Depuis quelques temps, l’illustrateur français résidant à Bruxelles Stéphane Hoppler s’est pris de passion pour le « punch needle » et nous en fait profiter sur Instagram.
Trop curieux de savoir comment étaient créées ces beautés, on s’est laissés aller à quelques questions pour notre magazine « Dans ma rue ». Stéphane nous explique en quoi cette méthode consiste sans jamais se prendre les pieds dans le tapis.
Comment as-tu procédé pour réaliser ce tapis illustré ?
Pour faire ce tapis, j’ai utilisé la technique qui s’appelle « punch needle », c’est une grosse aiguille creuse que le fil de laine traverse et qui permet de broder sur une toile assez épaisse et tendue sur un cadre. C’est un processus très long mais très relaxant ! D’ailleurs, ce tapis étant mon premier, j’ai pas mal utilisé des matériaux que je trouve à droite à gauche, le cadre pour tendre la toile n’est autre qu’un cadre photo, la toile de fabrication, je la trouve dans une petite boutique à côté de chez moi (qui fait très bien l’affaire), et les laines que j’utilise proviennent majoritairement d’une chouette friperie à Bruxelles.
Comment l’idée t’est venue ?
Clairement grâce à CurrieGoat, un créateur de vêtements qui publie sur sa chaîne YouTube des tutoriels, dont plusieurs qui nous apprennent de A à Z comment punch-needler, très pratique pour commencer sans faire d’erreurs et qui donne très envie d’essayer. À part ça, je crois que j’avais besoin de faire quelque chose que je n’avais jamais fait, qui me sorte un peu de ma zone de confort, surtout que mon rapport à l’illustration est très lié au monde numérique et je voulais m’en éloigner afin de faire des projets plus concrets, dans le sens où à la fin, j’ai un objet entre les mains dont je suis fier. Le monde de la broderie était très énigmatique à mes yeux, et je suis content de me surprendre à faire rentrer mon travail sous forme de tapisserie.
Comment travailles-tu ton image quand tu sais qu’elle va se retrouver sur un tapis ? (couleur, forme, etc.)
Je dirais que j’ai travaillé mon image comme à mon habitude, mais bien sûr, il faut prendre en compte les contraintes supplémentaires propres à la tapisserie, comme par exemple les couleurs limitées des pelotes de laine. Déjà, comme en gravure, l’image est inversée côté tapis, ensuite ce qui me donne du fil à retordre, c’est de penser en épaisseur et non plus en trait comme dans un dessin normal. Ce que je préfère dans un projet comme celui-ci, ce sont les contraintes qui me forcent à trouver des solutions et qui laissent place aussi à la découverte et à la surprise. Mon image du côté de la broderie (donc au final le dos du tapis) est ce qui se rapproche le plus de mon illustration de base, or, ce sont les petits bouts de laine de l’autre côté qui comptent vraiment, ils vont chacun remplir un vide, un espace, et cela va créer l’image finale, et ça ne laisse pas beaucoup de place aux détails ! Il vaut mieux les oublier et aller au plus simple. En ce qui concerne la forme de mon tapis, j’avais envie de transgresser à ma manière les règles qu’impose mon cadre en bois, je ne voulais pas faire un tapis strictement carré, mais jouer avec le hors-champ, comme une case de bande dessinée.
Combien de temps ça t’a pris ?
Je n’ai pas compté ! Ce tapis, c’était comme un bouquin que j’ouvre de temps en temps avant d’aller me coucher, ou avant d’aller travailler à mon job alimentaire. C’est clairement un passe-temps qui me permet de faire une pause, de me relaxer et de réfléchir à des choses très importantes. Mais si je fais une estimation, je dirai que ça m’a pris 50 heures environ. D’ailleurs, une fois que je l’ai fini, j’étais un peu déçu de savoir que je ne pourrais plus me remettre dessus quand j’ai un moment de flottement.
Est-ce que d’autres sont en route ?
J’ai vraiment été piqué par la confection de tapis, j’y pense tout le temps, et oui, je suis en train de finir mon deuxième à l’instant, il est un peu différent, mais je continue d’apprendre et c’est très stimulant ! (ndlr. le troisième ci-dessous s’est ajouté à la liste depuis cette interview) Une commande personnalisée est déjà en route pour un projet plus grand, et je peux vous dire que j’investis de plus en plus dans cette passion qui fera sûrement partie de mon travail artistique dans les prochaines années.