10 ans de Sourdoreille

Comme souvent, ça démarre d’une toute petite idée de rien du tout, lancée comme ça au hasard des jours. Et puis ça devient gros. Ça devient un travail. Ça devient une vie (au moins en partie). Sourdoreille c’est ça : une idée de copains qui devient un des pure players préférés de la jeunesse et que les vieux tentent péniblement de copier. Parler de musique, simplement parce qu’ils aiment ça. Voilà le pitch. Voilà ce qui plait. Sourdoreille fête 10 ans de mélomanie du 7 au 9 avril, entre Paris et Brest. L’occasion de poser deux ou trois questions.

Un bien beau gaillard que ce Sourdoreille, la mine fraîche et le regard réjoui à l’aube de ses dix ans. Le site, qui s’est fait maître en humeurs musicales et vidéos acoustiques, ne semble en effet pas prêt de s’essouffler alors que les premières rides apparaissent. Mieux, ses dix ans le rendent infernal, lui qui compte bien les fêter lors d’un week-end du diable (7, 8 et 9 avril) entre Saint-Ouen, Paris et Brest. Cette trilogie pourra compter sur les soutiens de taille que sont Troy Von Balthazar, Michael MayerThe Driver ou encore Bantam Lyons.

 

Comme l’occasion fait le larron – et nous sommes des sacrés larrons – nous avons posé quelques questions à l’équipe de Sourdoreille histoire de faire le bilan, calmement, en se remémorant chaque instant.

 

Kiblind : Est-ce que vous pouvez nous présenter Sourdoreille tel qu’il est aujourd’hui ?

 

Sourdoreille : Sourdoreille est un objet mouvant et hybride évoluant grâce aux envies et idées des membres du collectif, véritable ADN du projet. Qu’ils soient journalistes, vidéastes, geeks, graphistes, développeurs, tous les membres du crew se retrouvent autour d’une passion commune : la musique. Et de sa déclinaison la plus belle à nos yeux : le live (en concerts et festivals). Pour être plus terre à terre, actuellement, Sourdoreille est un projet bicéphale : d’un côté le média, avec sa dose d’articles, d’interviews, d’études et de vidéos. De l’autre, la boite de prod qui réalise aussi bien des captations live, des web-séries ou des prestations. Avec une idée un peu folle : réussir à conjuguer les deux activités et les rendre complémentaires.

 

Kiblind : Comment est-ce que tout cela a démarré ? Avec quelles ambitions ?

 

Sourdoreille : À la base, c’est l’histoire assez classique de passionnés de musique et de festivals, encore étudiants ou jeune stagiaires, pour la plupart dans l’univers du journalisme ou de la com’ culturelle, qui décident de monter un webzine musical pour transmettre leurs passions, pour la partager. La seule ambition, c’était de se faire plaisir sans se restreindre, ni sur le fond, ni sur la forme. C’était un kiff et on ne pensait absolument pas que ça dépasserait le stade de hobby, si chronophage soit-il.

 

Kiblind : Pensiez-vous un jour arriver là où vous êtes aujourd’hui ?

 

Sourdoreille : Non. Nous ne nous projetions absolument pas. Nous étions à l’aube de nos vies professionnelles. Chacun essayait de se frayer un chemin dans des domaines assez précaires et incertains (le journalisme, la culture, le web). C’était vraiment l’envie de réaliser des choses en commun à partir d’une même passion.

 

Kiblind : Comment vous fonctionnez pratiquement (financement, projets, répartitions des tâches, salariés, etc.) ?

 

Sourdoreille : On est monté en SCOP, c’est à dire en coopérative. Nous sommes 22 associés à avoir des parts dans cette SCOP. Au quotidien, nous sommes 6 permanents. Les autres travaillent en dehors de Sourdoreille (que ce soit en tant qu’intermittent ou non). Tout le monde travaille de façon bénévole pour faire vivre le média Sourdoreille, qui n’a aucune source de revenu (et qui ne cherche pas à en avoir), aussi bien sur le volet écrit que le volet vidéo. C’est la force du projet : sans contrainte de rentabilité ni d’audience maximale (puisque sans pub), nous fonctionnons vraiment au coup de cœur et à l’envie. A côté de ça, la société de production réalise des projets financés : que ce soit sur un volet corporate avec des prestations à destination de marques, de label ou d’institutions que sur le volet diffuseurs où nous proposons des programmes aux chaînes de la TNT ou aux chaînes en ligne (notamment Arte Concert et Culturebox).

 

Kiblind : Quel est votre regard aujourd’hui sur cette première vraie génération de médias numériques dont vous faite partie (avec Brain, Street Press, Konbini, Fubiz, etc.) ?

 

Sourdoreille : Déjà, c’est une réussite en soi d’avoir autant de pure players culturels en France. Dont certains qui commencent à devenir vraiment installés et avec une vraie diversité dans l’approche et dans le ton. Il y a bien sûr le danger d’aller vers le côté « pute à clic » des posts et des contenus, notamment depuis le changement de visibilité des posts Facebook. Le danger existe aussi avec les nouvelles formes de rémunérations du web, avec les pub indirectes, le publirédactionnel, l’achat d’espace sur des sites ou sur les réseaux. Mais dans l’ensemble, le constat est plutôt positif et encourageant.

 

Kiblind : Quel rapport avez-vous avec les médias ancestraux que sont la presse papier, la télévision, etc. ?

 

Sourdoreille : Tout dépend lesquels. En fait, la différence ne se fait pas entre médias ancestraux et pures players mais par rapport à la ligne éditoriale et artistique de chaque média. On peut ainsi être bien plus proche d’un magazine papier ou d’une radio avec qui on partage les mêmes valeurs et goûts que d’un pure player qui ne nous branche pas.

 

Kiblind : Quel bilan faites-vous, vous, après dix ans ?

 

Sourdoreille : Forcément positif. L’idée même de fêter nos 10 ans parait complétement folle et improbable, encore plus si on considère qu’on a professionnalisé le projet depuis plus de 5 ans et qu’on arrive à tenir l’équilibre entre le média indépendant et sans revenu et la boite de prod. Au delà de cet aspect très formel, c’est surtout l’aventure humaine qui ressort lorsqu’on évoque ces 10 années passées. Chacun de nous a vécu des choses tellement fortes depuis qu’il a rejoint le collectif. Ce serait cliché de parler d’une famille mais le terme collectif ou crew nous colle vraiment à la peau. Au point qu’on nous reproche parfois d’être trop entre nous, dans nos délires. Sourdoreille n’aurait en même temps plus de sens si l’aspect festif et de plaisir n’était plus présent. Et ce plaisir, c’est avant tout de se retrouver entre nous et de partager des concerts, des festivals, des soirées. Avec ou sans caméras d’ailleurs.

 

Kiblind : Comment avez-vous construit ce week-end de célébration ?

 

Sourdoreille : On voulait vraiment ne pas rester sur Paris. Parce que le projet est né alors que les membres étaient dispatchés aux quatre coins de la France et qu’on a toujours tenu à traîner nos carnets puis nos caméras un peu partout sur le territoire. On aimait aussi l’idée d’itinérance qui nous rappelle nos nombreux (et mémorables) trajets en festivals. Les trois lieux choisis ont de plus tous une histoire forte avec Sourdoreille. On y a vécu des moments inoubliables et on se réjouit à l’idée de rajouter quelques souvenirs à cette liste. Et puis il y a évidemment l’aspect artistique. C’était difficile de construire une programmation qui résume 10 ans de rencontres et de coup de cœur, surtout avec un collectif aux goûts si variés. Au final, on est vraiment ravis d’avoir des artistes comme Nosfell, An Pierle, Chapelier Fou, The Driver, Michael Mayer, Bantam Lyons, Maud Geffray ou Troy Von Balthazar.

 

Kiblind : Que peut-on vous souhaiter pour ce week-end et les dix prochaines années qui le suivent ?

 

Sourdoreille : On espère que ce week-end fera autant plaisir aux membres du collectif, aux Sourdingues (la communauté des très proches de Sourdoreille) mais aussi à tous ceux qui nous suivent depuis quelques années et qui nous feront l’honneur de venir à l’une de nos soirées. On espère aussi que les artistes apprécieront ce week-end qu’on espère pas comme les autres. Et pour les dix prochaines années, on espère conquérir le marché américain et chinois grâce à des antennes là bas. On envisage également un rachat de Deezer et de Dailymotion pour créer un mastodonte français qui fera la fierté de notre gouvernement. Et si on y arrive pas, juste revivre autant de plaisir que ces dix années passées sera déjà une belle perf.

 

 

 

 

 

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