Décryptage : Nos clips animés préférés de Mai

Chaque fin de mois, Kiblind donne la parole à l’artiste derrière l’artiste : l’illustrateur.rice chargé.e de retranscrire la musique en images. Retrouvez nos clips musicaux animés préférés du mois de mai décryptés par ceux qui les ont fabriqués.

On ne vous l’apprendra pas : l’illustration est partout. Elle a envahi nos murs, nos comptes Instagram (bon, on y est peut-être pour quelque chose), nos objets, nos vêtements, nos pochettes de disques, notre page Youtube… Et c’est bien normal, il faut dire que c’est elle la meilleure toutes catégories pour faire joliment passer des messages et provoquer des émotions. Les artistes là dessous l’ont bien compris et l’ont utilisé au service d’un autre art capital : la musique.

Voici donc la sélection de nos clips animés et illustrés chouchous du mois de mai, décortiqués par leurs créateur.rice.s qui ont gentiment répondu à nos questions.

GRAND HALL – LES PROMESSES DE L’AUBE

ANIMATION : SÉBASTIEN AIROLA

Bonjour Sébastien. Comment t’es-tu formé à l’illustration / l’animation ? 

Bonjour Kiblind, j’ai toujours été intéressé par le dessin (et notamment le dessin animé), mais tout cela est devenu beaucoup plus concret quand je suis rentré à l’école Pivaut de Nantes en 2016. Après deux années préparatoire, j’ai choisi la spécialisation animation 2D, puis j’ai ensuite réalisé mon premier court-métrage lors de mon diplôme. J’ai ensuite fait les décors d’une série animée pour la télévision, avant d’être contacté par Grand Hall pour la réalisation de leur clip.

Quelles ont été tes références pour le clip de « Les promesses de l’aube » ?

D’une manière générale, je tire souvent mes références de la bande dessinée et du jeu vidéo. Pour « Les promesses de l’aube », j’ai puisé mon inspiration dans les vastes déserts, et les machines volantes que l’on retrouve dans les illustrations de Moebius. Certaines personnes m’ont dit que le clip leur faisait penser à du Miyazaki (notamment Nausicaa). Et c’est une inspiration très probable également, connaissant mon attrait pour son univers.

Quel a été ton degré de liberté quant à la réalisation de ce clip ?  

J’ai eu la chance d’avoir carte blanche pour la réalisation du clip. Lors d’un entretien avec le groupe, ils m’ont exposé leur vision, que j’étais libre de suivre ou non. J’ai pu m’inspirer de certaines de leurs idées que j’ai retravaillé à ma manière.

Comment les paroles de la chanson ont influencé ton travail ? 

Les paroles de cette chanson ont un caractère poétique, et une signification volontairement évasive. Et je pense qu’il était important de le retransmettre dans le clip, par le biais de symboliques. Bien que l’histoire ait une signification précise pour moi, je voulais que chacun puisse se faire sa propre analyse.

Sur quels projets travailles-tu en ce moment ? 

 Je suis actuellement en train de me lancer dans le tatouage. Ça n’a pas beaucoup de rapport avec l’animation mais je ressentais le besoin de changer d’activité. Je ne met pas l’animation de côté pour autant, et je serais ravi de me consacrer à d’autres projets de ce type.

ROSIE CARNEY – TIDAL WAVE

ANIMATION : ALICE BLOOMFIELD

Le clip de Rosie est animé à certains moments, mais pas à d’autres. Ce format particulier a-t-il été plus difficile à gérer pour toi ?

J’ai toujours beaucoup aimé la combinaison du réel et de l’animation. Ce projet a en fait été réalisé par Johnny Marchetta et Bjorn Franklin, qui se sont chargés des sections filmées pendant que j’animais. La seule partie de leur processus qui m’a impliqué était la planification des transitions d’un support à l’autre. Pour la première transition, où la cigarette de Rosie flotte dans la baignoire, j’ai dû tracer la séquence en direct pour m’assurer que la vraie cigarette s’alignait parfaitement avec celle que j’avais dessinée, afin que le mouvement de la transition soit aussi fluide que possible.

Comment s’est passée cette collaboration avec Rosie, avait-elle déjà des idées précises sur ce qu’elle voulait pour le clip ?

Lorsque j’ai été chargé de cette collaboration, les deux réalisateurs sont venus me voir avec un schéma narratif de ce qu’ils voulaient, ainsi que quelques références visuelles et des mood-boards. En dehors de cela, ils étaient vraiment ouverts aux idées et étaient heureux que j’aille de l’avant et vers la manière qui me semblait la meilleure, ce qui est toujours une façon incroyable de travailler.

Peux-tu expliquer comment tu as travaillé sur ce clip, des premières idées jusqu’à la vidéo finale ?

Après le brief initial, j’ai élaboré des storyboards et des dessins de personnages qui ont été approuvés par Rosie et les réalisateurs, puis j’ai été livré à moi-même. Mon processus d’animation se fait image par image, avec 12 images dessinées à la main pour chaque seconde. Chaque scène est constituée de quelques éléments animés, composés ensemble sur un fond. Pour cette vidéo, je voulais une atmosphère très sombre, alors j’ai fini par peindre à la main chaque arrière plan avec de l’eau et de l’encre, ce qui donne une belle texture tachée.

Comment la musique de Rosie vous a-t-elle inspiré pendant la phase de travail ?

Le message qui se cache derrière la chanson de Rosie est vraiment beau et douloureux – le sentiment que l’on éprouve lorsqu’on sait qu’une relation touche à sa fin et que l’on ne peut rien faire pour l’empêcher. Cela a certainement inspiré certains aspects mélancoliques de l’animation et la palette de couleurs bleues que j’ai utilisée.

Avais-tu déjà travaillé sur des clips animés ?

Oui, j’ai déjà travaillé sur plusieurs projets. La première fois, c’était avec Puma Blue pour son titre « As Is« . Un autre de mes préférés était pour la chanson « Switch » de Biig Piig.

Quel serait ton projet d’animation de rêve ?

Je travaille actuellement sur un court métrage d’animation, ce qui est mon rêve depuis longtemps. La plupart de mes animations sont commandées et réalisées dans des délais très courts. C’est donc vraiment satisfaisant de travailler à mon propre rythme et d’avoir le temps d’expérimenter et de perfectionner mon art.

CAMEL POWER CLUB – BAMTAK

ANIMATION : ARIF SATURA

Hello Arif. Peux-tu nous parler de ton rapport avec l’illustration ?

J’aime dessiner depuis que je suis enfant et cela se fait naturellement. J’ai retrouvé mon intérêt pour le dessin en 2009 et j’ai réalisé que je faisais cette « pratique » en imitant des dessins dans un style réaliste, les objets étant des crânes humains, l’anatomie du corps humain, des plantes, etc. En utilisant manuellement un crayon pour les proportions et la lumière. Tout est devenu plus sérieux et intense lorsque j’ai étudié à l’Institut d’art de Jakarta.

Comment cette collaboration avec Camel Power Club est né ?

Leon m’a contacté par l’intermédiaire de mon compte sur l’un des sites web où je propose des services d’animation de clips musicaux.

Peux-tu expliquer comment tu as travaillé sur ce clip, des premières idées jusqu’à la vidéo finale ?

Tout d’abord, Leon m’a contacté pour un brief, cette chanson parle de lui et de son chien. Leon m’a donné la confiance pour le faire un peu librement avec des illustrations métaphoriques/abstraites, pour ne pas être trop naïf. Puis j’écris les idées pour le visuel et je les récapitule, pour m’assurer que nous sommes sur la même longueur d’onde. Quand c’est clair, je commence à créer des éléments visuels dans Procreate d’abord, et je les exporte vers Photoshop pour définir la mise en page et la composition. Enfin, j’assemble tous les éléments et y ajoute quelques effets dans Adobe Premiere Pro.

Avais-tu déjà travaillé sur des clips animés ? Si oui, lesquels ?

J’ai commencé à travailler sur un projet d’animation de clip en mai 2021. Il y a aussi Sick mmick « honeyrider », une animation simple mais dont j’aime beaucoup l’énergie.

Quels sont tes clips animés préférés ?

Je pense qu’il y a 3 clips animés qui sont mes préférés et de loin : « Sesame » de Homeshake, « Kelena » de Mooner et Lepas de Rub of rub.
Mooner “kelana”

YOU DOO RIGHT -THE FAILURE OF STIFF, TIRED FRIENDS

ANIMATION : JARED KARNAS

Salut Jared, peux-tu nous parler de ton rapport à l’illustration et à l’animation ?

Salut ! Je dessine depuis toujours et ça ne m’a jamais lâché. Ma mère est écrivaine et mon père dessinait beaucoup aussi (c’est mon papa qui m’a appris à faire des ombres portées), j’ai donc toujours été entouré de bd et de livres d’illustrations. J’ai étudié en animation et je travaille surtout sur des productions de télé mais ce que j’aime surtout, c’est dessiner tout ce
que je vois. Surtout quand je croise des personnages intéressants dans la rue.

Quand You Doo Right t’as approché, quelles étaient leurs volontés par rapport à ce clip ?

Ils m’ont approché avec l’idée de suivre quelqu’un qui rentre chez lui aux petites heures du matin. On a brainstormé un petit peu au début et après, ils m’ont grosso modo donné carte blanche (je les remercie d’ailleurs pour la confiance). Dès le début, on était pas mal sur la même longueur d’onde pour l’approche de la vidéo, soit quelque chose d’assez ambiant pour accompagner la musique.

Tu as voulu reproduire des scènes de Montréal vide, quand tu y marches seul. Combien d’heures de déambulations et de photos ça t’as valu ?

Dur à dire ! Je marche déjà beaucoup donc j’ai tranquillement pu m’amasser une belle banque d’images au fil de mes déplacements.

Quelles sont les techniques / effets que tu préfères utiliser lorsque tu fais une vidéo animée ?

Pour celui-là spécifiquement, j’ai surtout animé de manière traditionnelle avec un tout petit peu de rotoscopie. Pour les effets, j’aime beaucoup les faire moi-même au lieu d’utiliser des plug-in. J’ai fait beaucoup de superposition d’images et des loops de barbos.

Sur quel(s) autre(s) projet(s) travailles-tu actuellement ?

Je travaille présentement sur une petite série animé basé sur la BD ‘’Le facteur de l’espace’’ de Guillaume Perreault.

PLUS DE CLIPS ANIMÉS

Restez Connecté

Recevez nos dernières actus, nouveaux talents et musique

Fermer la recherche