Il réalise des fanzines « achetés par 3 hipsters et demi », sait lire en l’avenir et maitrise la blagouze comme personne. Xavier Bouyssou est notre idole sur Instagram et c’est pour ça que nous l’avons invité à faire une création originale pour Kiblind À quoi tu joues ? avant l’été. Puisqu’il nous a pondu une incroyable énigme, nous avons voulu nous aussi résoudre l’énigme Xavier Bouyssou en lui posant quelques questions.
Né en 1991 dans la mignonne ville d’Agen, Xavier Bouyssou pose une première fois ses valises à Toulouse pour étudier l’art contemporain aux Beaux-Arts, en profitant pour lâcher quelques fanzines par ci par là en chemin. Il rejoint ensuite Bruxelles où il intègre l’institut Saint-Luc pour se spécialiser dans la bande dessinée. La Belgique lui allant bien au teint, il décide non seulement de s’y installer mais aussi d’y décrocher un diplôme.
Aujourd’hui et principalement par le biais de ce fabuleux média qu’est Instagram et de sa série de fanzines L’artiste oracle, Xavier reprend les codes de la science-fiction et du cartoon et se joue de l’absurdité de notre société en balançant des infos existentielles et en imaginant un futur (pas si) improbable que ça. L’élection certaine de Philippe Etchebest à la présidence, la façon dont les martiens voient les humains, les nouvelles règles farfelues de Tinder… Tout y passe et ça marche, puisque consécration ultime : l’artiste belge réalise son rêve d’enfant en étant publié dans les pages de Picsou Magazine. Bon, il a aussi été publié dans le dernier Kiblind Magazine, mais on peut comprendre que Kiblind n’ait pas le chic de Picsou, hein.
Salut Xavier, à quoi tu joues ?
Bonjour Konbini! (ndlr : ceci est une petite blague bien évidemment) Malheureusement, je ne joue presque pas. Je n’ai pas le temps, et les jeux sont plutôt quelque chose pour les enfants. Je pratique les « jeux videos », mais je ne les vois pas comme des jeux. Ils sont plutôt une continuité de la vie à mon avis. Je préfère d’ailleurs les appeler « poèmes interactifs ».
Peux-tu nous dire quelques mots sur l’énigme que tu as faite pour Kiblind ?
Un individu nommé Jérémie m’a approché pour que je réalise une énigme « style Mickey Mystère ». Les délais étaient raisonnables et le cachet correct. De plus Konbini jouit d’une grande notoriété. Enfin, j’ai moi même un goût pour cette esthétique. J’ai passé des heures à tenter de comprendre les ressorts ludiques et narratifs des énigmes mickey. En enquêtant sur des forums, j’ai trouvé un dossier contenant plus de 3000 énigmes Mickey, rassemblées et mises en ligne par un amateur nostalgique
J’ai parcouru ces archives de bout en bout, cherchant une logique commune à ces historiettes. Le grand jour de la remise approchait. Il était hors de question d’être en retard, car je tiens à avoir une réputation professionnelle impeccable. Alors j’ai repris telle quelle une des énigmes de Mickey, en changeant l’histoire et les personnages. La vérité, c’est que je suis très mauvais pour inventer des jeux, car je ne sais pas ce qui est dur ou facile pour les gens.
Quels sont les projets de la rentrée ?
Je travaille d’arrache pied sur un album qui va paraître d’ici un an aux éditions 2024. Comme j’ai choisi de faire une grosse BD avec énormément de pages, je me retrouve à travailler comme un mangaka afin de tenir mon délai. Sans en dévoiler trop, cet album sera une extrapolation de fanzines que j’ai sorti il y a 2-3 ans chez le micro éditeur « Le Mégot« . Comme si j’adaptais un court métrage en long métrage. Il y est question de secte, de TOONS, de gourous, de secrets, et bien sûr du futur.
Peux-tu nous présenter 3/4 projets qui sont importants pour toi ?
Je fais de temps en temps des petites histoires sur Instagram qui parlent du futur. En tant qu’artiste, je considère avoir une longueur d’avance sur le « tout venant » car mes récepteurs émotionnels sont probablement plus puissants. De plus, je crois que les oeuvres qui parlent du futur sont à la fois fascinantes pour nous ET pour les gens du futur, qui y liront les rêves et les espoirs que les « grands anciens » avaient pour eux. Les gens sur Intragram sont très gentils et ils disent des choses positives sur mon travail (même si beaucoup d’entre eux semblent trouver « drôle » mon travail, ce qui me surprend beaucoup car ce n’est pas mon intention).(Lanceur d’alerte)
Comme j’ai eu l’habitude de sortir des fanzines achetés par 3 hipsters et demi, je prends vraiment comme une chance que plein de gens m’encouragent et que des médias comme Konbini m’ouvrent leurs portes. Pour les vrais fans, de petits fascicules recueillant ces petites histoires sont en vente sur le site de l’éditeur « Le Mégot ».
Le gaulois du Futur 2 est un ‘ZINE que j’aime bien car il me semble que c’est précisément en faisant cette BD que j’ai un peu trouvé mon trait. Avant ça, mon style n’arrêtait pas de changer hyper radicalement. A partir de là j’ai arrêté de me prendre la tête. J’ai commencé à juste dessiner comme je le sens. Je ne sais pas pourquoi c’est là que j’ai arrêté de chercher, ni si j’aurais vraiment dû, parce que plein de gens n’aiment pas trop comment je dessine.Le gaulois du Futur est une série de SF que j’ai en tête depuis que j’ai 18 ans! Ça se passe dans un futur lointain où les machines à voyager dans le temps existent, mais elles sont utilisées pour faire des rapts dans le passé et ramener des spécimens dans de gigantesques ZOOS humains. Les gens du futur ont développé des fétiches sexuels envers tous les gens du passé, voyant en eux une humanité primale dont eux-même sont dépourvus. Pour les vrais fans, ces fanzines sont en vente sur le site de l’éditeur « Le Mégot ».
Enfin, je dois dire que, même si c’est anecdotique, d’avoir pu participer à un picsou magazine a été une des plus grandes satisfactions de ma vie. C’était magique de rencontrer Prof. Pierrey la légende, et ça a été un moment où j’ai réalisé que, même si la vie d’auteur de BD est dure, elle amène aussi des choses magnifiques. Ne sous-estimons jamais la force des rêves!
A bientoon !!!!!!!!!!!!
