[Les Gens du mag] Gaëlle Malenfant

Pour notre numéro 72, nous avons demandé à huit dessinateurs de créer une œuvre sur le thème « Météo ». Une demande à laquelle a répondu la formidable Gaëlle Malenfant, dont nous déroulons ci-dessous un portfolio et une mini-interview.

Gaëlle Malenfant est passée par la parisienne école Estienne et par la HEAR de Strasbourg, ce qui, académiquement, est un excellent pedigree. Mais sa scolarité compte bien peu face au déploiement de savoir-faire que nous avons face à nous. Les formes ici, nous sautent au visages comme autant de diables sortis de leur boîte. Non que Gaëlle Malenfant soit dans l’abstraction, mais c’est bien l’instinct qui est appelé immédiatement au travers des œuvres de la parisienne. Le premier coup d’œil est le bon : on ne perçoit pas immédiatement le sujet mais on ressent pleinement l’œuvre. Un jeu de couleurs vives et un attachement à la matière vient mettre en relief cet amour de la forme. Du patchwork naît alors l’œuvre qu’on trouve irrésistible.

 

© Gaëlle Malenfant pour Kiblind
© Gaëlle Malenfant
© Gaëlle Malenfant
© Gaëlle Malenfant pour Opéra de Paris
© Gaëlle Malenfant
© Gaëlle Malenfant
© Gaëlle Malenfant
© Gaëlle Malenfant
© Gaëlle Malenfant
© Gaëlle Malenfant

 

Kiblind : Quel est le dessinateur ou la dessinatrice qui t’a marqué dans ta jeunesse ?

Gaëlle Malenfant : Enfant, je ne dessinais pratiquement que des chevaliers, des fées et des lutins inspirés des dessins fantastiques de Jean-Baptiste Monge et des contes de Chen Jiang Hong. Il y a un début à tout…

 

Kiblind : Comment as-tu pris la décision de devenir dessinatrice ?

Gaëlle Malenfant : Je n’ai jamais vraiment pris de « décision ». J’ai toujours dessiné et depuis que je puisse m’en rappeler je dessinais toute la journée, tout le temps, n’importe où. Ça à toujours fait partie de moi et naturellement ma passion est devenue mon métier. J’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’ont nourri culturellement et qui m’ont accompagné dans cette voie; ils ne se sont jamais trop posé de questions par rapport au fait que je devienne illustratrice. D’ailleurs moi non plus…Ensuite, j’ai aussi été chanceuse d’intégrer des écoles de prédilection qui m’ont permis de poursuivre mes rêves d’enfant.

 

Kiblind : Quelles sont tes outils de prédilections et pourquoi ?

Gaëlle Malenfant : Mon grand amour va à la peinture acrylique et aux crayons de couleur, qui restent mes premiers outils et mes amis pour la vie. Mais aujourd’hui j’utilise beaucoup la tablette graphique, qui, il faut le lui concéder, permet des miracles et un gros gain de temps. Je tente tout de même de garder une patte « matiérée » avec la tablette mais retourne à mes pinceaux quand je le peux.

 

Kiblind : Quelles sont tes étapes de travail à la réception d’une commande ?

Gaëlle Malenfant : Tout d’abord j’essaye de comprendre en détails la demande, ce que recherche le client et si mon univers lui correspond, mais surtout si le contact passe humainement bien. Il faut ensuite rédiger une facture et signer un contrat. Après réception des documents, je me mets au travail et je ne chôme pas! (J’adore ce que je fais, ce qui est génial si on considère que c’est aussi mon travail, malheureusement la passion déborde parfois sur mon rythme de vie et j’oublie de prendre un peu de temps off.) En dehors d’un chemin de fer global, je ne fais pas particulièrement de croquis préparatoires, je me lance à l’eau directement et je modélise les personnages au fur et à mesure. J’envoie les premiers visuels pour connaître les différentes retouches à faire, jusqu’à satisfaction du client. Pendant cette période, j’essaie d’être disponible au maximum pour répondre aux mails et aux questions éventuelles. Je suis assez intransigeante sur le professionnalisme et l’amabilité dans ce métier, je suis très organisée avec un emploi du temps préalable et je n’accepte pas de rendre des fichiers en retard.

 

Kiblind : Quels livres illustrés ou bandes dessinées sont cultes pour toi ?

 

Gaëlle Malenfant : Les titres qui me viennent à l’esprit seraient : Blake & Mortimer, Edgard.P. Jacobs (je sais, c’est vintage et carrément raciste mais les dessins restent tout de même impressionnants!) ; Blast, de Manu Larcenet ; Pinocchio, de Winshluss (l’humour gras et cynique j’adore) ; Cabanes, d’Aurélien Débat (ça à fait un carton, avec trois fois rien, astucieux et habile), Elmer l’éléphant, de David Mckee (pour contrecarrer Blake & Mortimer, un peu de douceur et de bienveillance dans ce monde en confinement) ; De la petite taupe qui voulait savoir qui lui avait fait sur la tête, de je ne sais plus qui (Werner Holzwarth et Wolf Erlbruch, ndlr) mais qui animera à jamais mes souvenirs d’enfant. Cultissime!

 

Kiblind : Quels sont les dessinateurs d’aujourd’hui qui t’inspirent ?

Gaëlle Malenfant : Laurent Moreau et Icinori, tout comme Blexbolex, sont des auteurs qui m’inspirent beaucoup. Il ya aussi l’univers de Audrey Helen Weber, Anna Kövescses ou encore Virginie Morgand. Plus récemment, l’ingéniosité de Fanette Mellier et la poésie de Sophie Lecuyer m’ont beaucoup séduite. Côté « artistes », les travaux de Antonio Carrau et de Kumi Sugai sont très intéressants!

Pas mal de femmes parmi tous ces noms finalement, ce sera ma maigre participation à la promotion du statut de la femme en tant qu’autrice et illustratrice.

 

Site / Instagram / Kiblind #72

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