[Les Gens du mag] Charline Collette

Charline Collette fait partie des 8 artistes à qui nous avons demandé d’interpréter la thématique « Nuit » qui gouverne à notre numéro 70. Pour l’occase, on lui a posé quelques questions et demandé un petit portfolio.

Avant de bien vouloir dessiner pour nous, Charline Collette est née en 1986. Entre les deux, des études du genre omnivore pour lesquelles elle passera par Estienne, Angoulême, les Beaux-Arts de Paris, la HEAR de Strasbourg et, enfin, Science-Po Strasbourg. Surarmée, elle débarque en 2015 dans le monde fébrile de l’illustration et récolte bientôt les lauriers de son talent avec des livres chez Cambourakis en tant coloriste, chez L’École des Loisirs en tant qu’illustratrice et chez L’Articho en tant que tout, ainsi que des commandes pour Astrapi, Pomme d’Api, Revue XXI ou encore Biscoto, dans lequel nous l’avons découverte.

Il faut bien dire que l’art de Charline Collette n’est pas une petite chose. Aussi à l’aise dans le crayonné que dans la peinture, elle donne à voir un dessin qui se joue de la réalité avec malice. Chaque élément de son dessin devient une excuse pour jouer avec les formes et les couleurs. Et ce qui pourrait passer pour une description figurative d’une scène devient alors une composition abstraite, kaléidoscope pour des yeux qui n’en demandaient pas tant. Le regardeur est comme sous hypnose, happé par la magie de Charline Collette.

 

© Charline Collette
© Charline Collette
© Charline Collette
© Charline Collette
© Charline Collette
© Charline Collette
© Charline Collette
© Charline Collette pour Kiblind

 

Kiblind : Comment es-tu venue à l’illustration ?

Charline Collette : En faisant pas mal de détours ! Après un bac cinéma je suis entrée en fac de sport et philo en double cursus. Je me disais « un esprit sain dans un corps sain, voilà un beau programme ! » Après quelques dissertations et courses de fond je me suis dit qu’il valait peut-être mieux tenter autre chose… Comme je n’arrêtais pas de dessiner, j’ai fait mes valises et j’ai quitté mon petit village franc-comtois pour Paris où j’ai intégré l’école Estienne en gravure.

Après trois belles années les mains dans l’encre et sur les papiers chiffons, je suis partie à Angoulême faire de la BD. J’avais envie de raconter des histoires sans forcément passer des semaines sur une plaque de cuivre. J’ai trouvé là- bas une joyeuse bande de copains qui faisaient des fanzines (c’était le début du festival F.Off de la BD) et j’ai appris à me servir d’un ordinateur et d’une tablette graphique. J’étudiais en parallèle aux beaux-arts de Paris où je continuais la gravure et la sérigraphie; mais l’illustration n’y avait pas vraiment sa place. On me demandait de faire des « grands-formats » et d’arrêter de mettre des petits bonhommes partout… Les cours d’histoire de l’art étaient par contre excellents, c’était ma seule motivation à continuer.

Avec mon diplôme angoumoisin, j’intégrais les arts décoratifs de Strasbourg en 4e année dans l’option illustration guidée par Guilaume Dégé. C’est à ce moment là que j’ai fait mes premiers dessins pour la revue Nyctalope et pour le journal Biscoto. « Publiez, il en restera toujours quelque-chose! », m’avait un jour lancé mon directeur de mémoire. C’était un très bon conseil.

 

Kiblind : Comment as-tu pensé ce dessin ?

Charline Collette : Quand on m’a proposé de participer au numéro « Nuit », j’ai tout de suite eu l’image de ce moment que j’avais vécu au printemps dernier : la rencontre de nuit dans le Jura avec un lynx.J’ai essayé de reconstituer la scène, comme si je menais une enquête. Je voulais qu’on sente l’étonnement aussi bien chez le personnage que chez le lynx, un étonnement plus curieux que béat, une petite apparition accentuée par la lumière des phares.

 

Kiblind : Quelle technique as-tu utilisé ?

Charline Collette : J’ai mélangé pas mal de choses : du crayon pour faire l’esquisse, des feutres fins pour l’encrage, un fond bleu à la gouache pour avoir des matières, et des couleurs numériques pour finir le tout.

 

Kiblind : Quelles sont tes références majeures ?

Charline Collette : Les premiers ouvrages du Père Castor, sans hésiter, en particulier la collection « Les enfants de la terre ». Chaque album correspond à un pays ou à une époque. On y suit la vie d’un enfant en découvrant son quotidien : ce qu’il mange, comment il s’habille, à quoi ressemble sa maison avec toujours en toile de fond une petite histoire qui nous lie aux personnages et nous les rend très familiers… Je rêve secrètement de continuer cette collection.

 

Kiblind : De qui conseilles-tu le travail actuellement ?

Charline Collette : C’est surtout des auteurs de BD qui me viennent en tête, mais le top five de ma bibliothèque en ce moment c’est Delphine Panique, Yoon-Sun Park, Anne Simon, Camille Jourdy et Léon Maret.

 

Kiblind : Quels sont tes projets ?

Charline Collette : Je prépare ma première BD, une série d’histoires courtes inspirées par des récits enregistrés, des souvenirs racontés qui ont tous un lien avec la forêt. Elle s’appellera Au Bois et sortira en septembre 2020 chez Les Fourmis Rouges. Je travaille en parallèle à un album jeunesse chez L’Agrume qui se passe lui aussi dans la forêt, une année sylvestre quoi !

Sinon j’ai toujours des projets de films d’animation documentaire en papiers découpés avec mon acolyte Myriam Raccah, et d’autres livres en préparation dans mes cartons…

 

Charline Collette / Instagram

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