Anto Metzger fabrique des illustrations dont la drôlerie n’ont d’égal que leur douceur. Pour notre numéro « Monstres », l’illustratrice strasbourgeoise avait inventé un type de monstre qu’on a tous forcément déjà croisé. Une solution pour lever le mystère sur ce dernier : lire cet article.
Il y a dans les illustrations et les récits d’Anto Metzger cette jolie naïveté de l’enfance qu’on aimerait porter en nous toute notre vie. Mais ne nous y méprenons pas : les dessins de celle qui a décroché le prix Jeunes Talents du Festival D’Angoulême en 2022, sont toujours balancées avec la juste dose de second degré. Adepte de la boutade et de la tournure rieuse, Anto peut faire dire ce qu’elle veut à ses animaux et à ses jolis personnages, et elle ne s’en prive pas. Il n’y a d’ailleurs qu’à lire les noms des fanzines à l’instar de Lâchez ce sécateur où je dénonce votre chien et Le répondeur des oiseaux pour s’en rendre compte.
Fidèle à elle même, l’illustratrice strasbourgeoise a inventé un nouveau type de monstres aussi absurde que génial pour notre numéro sorti cet hiver. On a discuté de ces petites créatures sympathiques et de plein d’autres sujets avec elle.
Hello Anto. Pour notre magazine Kiblind « Monstres », tu as donné naissance à une nouvelle catégorie de monstres : les Crasponges. En as-tu déjà croisé en faisant ta vaisselle ?
Oui tout à fait, je les ai capturé puis relâché en forêt. Notre cohabitation ne fonctionnait pas malgré leur très bon sens du rythme.
Peux-tu nous donner ta définition du monstre ?
Le monstre pour moi est un créature inventée qui surprend et symbolise des choses. J’ai fait quelque chose de très léger / marrant parce que ça m’a amusé à ce moment là, mais j’avais pensé à des créatures plus troublantes comme le monstre de l’indécision etc…
Dans tes dessins, une place importante est accordée à la narration. Quels sont les thèmes que tu préfères aborder ?
Je crois que dans mes petites histoires, sans que je fasse vraiment exprès, les personnages sont souvent un peu perdus ou pas trop à leur place, le thème de l’amitié revient pas mal, les animaux aussi. J’aimerais bien aborder des questions politiques aussi mais pour l’instant je n’ai pas trop trouvé comment en gardant le ton plutôt humoristique que j’ai.
Selon toi, qu’est-ce qu’un bon personnage de BD ?
Je dirais que c’est un personnage qui est expressif, qui transmet des émotions et qui a des contradictions pour ressembler aux vraies personnes. J’aime beaucoup aussi si iels sont drôles bien sûr.
L’obtention du prix Jeunes Talents au FIBD 2022 t’as t’elle ouvert des portes dans le milieu de l’édition ?
J’ai eu des contacts avec des maisons d’édition mais rien de concret pour le moment.
Sur quel.s projet.s travailles-tu en ce moment?
Je suis en train de terminer un projet de fanzine sur un porc-épic nommé « Pork and the épique style de vie ». C’est sa vie quotidienne. Parfois aussi, il est triste. Il n’y a pas vraiment d’histoire, c’était plus pour m’amuser avec le dessin et l’écriture et faire exister ce petit personnage marrant et aussi secoué par la vie. Sinon, j’ai fait des dessins dont les profits reviendront aux caisses de grève. C’est particulièrement dur je trouve, en ce moment, de se concentrer sur de nouvelles choses en étant détachée des actualités politiques super révoltantes.
Peux-tu nous citer 3 projets qui ont été marquants pour toi et nous dire pourquoi ?
Le répondeur des oiseaux : C’est la bande dessinée que j’ai réalisé pour le concours Jeune Talent l’année dernière. C’était une tentative de trouver un ton de récit plus poétique et un peu plus sombre, tout en restant dans quelque chose d’assez absurde mais qui exprime quand même des choses. L’histoire, c’est que les oiseaux ont disparu et que les humain.e.s essaient désespérément de les joindre mais iels tombent sur leur répondeur. C’est une idée qui m’est venu un peu mystérieusement et c’était aussi une idée formelle mais je crois que ça parle quand même de comment la nature est détruite par l’activité humaine et comment les animaux disparaissent pour de vrai. J’étais contente que ça ait plu / touché des personnes, ça m’a donné envie de poursuivre mes expérimentations en BD.
Lâchez ce sécateur où je dénonce votre chien : c’est un fanzine que j’ai fait avec mon amie Inès Rousset. On a dessiné et écrit à quatre mains, chacune faisait un dessin puis on les échangeait et on écrivait dans les bulles. On s’est beaucoup amusées à le faire et ça m’a donné envie de continuer à faire des projets collectifs.
Une matinée tout à fait ordinaire : c’est un livre écrit et mis en page par mon amie Gabrielle d’Alessandro. Moi j’ai juste fait des dessins en vrac d’après ses textes et elle les a utilisé comme bon lui semblait. C’était une autre manière de travailler ensemble qui était super chouette. C’était intéressant aussi car c’était un ton de récit dont j’ai moins l’habitude, car j’écris souvent des choses plutôt légères et ce texte là, même si il est aussi drôle par moment, aborde un sujet assez deep (le phénomène psychologique de la déréalisation).
