Le groupe lyonnais Collection sortait il y a un mois son premier album Misérable Miracle, sur le label-qui-ne-se-trompe-jamais, AB Records. Depuis ce jour, il ne s’en passe pas un sans que nous ayons à l’oreille l’une ou l’autre de ces mélodies fabriquées par Clément Sbaffe et concrétisées par ce même Clément, Thibaut Le Hénaff et Tom Gay. On en a donc naturellement et subjectivement fait l’un de nos disques préférés de 2015, jusque là. La démonstration de ce qu’il fallait démontrer c’est juste après.
Si « Michaux » et « Drogue » clignotent en énorme quand nous prenons connaissance de ce premier album, nous évacuons bien vite ces références littéraires. D’une part, parce qu’une ignorance crasse nous embourbe dans de viles préjugés et d’autre part parce que la musique de Collection nous évoque bien d’autres paysages. L’expérience hallucinogène profonde, dévorante et quasi mystique de la mescaline nous semble bien loin de la partition du miracle jouée par Collection.
Voilà donc un mois que nous sommes tombés amoureux d’un disque de pop. Une expérience somme toute anodine dans l’histoire du monde, mais plutôt rare pour nous. Sauf que nous aurions dû nous y attendre. Collection est en effet issu du Grand Rassemblement des Gens Bien, autrement appelé AB Records, autrement appelé Alligator Baby. C’est chez eux, entre autres que sévissent Bermudaa, Vince Dolphin (album à venir le 21.10) ou encore Satellite Jockey, et les échanges de musiciens sont nombreux.
Formellement s’enchaînent 8 morceaux de pop pour un peu moins de 30 minutes de Collection où se mêlent langoureuses mélodies et travaux rythmiques de choix, le tout pour guitare, voix et synthé envoûtant. Une brasserie qui fait passer de l’extase à la larme, de la sérénité à la mélancolie, du poil qui s’hérisse au poing qui cogne. Point donc ici d’hallucination, mais un voyage musical entre différents point de l’affect, le tout enrobé de papier bulle. Ce cocon, d’où nous pouvons observer les affres et joies de la vie, nous rappelle sans cesse que cette demi-heure de notre existence nous la passerons au chaud, en sécurité, en compagnie des rassurantes quoiqu’intrigantes mélopées de Collection. Misérable Miracle est donc une sorte de bathyscaphe, où furie et émerveillement se goûte pareillement dans un fauteuil : le coeur certes battant, mais l’âme rassurée. Une définition pas si sotte de la pop que les trois Lyonnais maîtrisent à merveille. Une oeuvre simple, belle, grande, qui a du mal à nous quitter.