Nous avons connu Postcoïtum il y a fort longtemps, quand nos muscles étaient encore saillants et que nos cernes ne carressaient toujours pas notre bouche. Le duo marseillais Damien Ravnich et Bertrand Wolff nous avaient fait la cour avec leur premier effort, Animal Triste EP, il y a de cela trois ans. Nous et notre petit coeur tout mou avions succombé. Les deux sudistes reviennent une nouvelle fois nous chanter la serenade avec leur deuxième album (après Himera en 2013), Learning to be me, sorti le 27.10.
Damien Ravnich et Bertrand Wolff font partie de ces gens dont la culture savante nourrit allègrement une musique accessible et sensible. Des esthètes qui savent allier écriture riche et plaisir quasi-coupable d’écoute. En somme, ils parviennent à nous rendre intelligents tout en provoquant chez nous une jouissance animale. Un don rare, appréciable au plus haut point et qui se retrouve dans l’ensemble de l’eur discographique, entre leur premier EP Animal Triste, leur premier album Himera et ce deuxième long-format, Learning to be me, sorti le 27 octobre sur Daath.
Nous parlons ici métamorphose et futur. Les deux étant évidemment interdépendants, c’est donc une analyse du temps qui vient et de ses conséquences que nous offrent les deux Marseillais. Ceux-là sont les parents d’un disque qui regarde les sons se transformer et muter dans un environnement mouvant. D’aucuns, par le passé, s’inspiraient de miracles psychiques pour amener de la progressivité dans leur musique ; d’autres ont ensuite anticipé des mondes impossibles, futuristiques jusqu’au grotesque pour apporter une couleur narrative aux sons qu’ils créaient ; nous sommes ici en face d’un musique qui s’intéresse aux possibilités d’êtres nouveaux, hommesmachines d’un seul tenant, et choisit d’en suivre les tribulations. Ce n’est pas pour rien que le disque est rythmé par quatre Galatées, du nom de la statue de Pygmalion qui prit vie sous l’impulsion d’Aphrodite. Celle-là, peut-être la première forme d’androïde, est symbole d’un autre état du vivant.
Et de fait, sous l’impulsion des rythmiques obsédantes de Damien Ravnich, les sons ne cessent de prendre de l’ampleur, de la force, de l’énergie. Au-délà du geste métaphorique, cette prise de position offre à l’auditeur un sentiment de puissance ô combien appréciable. Aux sonorités humaines de la batterie rock se mêlent les gltichs électroniques de l’ordinateur et les nappes spirituelles du synthé. Un mélange entre l’erreur numérique, la rigueur de l’esprit et inversement, surplombé par des percussions qui représentent les chaos de la frise chronologique. Ni industrielle, ni IDM, ni post-rock, la musique de Postcoïtum sur Learning to be me et une musique de combinaisons et de brassages, à l’image de ce que Damien Ravnich et Bertrand Wolff entrevoient sans doute pour notre avenir. Une vision qu’il nous plairait de contempler lors de leurs lives indispensables, où installations visuelles et musicales se répondent sans hiérarchie.