L’âme noire de l’excellent label BFDM est de retour. J-Zbel est ce monstre de tentations venue des profondeurs lyonnaises et qui oeuvre à la séduction, manipulation puis destruction des esprits. L’hécatombe du premier EP How I Made My Mom and My Sis’ My Sexbot Slaves à peine digérée – 9 mois, c’est court -, le malin refait surface avec Hyena Sticks Head In Elephant’s Butt, avec les mêmes armes de séduction massive.
Le mal, quand il est pur, délesté de tous remord et de toute fanfaronnade, quand il se saisit de toutes les bassesses de l’homme pour bâtir un temple de noirceur, le mal est invicible. Baphomet, Baal, Melmoth et autres Lucifer ont chacun oeuvré à la destruction de ce monde et à l’imposition du royaume des ténèbres. Ces ringards ont échoué. Trop faibles, trop prétentieux, ces fats n’ont pas su indiquer correctement le chemin de la perdition à nos âmes assoiffées de déliquescence. Mais le XXIe siècle ne s’en tirera pas à si bon compte : J-Zbel a le pouvoir du zahef.
J-Zbel n’est pas une personne, ce n’est pas un groupe, c’est la matérialisation du volute de fumée noire qui entoure le label Brothers From Different Mothers, aka BFDM. On sait la maison lyonnaise capable de tout sortir, de l’ambient au hip-hop en passant par la techno et la drum n’bass. Ce qui caractérise le label, ce n’est pas tant un style, mais bien un état d’esprit : aller chercher dans les entrailles de chaque style le mutant qui sommeille en son sein. BFDM n’est pas à la recherche du poil lisse et brillant, le label s’amourache plus souvent du monstre hirsute, oublié depuis des lustres dans le placard sous l’escalier. J-Zbel est la quintessence de cette recherche obscure, résultat d’une magie noire opérée sur l’autel d’une messe satanique. Après l’excellent How I Made My Mother and Sis’ My Sexbot Slaves, Hyena Sticks Head In Elephant’s Butt (oui, les titres, faisons comme si de rien n’était) poursuit la route cahoteuse et sublime que construit J-Zbel, l’ange du chaos.
Comme pour l’EP précédent, J-Zbel vient taper un peu partout dans l’histoire de la musique électronique, de 666 à John Carpenter en passant par Phuture ou Thunderdome. A priori, ça devrait donner soit n’importe quoi, soit de la merde nostalgique. Rien de tout ça ici, la mécanique est trop bien huilée. Les morceaux alternent furies irrationnelles et harmonies millimétrés dans un naturel déconcertant. Oui, c’est un bordel, mais un bordel magnifique, une grande bouffe, une orgie à la romaine avec des gens bien sout tous rapports qui se vautrent sans remord dans le stupre. Hyena Sticks Head In Elephant’s Butt regorge de mille tentations, déploie les atouts les plus honteux pour nous désarmer tout à fait. Comme le cul de Nicki Minaj, l’EP de J-Zbel est trop gros pour être vrai, trop vulgaire pour des gens comme nous. Mais comme le cul de Nicki Minaj, on ne rêve que de mettre la tête dedans. Avec ce genre d’objet, le choix devient crucial. Ou bien nous choisissons la lumière et, aveuglés par une vérité trop blanche nous perdons tout ce qui fait le sel de la vie. Ou bien nous plongeons goulûment au fond du terrier et on découvre le sens réel du mot plaisir. Dans le cas de J-Zbel, on a déjà choisi depuis longtemps. On est perdus, foutus. Mais quel panard.
Le deuxième EP de J-Zbel sortira en vinyle en avril. En attendant, il y a le Soundcloud