10 Morceaux par… Bison Bisou

Oui, c’est vrai, le premier album de Bison Bisou est sorti il y a quasi deux mois. Mais quoi. Les meilleurs plast en sauce ne sont-ils pas ceux qui cuisent le plus longtemps ? Le pot-au-feu, 3h. Le bœuf bourguignon, 5h. La daube, 4h, avec 12h de repos. Que du délice. Alors voilà, on a pris notre temps, on a dégusté, on a laissé reposer, on a redéguster et puis on s’est aperçu qu’on était complètement en retard. Que cela ne cache la vraie vérité Bodysick goûte très fort le rock de loulous. Explosif, court et rugueux comme tout bon disque de rock doit l’être, ce Bodysick lillois a bien écouté les lécons des plus purs maîtres des années passées pour le condenser dans ce qu’on appelle un récital. Prenant note du poids conséquent des influences dans leur musique, nous leur avons demandé 10 morceaux qui constituent le vaisseau mère de leurs amours musicales.

 

 

 

01. 31 Knots – Hit List Shakes (Inconvenience of you)

Seb : En février dernier on est allé jouer à l’Astrolabe faire le support act de Future of the Left. L’album The Days and Nights of Everything Anywhere tournait dans le van quand on s’est garé sur le parking de la salle. En entrant dans la salle cinq minutes plus tard, le même album – le même morceau – était en train de passer! C’était une belle coïncidence. On aime tous beaucoup ce groupe dans Bison, ils ont une certaine folie douce, ils ne se refusent rien. Tof, avec son asso, les a fait jouer plusieurs fois à Lille à leurs débuts dans l’un des derniers bastions « underground » de la ville qu’est La Malterie, un lieu qu’on chérit. Pour ma part j’avais découvert par hasard sur myspace à l’époque de la sortie du disque. Tu écoutes un groupe sur internet, puis tu les vois dans ta ville, tu les fais jouer même, ils dorment chez toi, tu finis par les connaître un peu à force, tu découvres l’humain derrière le « musicien ». C’est ça aussi qu’on aime dans cette vie, rencontrer les gens qui sont acteurs, qui font des choses, qui se bougent, qui traverse un océan pour défendre leur musique et aller voir ailleurs ce qui se passe.

Ce morceau me fait penser à la nuit dans les grandes villes, où tu roules sous le tungstène sans tout à fait savoir où tu es, ni où tu vas, comme une voiture fantôme qui enregistre des tableaux cinématographiques.

 

02. Les Savy Fav – Appetites

Seb : Mars 2011. Je reçois un mail de Charly « …je joue dans un nouveau projet, on aimerait bien que tu viennes prendre la basse si ça te dit… » et il me file deux références, un peu comme ça: These arms are Snakes et Les Savy Fav. J’adore les premiers, mais je me rends compte que je n’ai jamais écouté les seconds. Un clic de google plus tard, je suis en train d’écouter « Appetites ». Badaboum, l’intro suffit à me catapulter direct hors de mon siège et me voilà en train de danser la lambada les doigts dans la prise. On dirait que le groupe joue dans une pièce de 20 mètres carrés, c’est sec et nerveux, ça crépite, et on s’imagine bien qu’avec un petit effort de la jambe et du popotin on pourrait en faire tomber les murs. Si je devais un jour dans ma vie me mettre à faire du sport (mais bon, faut pas déconner quand même), « Appetites » serait un morceau parfait. 

 

03. Death Grips – Guillotine

Charly : Dans le groupe on a tous aimé Death Grips quand c’est arrivé d’un peu nulle part. Ce titre, on aurait dit une déchirure des muscles auriculaires. C’est spontané, ça donne envie de faire l’hélicoptère, de se traîner par terre comme un ver, de se fracasser contre un mur. Que des trucs que t’es pas censé faire mais là tu te dis que t’as tous les droits.

 

04. Grinderman – No Pussy Blues

Tof : Voilà ce que doit être la musique, un moyen d’expression sans filtre, sans contrôle, un exutoire, une folie, une tornade violente qui ravage tout et hérisse les poils.

 

05. PJ Harvey – Rid Of Me

Tof : une énergie, une sensualité, des fantasmes…Voilà comment j’ai découvert PJ Harvey en 1993 à l’Aéronef grâce à mon prof de physique de terminal ! Merci à lui. « Rid Of Me » possède ce côté sexuel qui m’a de suite plu dans PJ Harvey. Lis les paroles de cette chanson et tu comprendras ce que je veux dire.

 

06. Antelope – Shapes

Seb : Fut un temps où j’avais un problème de caisse. Tof passait me prendre pour les repets. Lui il avait un problème d’autoradio. Il y avait cet Ep de Antelope qui était bloqué dedans. 6 morceaux, pendant plusieurs mois, on les a écoutés en boucle encore et encore chaque fois qu’on montait dans sa caisse. « Shapes », avec son beat de pelle syncopé, semblait avoir été écrit pour ça, pour finir dans un autoradio où il tournerait en boucle. Ça te rend barjot et en même temps c’est hypnotisant, tu as envie de le remettre tout de suite, tu te balances d’avant en arrière sur la place du mort en martyrisant en rythme la boîte à gants. En y repensant, le titre « Gazelle » sur notre album Bodysick est un clin d’oeil à ça, à « Antelope » et aussi à l’effet que peut faire ce morceau. Une furieuse course-poursuite de boîteux.

 

07. The Blood Brothers – Cecilia and the Silhouette Saloon

Marvin : Charly et moi, on était dans le même lycée. Tous les deux, on montait nos premiers groupes et on rôdait dans la métropole lilloise à la recherche de claques sonores. Un soir, Charly m’a proposé d’aller découvrir The Blood Brothers au Grand Mix. Je me vois encore complètement sidéré devant leur show. C’était l’hystérie sur scène et dans le public. Pendant que les chanteurs se décrochaient la tête en hurlant, moi j’étais paralysé, adossé à un mur, prenant de plein fouet l’énergie du groupe. Depuis, leur discographie a tourné et tourné, et ce morceau est certainement celui qui a le plus usé les oreilles de mes potes… Je l’ai passé en boucle dans ces soirées qui n’ont ni fin ni soif.

 

08. Intercity Sound Association – Alaska Flight

Charly : Je me souviens distinctement de ce morceau entendu un beau matin au studio sur l’ordinateur de Marvin. Le soleil irradiait mon jus d’orange. Je sentais des caresses dans mes oreilles. C’est cool de se faire ce genre de petits plaisirs entre membres d’un même groupe.

 

09. Jean-Marie & Raoul – Le Sous-Marin Vert

Seb : On a entendu ce morceau dans notre beau camion blanc. Octobre 2016, on trace pour 3 jours de pre-prod afin de préparer l’enregistrement de l’album avec Amaury Sauvé à The Apiary. À un moment on se foire de sortie sur l’autoroute. On se dit qu’on va rester sur les nationales, qu’on est bientôt arrivés. En fait, ça s’avère interminable. On traverse tout un tas de bleds morts, et la route commence à nous mettre k.o. Un filet de radio non identifiée qu’on n’écoute plus vraiment émet un son de bossa nova. On met un peu de volume histoire de se dégourdir les tympans et l’esprit, et en fait on se rend compte que depuis tout à l’heure, c’est un enchaînement de reprises (plus que douteuses) des Beatles. Les animateurs nous informent qu’ils vont dégainer dans les secondes qui suivent le Saint-Graal! L’ultime intégrale des reprises – françaises – des p’tits gars de Liverpool. Ça ne se fait pas attendre et ça démarre très fort avec ce titre. Ça a été la b.o. de notre arrivée à Laval. L’aventura Bodysick allait commencer quelques heures plus tard.

 

10. Kriss Kross – Jump

Marvin : Quand j’étais gosse, avec mon frère on était dingues de Kriss Kross. Pendant un temps même, on fatiguait à excès nos parents pour mettre nos fringues à l’envers histoire d’épater les copains à l’école. Quand Seb m’a dit un peu avant de partir pour le studio qu’il allait ramener un magnéto et la cassette – originale – des Kriss Kross, je n’y ai pas cru. « Jump » est devenu notre sonnerie de réveil, on sautait du lit tous les matins en choppant des barres, prêts à envoyer le boulet pour la journée.

 

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