Les Gens du Mag : Dani Choi

Vous prendrez bien une bonne grosse cuillère de surréalisme ? Dani Choi en a des pots remplis à ras bord. C’est bien pour ça d’ailleurs que nous avons invité l’artiste coréenne à réaliser une illustration pour Kiblind Obsession. On en profite pour lui poser quelques questions.

Désespérément en attente du jour où la téléportation sera devenue un moyen de transport comme un autre, nous errons à travers les gares routières ci et là, et montons docilement dans le premier bus croisant notre route. Assis derrière le chauffeur, on scrolle Instagram machinalement pour tenter d’oublier ce présent pas drôle. D’un coup d’un seul, notre esprit se retrouve embarqué dans une téléportation spirituelle qui le plonge tout droit dans l’univers surréaliste et vivifiant de Dani Choi. Le voilà le nouveau monde qu’on attendait. Là bas, les personnages sont gigantesques, le vivant est étrange et fascinant, la nature est scintillante et foisonnante. Marchant en équilibre sur un fil tendu entre réalité et fiction, l’illustratrice coréenne installée à New York a façonné un style qui n’appartient qu’à elle. Formée en Illustration à la School of Visual Art de la ville à la grosse pomme, Dani a ensuite construit son monde idéal en y parsemant moult symboles dont ceux renvoyant aux mythes et traditions de son pays de naissance. Ses dessins oniriques à couper le souffle lui ont valu plusieurs distinctions dans le milieu comme le premier prix des Young Guns 19 et du World Illustration Awards.

C’est donc chanceux que nous avons pu l’accueillir dans les pages du dernier numéro de Kiblind Magazine : Obsession. Et il ne fait pas de doute que son illustration, ode à la liberté et à la nature, nous a mis une sacrée claque. Ça méritait bien quelques questions.

Illustration originale de Dani Choi pour Kiblind Obsession

Pour rentrer dans le vif du sujet, peux-tu nous dire ton obsession la plus inavouable ?

J’ai plusieurs obsessions à différents degrés, mais mon obsession la plus inévitable et incontrôlable se manifeste lorsque je travaille. Au stade préliminaire, je dois concevoir la composition d’une manière particulière qui soit favorable à mes yeux et accorder beaucoup d’attention aux détails des croquis pour éviter de faire des changements par la suite. Je suis également obsédée par les couleurs. Comme le processus numérique vous donne la liberté d’ajuster facilement les couleurs, j’essaie de nombreuses versions différentes avant d’arriver à la version finale.

Quels sont les trois premiers mots qui te viennent à l’esprit quand on te parle de l’obsession ?

incontrôlable, engouement, domination.

Peux-tu nous expliquer l’illustration que tu as réalisée pour le magazine ?

Parmi toutes mes différentes obsessions, j’ai décidé, pour ce projet particulier, de créer une image sur l’obsession de la liberté et de la facilité. En raison de la pandémie, nous vivons désormais dans un monde soumis à un grand nombre de nouvelles réglementations et règles en matière de santé publique. Et comme la plupart des gens, je suis consciente de ma santé et de ma sécurité au quotidien et je regrette beaucoup l’époque où nous pouvions nous promener librement sans masque sur la bouche. Cette image a été inspirée par mon désir sincère de me libérer des préoccupations liées à la santé et à la sécurité.

Sur quel projet travailles-tu en ce moment ?

Je viens de terminer quelques projets et j’ai les mains libres en ce moment, donc j’essaie de travailler sur des images personnelles à ajouter à mon portfolio. J’ai l’intention de faire une série et le sujet est encore vague, mais il traitera probablement de mon idée de rêves et de cauchemars.

Peux-tu nous parler de 3 projets que tu as réalisé et qui te tiennent particulièrement à cœur ?

Les deux premiers seraient les deux collaborations sur lesquelles j’ai travaillé avec Atomix en 2020 et 2021. Ma première collaboration avec Atomix a été particulièrement significative pour moi, car c’est là que ma carrière a vraiment décollé. Atomix est un restaurant gastronomique situé dans le Lower Manhattan qui sert une cuisine coréenne unique. J’ai travaillé sur des illustrations imprimées au dos de leurs cartes de menu qui sont servies à côté du menu de dix plats. Comme les cartes de menu sont remises aux clients en guise de souvenirs, je voulais ajouter des éléments de la culture coréenne pour leur rappeler l’expérience culturelle vécue au restaurant. Dans ma première collaboration, j’ai adapté l’imagerie d’un motif coréen appelé « Sip-jang-saeng », symbole de longévité et de bonne fortune. Pour ma deuxième collaboration, je me suis inspirée des contes coréens que j’aimais lire et écouter lorsque j’étais enfant, en Corée. J’étais très enthousiaste à l’idée de travailler sur ces collaborations avec Atomix, car ils m’ont laissé une liberté totale sur les images et m’ont donné l’occasion de mettre en valeur mes origines coréennes.

Le troisième projet est le plus récent : une collaboration avec Farfetch et Gucci. Inspiré par la collection Gucci Aria, « Imagined Futures » est un projet qui met en lumière quatre talents travaillant dans le domaine de la création pour discuter de la collaboration intergénérationnelle. Mon travail consistait à agrémenter les photographies avec des illustrations représentant les quatre talents portant la collection Gucci Aria. C’était la première fois que je travaillais avec une marque de vêtements haut de gamme telle que Gucci et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce fut une expérience surréaliste.

DANI CHOI

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