Portfolio : Hanna Barczyk

La couverture du livre The women’s suffrage movement paru chez Penguin Edition nous avait fait de l’oeil à sa sortie en 2019. Il faut dire que tout y était réuni : le sujet du livre, le façonnage de l’ouvrage et l’illustratrice qui se cachait derrière cette couverture immanquable. Son autrice, Hanna Barczyk, talentueuse illustratrice, « journaliste visuelle » au trait sensible, a bien voulu répondre à nos questions sur son métier, ses engagements et son actualité.

Salut Hanna, peux-tu nous raconter ton parcours ?

Je suis née dans le sud de l’Allemagne d’une mère hongroise et d’un père originaire de la Prusse orientale. Quand j’avais treize ans, ma mère nous a amené avec ma sœur jumelle au Canada et nous nous sommes installées à Toronto où j’ai été au lycée, et plus tard à l’Ontario College of Art and Design (maintenant OCADU). Après avoir obtenu un baccalauréat en design, j’ai pas mal testé de nombreux métiers pour gagner un peu d’argent : doublure au cinéma et à la télévision, serveuse dans des restaurants, stagiaire au magazine Walrus et au magazine Fashion. Mais, pendant ce temps là, je n’ai jamais abandonné ma vraie passion : l’art. En 2013, j’ai donc décidé de me concentrer sur l’illustration à plein temps. J’ai arrêté mes jobs alimentaires et j’ai commencé à voyager entre New York et Toronto où j’ai commencé un stage avec Edel Rodriguez. J’ai alors pu constituer mon portfolio, assister à plusieurs événements liés à l’illustration à New York, j’ai aussi pu rencontrer des directeurs artistiques et finalement, j’ai commencé à recevoir des commandes pour des illustrations dans le domaine de la presse. En 2014, j’ai déménagé aux États-Unis où j’ai rencontré mon agent Ella Lupo à la Society of Illustrators, puis j’ai commencé à être représentée par Purple Rain Illustrators. Aujourd’hui, j’habite à Montréal.

The Women’s Suffrage Movement de Gloria Steinem
ed. Sally Roesch Wagner / Penguin Classic

Pourquoi l’illustration ?

Ce que j’aime, c’est pouvoir combiner l’image et le texte, jouer du lien qui existe entre ces deux modes d’expression que ce soit pour des livres ou pour des articles de presse. J’adore m’immerger dans la culture, dans la politique et pouvoir assouvir par la même occasion ma curiosité du monde socio-économique. J’ai réalisé que je pouvais être d’une certaine manière une journaliste « visuelle », être au service de l’auteur et de ses propos mais aussi, faire passer des émotions. J’apprécie cette capacité à traduire des mots, des idées, à combiner des dessins et des textes pour créer un sentiment chez les lecteur·rice·s. Exprimer une émotion dans une image, crée un langage visuel qui traverse toutes les barrières de la langue, de races, du genre et permet une connexion entre les gens. Je savais au plus profond de moi que je voulais dire quelque chose, avoir une voix, et cette voix s’est finalement exprimée dans mes dessins. L’illustration est le mariage parfait entre le récit et le visuel.

Economist, divorce.

Peux-tu-nous parler de quelques projets qui ont une importance particulière à tes yeux ?

Je suis très heureuse de la sortie prochaine d’un livre pour enfants que j’ai illustré et qui s’appelle Roots and Wings. Il est publié en collaboration avec le Museum of Modern Art de New-York et Abrams Books. Le livre raconte l’histoire et le parcours de l’artiste Shahzia Sikander qui a grandi à Lahore, au Pakistan, et qui a déménagé à New York, devenant par la suite l’une des artistes les plus connues au monde. Il sera disponible dans le courant du mois d’avril.

Un autre projet qui compte beaucoup pour moi, c’est l’affiche du film qui a remporté l’Oscar 2019 du meilleur court métrage documentaire : Period. End of Sentence. Le film raconte l’histoire de femmes en Inde qui n’ont pas accès aux protections menstruelles, et qui luttent contre la stigmatisation autour de la menstruation, en fabriquant leurs propres produits, en trouvant leurs propres solutions.

Comment construis-tu tes illustrations ?

Mes outils de prédilection sont du simple papier d’imprimante et des crayons de papier, avec des mines à la dureté variable. Mes idées prennent systématiquement la forme de «notes visuelles»: ce sont généralement des croquis très approximatifs qui me permettent d’enregistrer toutes les idées que je peux avoir sur la meilleure façon d’aborder un sujet. Une fois que j’ai un croquis au crayon finalisé, j’utilise un stylo-plume et de l’encre de Chine pour créer un dessin au trait. Ensuite, je numérise le tout et j’ajoute les couleurs et les textures sur Photoshop grâce à une tablette numérique.

16 ways you can stand against rape culture, United Nations, 2019.

Quels sont les projets sur lesquels tu travailles en ce moment ?

Je travaille actuellement sur plusieurs dessins de presse, pour le New York Times, le Wall Street Journal et The Economist. J’avance aussi dans ma pratique personnelle en peignant et en dessinant sur des formats plus grands, ce qui est une expérience passionnante. C’est un nouveau monde qui s’offre à moi, une expérience où je suis libre d’évoluer comme je le souhaite et qui me permet de donner corps à de nouvelles idées.

HANNA BARCZYK

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