Animation : Les films de Jean-Charles Mbotti Malolo

Portrait en plusieurs films du réalisateur et illustrateur Jean-Charles Mbotti Malolo.

Un peu jetlagué par cette année bizarre, le festival international du film d’animation d’Annecy a néanmoins réussi à souffler ses 60 bougies en ce joli mois de juin. Un beau chiffre pour un rendez-vous annuel qui compte parmi les plus grandes manifestations internationales en la matière, dont l’affiche a été signée par Jean-Charles Mbotti Malolo, un artiste qu’on aime bien, et qui aime danser entre image fixe et animée.

Jean-Charles Mbotti Malolo est né dans la région lyonnaise dans les années 80. Illustrateur donc, mais aussi réalisateur, il raconte des histoires dont le thème principal est le mouvement. Sans doute à cause de sa passion pour la danse, qu’il a rencontrée très tôt et qui se glisse toujours gracieusement dans son travail à travers le ballet des images qu’il enchaîne avec une grande fluidité. « La danse et l’animation, c’est la même chose pour moi : une question de mouvement ». C’est cette découverte intime qui l’a poussé à intégrer l’école Émile Cohl dans la spécialité animation, « pour raconter des histoires ».


Durant ses années d’études, il travaille beaucoup son dessin, son trait, sa technique et apprivoise l’image fixe d’abord sur papier, avec le crayon et la gouache. Un apprentissage qui le situe davantage du côté « artisanal » de l’art animé, plus proche de l’édition que du digital. Et quelques années plus tard, en 2007, il sort de l’école avec les félicitations du jury et un film de fin d’étude, Le Cœur est un métronome, témoignage sincère de son parcours, entre danse et dessin, qui raconte sa propre histoire, à travers la relation d’un père et de son fils. Il est récompensé l’année suivante en recevant le Prix du meilleur premier film au festival d’Hiroshima, ce qui marque son entrée sur la scène internationale du cinéma d’animation.

Confronté à l’impossibilité de faire un choix professionnel entre ses deux passions, il va choisir de ne pas choisir. Côté danse, il intègre en 2008 la compagnie Stylistik comme danseur-interprète, et deviendra par la suite chorégraphe pour le collectif La Piraterie. Côté animation, il va d’abord produire des décors pour d’autres réalisateurs, en se lançant en parallèle dans l’écriture d’un nouveau film, Le Sens du toucher. Et en 2010, Jacques-Rémy Girerd le contacte pour travailler sur les décors de son long-métrage Tante Hilda ! au studio Folimage. « En arrivant à Folimage, j’ai vraiment découvert le milieu de l’animation, entouré de professionnel qui m’ont donné de l’élan pour mon travail personnel. Je travaillais sur Tante Hilda ! et durant les temps de pause je baignais dans l’état d’esprit du studio, entouré de collègues avec lesquels je pouvais parler de mon projet personnel au coin d’une table, montrer les premières ébauches des personnages que je venais de peindre à la gouache, prendre leurs avis, leurs conseils, et avancer plus vite. » Et en effet ça s’accélère : présenté au Carrefour de la Création du festival d’Annecy l’année suivante, son projet de film est lauréat du Prix Arte France ; Folimage se positionne alors naturellement pour le produire ; et deux ans plus tard, en 2014, le film est terminé. « C’est grâce à ce film, Le Sens du toucher, que j’ai pu commencer « à exister » en tant qu’auteur et réalisateur de film d’animation. »

Les choses s’enchaînent de belle manière, assez musicalement. Pendant qu’il était en train de finaliser et peaufinait son film, Amaury Ovise de Kazak Productions le contacte pour une autre commande : Please Please Please, un film sur James Brown et Salomon Burke, dans l’univers graphique de Simon Roussin. Sur le papier, c’est génial. Mais l’angle narratif ne lui plaît pas. On lui propose alors de participer à l’écriture ; et ce qui était au départ un film de commande, est devenu un film personnel. Finalement rebaptisé Make It Soul, le court-métrage fait le tour des festivals et rentre même dans le cercle très fermé des nominés aux Césars en 2020.


Ce genre de chemin entraîne une certaine visibilité. Aussi Marcel Jean, le délégué artistique du festival d’Annecy, ayant adoré Make It Soul, invita ses auteurs de réaliser à quatre mains l’affiche de l’édition 2020. Un beau travail qui malheureusement n’eut pas l’exposition qu’il méritait, à cause des événements que l’on sait. La proposition fut alors généreusement reconduite en 2021, et Jean-Charles Mbotti Malolo se retrouva finalement en solo pour l’exercice. « Simon était trop occupé sur un projet de BD. Alors j’ai ressorti mes pinceaux, j’ai pris du temps, pour peindre, renouer avec l’illustration. » Ce qui nous amène à l’affiche d’aujourd’hui.

Et pour finir avec un petit bonus estival, on vous présente Waves, une petite création de 2′ réalisée en 2015.

Filmographie de Jean-Charles Mbotti Malolo :

  • Le Cœur est un métronome (2007)
  • Le Sens du toucher (2014)
  • Waves (2015)
  • Make It Soul (2018)
  • Short cut North by Northwest (2018)
  • Ex aequo (2021)

JEAN-CHARLES MBOTTI MALOLO

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