Les Gens du Mag : Camille Gobourg

Dans la liste de nos fiertés locales figure une certaine Camille Gobourg. Malheur, elle n’avait jamais été publiée dans notre magazine. Ouf, la situation est enfin rétablie grâce à notre numéro « Cover ». Et avec une interview en prime.

Il y a un petit quelque chose de Ghibli chez Camille Gobourg. Cette façon de réenchanter la nature, de lui donner une âme et un mouvement qui en affirme le pouvoir. Son travail sur les ombres et la lumière, sur les couleurs à la limite du vraisemblable, ses compositions remplies à ras bord de formes simples qui composent une mosaïque fascinante, tout ça rend ses images quasiment palpables. Il faut se rendre à l’évidence : il y a bien quelque chose qu’on ne peut saisir chez l’illustratrice lyonnaise, quelque chose de magique, tout simplement.

Cette magie, Camille l’a déjà mise aux services du journal ERRATUM, du groupe Khruangbin, de son collectif Bourrage Papier ou encore des éditions Matière Grasse. Il y a peu, on a aussi eu la chance d’en profiter un petit peu. Pour notre numéro « Cover », nous avons demandé à l’illustratrice de dessiner le morceau « J’ai oublié » de celle qui elle, envoute grâce à ses cordes vocales : Pi Ja Ma. Ça donne cette sublime interprétation graphique de « J’ai oublié » (Bleepmachine).

« J’ai oublié » de Pi Ja Ma illustré par Camille Gobourg

Hello Camille ! Pour notre numéro Cover, on t’as demandé de réaliser un exercice un peu spécial : illustrer le morceau « J’ai oublié » de Pi Ja Ma. Qu’est-ce que ce morceau t’as inspiré à la première écoute ?

C’est un morceau assez sombre et en même temps d’empouvoirement personnel. Elle parle d’une relation passé qu’elle a eu avec quelqu’un de toxique ; pour l’illustrer les plantes carnivores, qui dévorent leurs proies doucement, me sont apparues tout de suite. C’est un texte qui brûle calmement, où elle dit ce qu’elle sur le cœur puis en ressort plus forte. C’est pour ça que j’ai choisi de la représenter dansant dans les plantes carnivores.

Peux-tu nous parler de l’illustration que tu as réalisé ?

Le visuel que j’ai fait est très proche de mon premier croquis. J’hésitais avec un autre représentant un mobile qui aurait eu au bout de chaque fils, différents objets cités dans les paroles. Mais comme souvent je suis revenue à ma première idée. Pour le dessin final j’ai utilisé des crayons de couleurs et des feutres à alcool.

Mixtape illustrée Kiblind avec en couverture, l’illustration de Camille Gobourg

Avais-tu déjà réalisé des artworks pour des pochettes de disques avant ça ? 

Non jamais, mais c’est un exercice que j’aime particulièrement. Après j’ai eu la chance d’illustrer une affiche pour un des concerts de Khruangbin. Je trouve ça vraiment inspirant d’avoir un son comme base pour imaginer un visuel, c’est déjà un brief à part entière. On l’écoute et tout de suite il y a une ambiance, des couleurs qui apparaissent.  En tout cas ça me plairait d’avoir d’autres projets qui touchent au milieu de la musique.

Affiche pour un des concerts de Khruangbin

On parle d’ailleurs principalement de pochettes dans notre nouveau magazine. Y en a t’il une qui t’as marqué plus que les autres graphiquement ?

Le premier disque que j’ai acheté en arrivant à Lyon il y a 4 ans, Healing cycles de Koyil, la pochette peinte par Alina Vinogradova était un vrai coup de cœur.  Sinon il y a quelques année à Emmaüs j’ai trouvé un disque de berceuse «Berceuses du monde entier» de Colette Magny, Naomi Moody, Talila, Marina Vlady et Brenda Wootton dont l’objet est incroyable ; il y a toute une partie pop-up avec un lit en volume dessiné par Henri Galeron, c’est sans aucun doute un de mes objets préférés ! 

Comme beaucoup d’illustrateur.rices, tu as réalisé une (très chouette) affiche pour Khruangbin. On se demandait : est-ce que se faire valider par Khruangbin n’est pas le nouveau signe de reconnaissance convoité par tout illustrateur.rice ? 🙂 

A vrai dire avant d’avoir ce projet j’écoutais leur musique mais je ne suivais pas leur communication de près. Le premier contact s’est fait en Mai 2021, c’était juste avant la vague d’affiches illustrées publiées sur leur instagram. Du coup je n’ai pas eu le temps de convoiter ce projet. Mais être contacté par Laura Lee sur insta qui te demande  » Hi there! Are you accepting commissions right now ? « , ça fait plaisir !  Du coup maintenant j’ai plutôt l’impression de faire partie d’une petite famille d’illustrateurs-ices de poster de Khruangbin. Et des fois je vois qu’un.e pote à sortie un poster pour eux, par exemple récemment Pierre Arsène Maurice. D’ailleurs Laura Lee m’a proposé de faire cette affiche juste après que vous ailliez posté une de mes images sur votre page insta, coïncidence ? Je ne pense pas..

Tes illustrations foisonnantes et très végétales nous laissent penser que tu passes beaucoup de temps à te balader dans la Nature. Quand tu ne peux pas y être, où puises-tu tes références ? 

J’essaye de m’entourer au maximum de choses que j’aime visuellement pour me créer une sorte de cocon créatif.  J’adore chiner des choses sur brocantes ou vides greniers ; à chaque fois c’est comme dénicher un trésor c’est toujours inattendu et satisfaisant. J’aime les objets illustrés, dont je commence à avoir une belle collection ( livre jeunesse, bd, fanzines, jeux de cartes, poster, disques, céramique etc…).  Sinon je regarde régulièrement des films, des films animés et des documentaires Arte.  Pour les références végétales, je vais régulièrement en Ardèche où je fais pas mal de croquis pour me constituer une bibliothèque de formes, une sorte d’herbier dessiné. Je m’en sers ensuite pour alimenter mes dessins une fois attablée à mon bureau.  Mais la plupart du temps quand je dessine je n’ai pas de référence sous les yeux c’est plutôt une image qui se construit au fur et à mesure. Et quand j’ai un trou d’imagination je fais une sieste et en général ça apparaît à ce moment-là. 

Quels sont les techniques et outils que tu privilégies pour dessiner ?  

J’ai deux techniques de prédilection : illustrator et la combinaison crayons de couleurs / feutres à alcool. Illustrator est un outil que j’utilise depuis mes études de graphisme et avec lequel je dessine assez vite. Je l’utilise aussi bien pour faire des images finies que pour faire des croquis que j’imprime pour ensuite les décalquer à la table lumineuse.  Mais c’est un outil qui a un rendu assez froid, c’est pour ça que j’aime bien imprimer mes images avec des techniques qui ramènent de la matière comme la sérigraphie, la risographie ou plus récemment au plotter. 

Et depuis début 2021 les feutres à alcool. C’est un outil que j’apprécie pour la texture que donne les aplats et pour les couleurs de la gamme promarker. J’ai redécouvert cette technique sur les conseils de Samuel Bas. Ça a été un vrai plaisir de reprendre le dessin à la main. Depuis je ne m’arrête plus ! 

Mini Chien
Mini Elfe

Peux-tu nous parler de 3 projets que tu as réalisé et qui ont été particulièrement marquants pour toi jusqu’ici ?

J’ai entre autres participé à deux revues collectives ; Matière Grasse n°5 sur le thème des fakes news et «Le jour d’après» de Mondo Zéro Press.

Matière Grasse n°5, sortie l’année dernière, est imprimée tout en gravure sur bois, ce qui fonctionnait bien avec mon dessin à illustrator. Chaque auteur.ice ;invité.es a fait une bd de quelques pages sur une fake news. Je me suis bien amusée à faire ce projet et comme tout ce qu’il édite, l’objet est vraiment beau et une fois ouvert on ne s’ennuie pas !

Matière Grasse n°5

«Le jour d’après» sortie en avril, regroupe 36 artistes internationaux qui présentent un dessin sur le thème du jour d’après la fin du monde. La sélection d’artistes est vraiment riche, j’étais ravie qu’ils me proposent d’en faire partie. Comme l’impression était prévue en numérique j’ai fait un dessin aux feutres, c’est le premier dessin où j’ai utilisé des dégradés entre différentes teintes. 

«Le jour d’après»

Sinon j’ai un projet de bande dessinée encore en cours qui sortira aux éditions Panthéra. Au départ c’est Marianne Selli qui m’a contacté pour me proposer de faire partie de leur maison d’édition, en me demandant si je voulais illustrer un texte d’auteur.ice ou si j’avais des projets personnels que j’aimerais développer. De fait, j’avais dans mes tiroirs ce projet de bande-dessinée avec une centaine de pages de storyboard. Je l’avais commencé en me disant que je le présenterais peut-être à une maison d’édition une fois fini. Et bien elles m’ont trouvée avant ! 

Mixtape illustrée Kiblind – Disponible en exclusivité dans
notre atelier lyonnais et dans notre boutique au 104 à Paris

KIBLIND COVER // CAMILLE GOBOURG

(En plus des légendes sous les photos que j’ai mis, et de la vidéo avec le morceau, est-ce que tu peux ajouter une photo de sa pochette de vinyle pref dont elle parlera dans l’interview stp ? cf. article de Camille Potte par ex. Merci!)

Restez Connecté

Recevez nos dernières actus, nouveaux talents et musique

Fermer la recherche