Décryptage : nos clips animés préférés de novembre

Chaque mois, Kiblind donne la parole à l’artiste derrière l’artiste : l’illustrateur.rice chargé.e de retranscrire la musique en images. Retrouvez (plus ou moins en retard) nos clips musicaux animés préférés du mois de novembre, décryptés par ceux qui les ont fabriqués.

Chaque fin de mois, Kiblind donne la parole à l’artiste derrière l’artiste : l’illustrateur.rice chargé.e de retranscrire la musique en images. Retrouvez nos clips musicaux animés préférés de ce mois de novembre, décryptés par ceux qui les ont fabriqués.

On ne vous l’apprendra pas : l’illustration est partout. Elle a envahi nos murs, nos comptes Instagram (bon, on y est peut-être pour quelque chose), nos objets, nos vêtements, nos pochettes de disques, notre page Youtube… Et c’est bien normal, il faut dire que c’est elle la meilleure toutes catégories pour faire joliment passer des messages et provoquer des émotions. Les artistes là dessous l’ont bien compris et l’ont utilisé au service d’un autre art capital : la musique.

Voici donc la sélection de nos clips animés et illustrés chouchous du mois de novembre, décortiqués par leurs créateur.rice.s qui ont gentiment répondu à nos questions.

KOWSKII FEAT. AO – TOKYO X9

ILLUSTRATION / ANIMATION : KOWSKII & VITALE GEOFFREY

Salut Kowskii, comment occupes-tu ta vie de métahumain ?

Je ne suis pas vraiment un metahumain, c’est juste une technologie que j’utilise pas mal actuellement pour communiquer avec les humains. En ce moment, je suis assez affairé a développer cette technologie dans tous les sens, elle pourrait par exemple nous servir pour de futurs shows ou livestreams…

Cette fois, tu as accompagné ton morceau d’un clip 3D, peux-tu nous décrire les différentes étapes de création ?

L’idée du clip vient à la base d’un travail entre Woodkid et Nicolas Ghesquière pour une campagne Louis Vuitton, “SIX GIRLS”, qui m’a poussé à développer un clip en wireframe. J’ai commencé par créer la ville qui sert d’environnement, ce qui m’a inspiré les autres modèles, plans de cameras etc… C’était un peu comme déplacer des figurines dans une maquette, j’avais l’impression de jouer aux legos et ça a directement amené quasiment toutes les idées. C’est vraiment le genre de processus créatif que je cherche à chaque fois, avoir l’impression de jouer.

Comment t’es-tu lancé dans l’animation ?

J’ai grandi avec mon père graphiste, donc assez tôt j’ai découvert des logiciels comme Photoshop, Cinema 4D, After Effects… le graphisme a toujours été important pour moi. Étant aussi éduqué aux jeux-vidéos, je suis rapidement arrivé à l’animation. Le clip a d’ailleurs été développé dans un moteur de jeux vidéo.

Il y a un vrai récit dans ce clip, peux-tu nous l’expliquer ?

L’histoire est inspirée de romans SF / d’anticipations du genre Asimov, Barjavel, Silverberg… Ça raconte l’histoire d’un monde futur qui se développe à la verticale ; les grandes villes se dupliquent et ressemblent à d’immenses immeubles qui possèdent chacun une centaine d’étages.  TOKYO X9 signifie : Tokyo n°10, neuvième étage. Les étages sont associés à des classes sociales et le clip représente ça de façon assez minimaliste.  J’avais pas envie de rentrer dans une représentation trop évidente du futur (néons partout, robots…).

Combien de temps as-tu passé sur cette vidéo à la louche ?

On a mis un mois à le faire en entier, à deux. 

As-tu déjà d’autres projets en tête liant la musique et l’animation ?

Oui. Comme je l’ai dit précédemment, en ce moment c’est l’animation en direct qui m’intéresse, avec la team de Paris Western on travaille sur de l’AR Compositing, capture 4D… Des projets vont aussi définitivement arriver pour le metaverse que développe Meta, l’objectif sera avec cette technologie de pouvoir vivre un clip et non plus juste de le regarder. Ce serait pas super de se balader dans les rues de TOKYO X9 pendant que tout explose ? 😉

Quels films d’animation te fascine ?

C’est une série, mais y’a pas si longtemps j’ai découvert Love, Death + Robots qui m’a clairement mis une claque. Chaque épisode est un nouveau court-métrage avec à chaque fois une DA différente… ça tue. Petit, je me souviens avoir été marqué par Les Aventures de Tintin de Spielberg et plus récemment Spiderman : into the Spider-Verse. Sinon, j’ai évidement grandi avec les Pixar qui ont du inspirer toute une génération, et ça c’est beau !

JAKEZ ORKEZTRA – L’ÂGE D’OR

ILLUSTRATION / ANIMATION : YANN LE BORGNE

Salut Yann, ce morceau de Jakez Orkeztra est extrait de l’album Cosmolitude 2021 qui est aussi un spectacle. Peux-tu nous en dire plus sur ce projet auquel tu participes ? 

Salut. C’est un projet global que nous avons monté avec le Jakez Orkeztra et Christian Humbert-Droz, sérigraphe, en avril 2019. Nous voulions travailler ensemble depuis longtemps et le festival BD à Bastia a servi de déclencheur. Le Jakez a donc proposé une suite musicale de chansons enchainées sur laquelle je pourrais me lâcher visuellement. La thématique de science-fiction m’a forcément attiré et j’avais carte blanche. Très vite sont nées les idées d’en faire un roman graphique et un spectacle dont la scénographie serait basée sur les principes d’impression.

Le clip de « L’âge d’or » a été réalisé en stop motion en encre sur verre. Peux-tu nous décrire ses étapes de conception / fabrication ? 

Ce clip est d’abord venu du besoin d’avoir une video projetée en live pendant le concert. Le livre étant entièrement fait de gravures, je voulais retravailler ce médium en animation. J’ai alors appelé Christine Bartoli, qui venait de monter son studio d’animation La Part de l’Ombre pour lui demander conseil. Elle m’a dit « On se voit après demain ? », j’ai dit «  K ! » et c’était parti ! On a d’abord voulu expérimenter la technique. C’est de l’encre d’impression étalée sur une plaque de verre rétro-éclairée. Je dessine dans l’encre ou avec et je modifie mon dessin à chaque frame. C’est un mélange entre le stop-motion et l’animation traditionnelle. Ensuite, les choses se sont enchaînées. Nous avons avancé sur le film au fur et à mesure, sans vraiment de préparation, au feeling. C’est seulement pour la deuxième partie du clip que le besoin d’avoir un story board et une écriture s’est fait ressentir.

Quelles libertés as-tu pu t’accorder sur cette vidéo au niveau de la narration ? 

La liberté a été totale, comme sur toutes les facettes du projet. J’ai eu la chance de travailler avec des amis qui me faisaient confiance et appréciaient mon travail. Pour le clip, le travail avec Christine s’est fait naturellement. Nous étions tous les deux très excités par la technique que nous découvrions au jour le jour. La narration est plutôt reliée au texte de Jacky Le Menn, à qui j’ai soumis en amont ma compréhension de sa poésie. J’avais vraiment peur de passer à côté mais quand il donne carte blanche, ben…il donne carte blanche.

Un roman graphique a aussi vu le jour dans le cadre du projet Cosmolitude 2021, de quelle façon est-il lié à l’album ? 

De toutes les façons possibles ! C’est un roman graphique édité par Drozophile, la maison d’édition de Christian Humbert-Droz, lui-même partie prenante de la scénographie du spectacle. Les passerelles sont très nombreuses entre les différents aspects du projet. Pour le livre, je suis parti d’une suite musicale de cinq chansons qui formait la base de l’histoire. On s’est vite rendu compte qu’il fallait plus de musique pour faire un spectacle assez long. Donc, des chansons se sont rajoutées au fur et à mesure et ma sélection de celles que j’allais illustrer s’est étoffée. J’ai changé quelques chapitres en cours de route. L’album est donc la bande-son du roman graphique sauf que ce dernier est une relecture de l’album (suis-je assez clair ?)

Tu fais partie du collectif de films d’animation π²k², peux-tu nous citer quelques projets réalisés par ce biais ? 

Ce collectif est né d’une envie commune avec des potes de faire de l’animation. Thomas Silvert et Julien Veronneau réalisaient déjà depuis quelques années les teasers de BD à Bastia. Nous avons ensemble fait celui de Cosmolitude 2021. Nous avons également (avec André-Louis Quinton et Sébastien Dellapina) réalisé deux court métrages lors du Pixel Week-End, challenge organisé par le Fablab de Corte durant lequel nous avons 48h pour créer un petit film d’animation. Et je dois aussi citer Lisandra Quiriconi avec qui sommes en train de développer une petite série.

HAVIAH MIGHTY – SO SO FT. DAI BURGER

ILLUSTRATION / ANIMATION : BLACKPOWERBARBIE

Salut Amika, peux-tu nous parler un peu de toi et de ton parcours dans l’animation ?

Salut ! J’ai 29 ans et je vis à Brooklyn, à New York. J’ai toujours été créative dans ma vie mais je me suis familiarisée avec l’animation pendant mon cursus de production audiovisuelle à l’Université. L’animation n’était qu’une toute petite partie du programme donc je dirais que je me suis auto-formée à 95%. En 2017, deux ans après avoir eu mon diplôme, j’ai décidé d’arrêter de travailler dans la production et de me lancer en tant qu’artiste freelance.

Quels étaient les désirs de Haviah Mighty pour ce clip ?

Haviah a été très sympa de me laisser avec une liberté de création maximale. Elle voulait juste que cette vidéo soit particulièrement vibrante et légère.

Pourquoi cette animation dans l’espace mais surtout : pourquoi ce vaisseau burger ?

L’afrofuturisme est un thème récurrent de mon travail et cette esthétique colle bien avec les identités d’Haviah et de Dai en tant qu’artistes, d’où l’espace. Dai Burger est sur une soucoupe volante cheeseburger, parce que bien sûr, c’est tout de suite plus fun qu’une soucoupe classique. Haviah voulait que j’ajoute du fun à cette vidéo, ce que je fais de toute façon toujours.

Tu t’es spécialisée dans l’animation, peux-tu nous parler des autres projets qui t’ont particulièrement impacté ?

En terme d’animation, je suis super fière de la vidéo hommage à Mohammad Ali que Sony Music et BET m’ont demandé de faire. Je suis fière du travail que j’ai réussi à accomplir en deux semaines avec l’aide d’Albert Chan. C’était la consécration après avoir passé des années à travailler mon art. Si un projet me donne le sentiment d’avoir grandit en tant qu’artiste, à la fois artistiquement et techniquement, alors, je pense que ça a eu un impact sur moi.

Tu mets particulièrement en avant les femmes noires dans tes dessins, y a t’il un message en particulier que tu veux faire passer ?

Je suis une femme noire, donc au-delà des implications positives de la représentation pour tous les groupes démographiques, je ne pense pas que cela aurait beaucoup de sens si le sujet par défaut de mon travail ne reflétait pas ma propre identité.

As-tu envie d’essayer une nouvelle discipline en relation avec l’illustration ?

En termes d’illustration, je m’éloigne d’une pratique essentiellement numérique pour me concentrer sur le travail analogique fait à la main – du moins dans mes projets personnels. En outre, je pense que mon travail a été assez solitaire et que le fait de me connecter davantage avec d’autres illustrateur.rices et d’être inspirée par eux enrichira non seulement mon travail, mais aussi ma vie !

PRINCESSE – TRÈS FORT, TRÈS BEAU

ILLUSTRATION / ANIMATION : PRINCESSE

Salut, tu as réalisé toi même ton clip, quel est ton lien avec l’animation / l’illustration ?

C’est ma première tentative de faire de l’animation, alors que ça a toujours été un fantasme. C’est grâce à Armand, qui m’a prêté une tablette graphique assez cool, avec laquelle je me suis beaucoup amusé. Par contre, j’ai toujours dessiné, depuis tout petit, et ne me suis jamais vraiment arrêté. Jusqu’à présent, je ne dessinais que pour moi, c’est la première fois que j’utilise ça de manière publique. Plus généralement, je trouve qu’à une époque où nous sommes engloutis sous des tonnes de photos qui finissent par toutes se ressembler, l’illustration nous permet de nous rafraîchir le regard, en nous invitant à découvrir des univers plus singuliers, plus personnels et, souvent, plus bizarres. Et dieu sait que le beau bizarre, on en a besoin.

Il faut beaucoup d’imagination pour trouver un lien entre toutes ses formes, comment as-tu écrit cette histoire  ?

J’ai tout fait au fil de l’eau, de manière complètement instinctive. J’ai puisé pas mal de séquences dans l’histoire de l’art, avec des clins d’oeil à des figures mythologiques, aux préraphaélites, aux dessins de Cocteau, à La Linéa, ce génial dessin animé italien de Osvaldo Cavandoli. Et puis parfois, je suis juste resté le nez levé en regardant autour de moi, jusqu’à trouver l’inspiration devant une jeune pousse de ma monstera.

Est-ce que tu travailles en ce moment sur un autre projet d’animation ?

J’aimerais bien réaliser une vidéo pour « tout est dérisoire », qui est la chanson dont je suis le plus fier, et à laquelle j’aimerais offrir quelque chose de beau. J’ai eu une vision, avec un écran partagé en deux, dessin blanc sur fond noir, à droite, et dessin noir sur fond bleu, à gauche, avec un jeu de transformation, encore une fois, quand les choses passeraient d’un côté à l’autre de l’écran. Malheureusement, je manque de temps, en ce moment, car je suis devenu professeur de français depuis septembre (alors que j’étais encore au chômage, quand j’ai conçu la vidéo de « très fort, très beau » !).

Par rapport à “Petites Morsures”, “Très fort, très beau” a l’air de plus pencher vers l’illustration. Quelles sont les illustrateur.rices qui t’inspires ?

J’aime beaucoup quelques artistes qui réussissent à traduire la sensualité, le désir, et toutes les tensions qui peuvent traverser les corps, avec une certaine économie de moyen, comme Alpha Channeling, Safia Bahmed Schwartz ou Petites luxures. Même idée, mais avec bien plus d’extravagance et une certaine virtuosité, je suis assez fasciné par les créations de Isa Muguruza ou Clémence Moutoussamy. Du côté du lol, dans des styles très différents mais réunis par une passion pour l’humour semi-dépressif, j’adore Webcomicname, Poorly Drawn Lines, David Snug, Camille Potte, Olivier Laude et, bien sûr, Fabcaro.

Peux-tu nous parler de ton projet musical ?

Trois garçons de province qui se rencontrent accoudés à des comptoirs parisiens et décident d’unir leur fragilités pour faire de la musique sexysensible, qui tente de synchroniser les battements du désir et les aléas des sentiments, quatre temps par mesure. On a plein de chansons enregistrées, sous le coude, et je pense qu’on va finir par tout balancer début 2021, sans plan de carrière ni entourage, parce qu’il semblerait que l’industrie musicale indé soit en PLS, depuis quelques temps.

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