Les Gens du Mag : Lou Buche

Avec ses créations joliment étranges, Lou Buche nous attire vers une autre dimension à chaque coup de pinceau. On a voulu connaitre un peu de la magie qui se cachait derrière tout ça, suite à son illustration pour Kiblind « Vertige ».

Véritable orfèvre, Lou Buche travaille les matières et les textures comme on travaillerait de l’or. En les étirant, les malaxant, les courbant, l’illustrateur explore toutes les possibilités qu’offre la matière, que ce soit numériquement ou sur une toile. En perpétuelle expérimentation, l’artiste basé à Amsterdam se plait à adapter sa technique en fonction de différents mediums pour révéler toute la puissance de ses créations, avec lesquelles il aime construire un dialogue.

Qu’elles soient réalisées en solo ou en duo avec Robuche, les oeuvres contemporaines de Lou Buche forment un terrain propice à l’interprétation pour ceux ou celles qui ont la chance de les contempler. Nous lui avons demandé – entre autres – quelques éclaircissements sur son illustration filandreuse et hypnotique réalisée pour Kiblind « Vertige ».

Création originale pour Kibind « Vertige »

Hello Lou. L’illustration que tu nous a proposé pour Kiblind “Vertige” est assez fascinante. Peux-tu nous raconter ton intention ici et l’histoire que tu as voulu raconter ? 

Vertige est déjà un mot assez fort, ça me fait directement penser à Vertigo de Hitchcock, et à la fameuse scène des escaliers. C’est un peu ma définition de base de ce qu’évoque le vertige en moi. J’ai voulu traduire une perte de repères mêlée a un point de fuite bien costaud, en utilisant des couleurs un peu cracra pour bien rester dans le vocabulaire nauséeux. 

Peux-tu nous citer un exemple d’une oeuvre qui t’as donné le vertige récemment ?

Récemment, j’ai eu la chance de repasser par le Musée du Prado à Madrid. On y trouve Le Jardin des délices de Jérome Bosch. La richesse des détails et cette puissante fantasmagorie poussée à l’extrême… Ça me fout le tournis à chaque fois que je la vois. J’aurais bien aimé parler d’une œuvre qui a moins de 500 ans, mais que voulez vous, c’est une image très très forte !

Visuel pour la résidence LYL radio du DJ Juan Tariko

La texture “gluante” dans ton art est récurrente. Avec quels logiciels et comment la travailles-tu ? 

J’ai toujours beaucoup aimé les coulures et les fluides en général. C’est assez intriguant d’essayer de representer avec de belles courbes bien gracieuses des éléments qui le sont un peu moins. Ça m’a toujours paru être un sacré challenge, d’essayer de savoir comment dessiner ces choses molles, qui fondent, qui glissent…En terme de logiciel, j’ai toujours pas mal utilisé Photoshop, et plus récemment j’utilise beaucoup Procreate sur iPad. Jongler entre le dessin papier et la folie de PS ou Procreate, ça permet de pouvoir bien varier les réponses formelles à ces gluants questionnements.

Quelles histoires veux-tu raconter avec tes images ? 

Mon objectif est de donner à mes images la capacité de raconter une multitude d’histoires, en les adaptant soigneusement au medium que j’utilise. Lorsque je m’immerge trop longtemps dans un seul medium, je ressens rapidement le besoin de diversifier mes approches artistiques. Je veux aussi parler de ces histoires là dans mes créations. J’essaie de faire en sorte que les images que je fabrique fassent écho à celles qui les ont précédé et puissent offrir des indices sur celles à venir. Dans cette approche, le travail de Guillaume Pinard est très inspirant. 

« MISC RESEARCH »

Avec ton collectif Robuche, vous enchainez les créations : sculptures, objets, affiches, typographies. Sur quels prochains projets travaillez-vous ? 

On travaille en ce moment sur une bande dessinée en 3 volumes qu’on aimerait terminer pour la fin de l’année. Dans cette lignée, on va bientôt se munir d’une imprimante Riso dans notre atelier, et à terme, on aimerait pouvoir developper une petite structure pour imprimer nos recherches graphiques et expérimentations, sortir des publications plus simplement, plus souvent. On prépare aussi une grosse exposition de peinture qui aura lieu à Madrid en février, dans un espace qui va bientôt ouvrir ses portes.  

Peux-tu nous citer 3 projets qui ont été marquants pour toi et nous dire pourquoi ?

Notre exposition, Travelling without moving, à Future Gallery à Berlin en Juin dernier (2022). Ça a été une vraie étape de développement dans notre travail digital, notamment avec l’apparition de l’Ipad dans notre set d’outils graphiques. On a imprimé toutes nos peintures sur un alliage plexiglas et metal, on voulait avoir cet effet imprimé tout en gardant le coté écran bien saturé.

Oeuvre de l’exposition Travelling Without Moving

Cette année, j’ai aussi pris beaucoup de plaisir à réaliser 5 images commandées par le dj Juan Tariko, qui illustrait ses passages en residence à LYL radio. Pouvoir developper une image de manière libre à l’écoute d’un mix, d’une ambiance particulière, de genres musicaux…c’est des contraintes idéales pour sortir quelque chose de puissant et spontané.

Visuel pour la résidence LYL radio du DJ Juan Tariko

Pour finir, j’ajouterai mon intérêt pour le tatouage en général, qui est un bon laboratoire de recherches graphiques. Ça pousse beaucoup au dessin, à avoir son carnet de croquis un peu tout le temps sur soi, et de savoir que ces gribouillis vont peut être se retrouver sur quelqu’un, c’est une contrainte intéressante et bien particulière. Le genre de ratio peur/excitation qui donne souvent des belles choses.

« MISC RESEARCH »
Contribution au n°1 de Revue Maison
Oeuvre issue de l’exposition Travelling Without Moving

LOU BUCHE // KIBLIND « VERTIGE »

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