350 éditions d’affiches imprimées réalisées par différents artistes. J’ai exposé 7 affiches illustrant diverses histoires qui traitent de l’amitié, de l’amour pour nos animaux de compagnie et des joies simples de la célébration. C’était la première fois que je participais à une exposition et probablement la première étape pour me présenter en tant qu’illustratrice.
Le deuxième projet consistait à travailler avec Médecins Sans Frontières Corée sur l’illustration et l’animation pour la promotion de leur exposition pop up. C’était une exposition visant à montrer le travail de MSF pour sauver des vies à travers les frontières, là où l’aide médicale est la plus nécessaire. J’ai eu l’occasion de concevoir des story-boards visuels et de montrer différentes scènes d’invitation à l’exposition. C’était un projet très stimulant, car c’était la première fois que je donnais du mouvement à mes dessins. Mais dans l’ensemble, c’était aussi très significatif à bien des égards.
Enfin, le troisième projet est l’illustration de la pochette du single [52] de Yebit, une chanteuse coréenne. [52] est une chanson dédiée à son chien appelé Oie (qui signifie concombre en coréen et qui est aussi l’énonciation du nombre 52). Le projet nécessitait trois images finales : 2 teasers et une illustration principale pour la couverture.
Je voulais dépeindre le sentiment de chaleur et de douceur que la chanteuse éprouve pour ses chiens. La chanson est très réconfortante et elle m’a touchée personnellement, car je vis également avec un chat. La chanson semble s’adresser à tous ceux qui vivent avec un animal de compagnie. J’aimerais vraiment que mon dessin puisse montrer l’amour que la chanteuse a voulu exprimer.