[Les Gens du mag] Jimy de Haese

Il n’ a pas suffit de beaucoup pour que nous demandions à Jimy de Haese de participer au numéro 70. Un dessin, un seulement, entrevu sur la page de crowdfunding de la revue Plutar des éditions Chahut. Et le tour était joué. Un style où la fluidité règne en maîtresse, où les effets ne sont jamais inutiles bien qu’omniprésents, où la poésie règne en maître et vient plaquer sur le dessin sur pouvoir de séduction.

Nous avons donc naturellement fait appel à lui pour le numéro « Nuit », zone flou où tous les rêves sont possibles. Nous venons ici compléter la parution avec quelques questions et un portfolio.

Kiblind : Comment es-tu venu à l’illustration ?

Jimy de Haese : Mes premiers émois graphiques ont été les pochettes de vinyles !Mes parents en possédaient pas mal et j’ai un souvenir très précis de la première fois que j’ai croisé les pochettes d’albums de Iron Maiden, j’en étais chamboulé !Les années passant et l’esprit critique se forgeant peu à peu, j’ai su que je détestais ce groupe ! Mais mon adoration des pochettes est restée. ça m’a permis, à l’époque, de découvrir The Cure que ma mère écoutait beaucoup, à travers la pochette de Boys don’t cry notamment puis de Sonic Youth avec celle de l’album Goo… Toujours aujourd’hui, malgré l’avènement du streaming et des playlists Spotify, j’aime bien découvrir les groupes à travers leurs pochettes.

Logiquement, je suis d’abord devenu musicien et, par la suite,l’envie de faire l’identité visuelle de mes groupes s’est vite fait ressentir. Donc une formation artistique me paraissait évidente ! Je suis passé par le Lycée Pasteur de Besançon en arts appliqués puis aux beaux arts d’Epinal et aujourd’hui aux arts décoratifs de Strasbourg.

Kiblind : Comment as-tu pensé ce dessin ?

Jimy de Haese : Quand j’étais petit, je faisais un rêve récurrent qui me mettait en scène dans une sorte de carrière, j’y étais allongé comme une baleine échouée et le sable m’ensevelissait progressivement. Éétrangement je ne l’associais pas à un cauchemar, car ces formes mouvantes qui m’engloutissaient me paraissaient bienveillantes et, paradoxalement, pas oppressantes du tout.

Depuis, j’aime bien utiliser cette scénographie dans mes illustrations. j’apprécie l’idée qu’un personnage se confonde avec son environnement. Dans ce dessin, le personnage qui est allongé pourrait faire penser à une nappe d’eau de prime abord. Par ailleurs, j’aime bien la mécanique de la plante déformée, empruntée aux surréalistes. En réponse au thème de la Nuit je me suis peu inspiré de la «Phlox de nuit» qui a la particularité de ne fleurir que le soir. Bucolique n’est-ce pas ?

Kiblind : Quelle technique as-tu utilisé ?

Jimy de Haese : J’ai utilisé du feutre à alcool et du crayon de couleur.

Kiblind : Quelles sont tes références majeures ? De qui conseilles-tu le travail actuellement ?

Jimy de Haese : J’aime beaucoup les peintres surréalistes, les plus connus surtout : Dali, Frida Kahlo et Joan Miro en trio de tête, suivi de près par De Chirico. Certaines toiles de Kay Sage, Dorothea Tanning et Leonora Carrington et Yves Tanguy aussi que j’ai découvert il y a quelques jours grâce à une amie. En fait, ça brasse large !

En bande dessinée j’adore Simon Hanselmann, Pierre La Police, la clique de Breakdown Press avec Zoë Taylor et Joe Kessler…

J’aime bien l’approche artistique de Björk aussi, ses collaborations en général : Spike Jonze, Chris Cunningham, Andrew Thomas Huang et le duo Warren Du Preez & Nick Thornton Jones pour ses clips, son travail avec la créatrice de mode Iris van Herpen aussi. Sinon en ce moment, j’aime bien le travail de Jefferson Fouquet, un designer floral. Les photos de Jasmine Deporta aussi ! Qui réalise les pochettes d’album d’un super groupe qui s’appelle Tropic of Cancer.

Kiblind : Quels sont tes projets ?

Jimy de Haese : En ce moment je fais beaucoup d’illustrations dans ce même univers et en parallèle je suis entrain de réaliser une bande dessinée en huis clos ! Par ailleurs, j’aimerais faire évoluer l’identité visuelle de mon groupe Singe.

Je viens de créer, à base de photographie, la pochette de notre premier EP et l’approche esthétique est sensiblement la même que pour mes illustrations.

Jimy de Haese