Nul ne peut rester insensible à l’univers onirique et enchanté d’Anna Degnbol. Même nous. Surtout nous. Alors on lui a demandé de réaliser une création pour notre numéro Poils. Et puis, de répondre à nos questions dans la foulée.
Chez Anna, la nature est la solution à tous les maux. À son contact, les êtres s’adoucissent et leurs sourires s’étirent. Ils se pavanent dans un environnement rendu féérique grâce aux jeux de lumière et aux couleurs sublimes qui les composent. Là, une fée. Ici, un papillon à tête humaine. On se balade dans les créations de l’illustratrice danoise comme dans nos rêves les plus mémorables. Aussi inspirée par les tenues grandiloquentes du Thierry Mugler des années 90 où plumes, diamants et poils se côtoient, que par l’univers des mangas, Anna Degnbol créer une imagerie surréaliste juste ce qu’il faut.
Lorsqu’il a fallu trouver des illustrateurs qui pourraient nous épater avec le thème « Poils » de notre dernier magazine, nous savions donc que l’illustratrice serait une bonne pioche. Le résultat de cette collaboration : une combinaison en poils dont Mugler lui même aurait été jaloux. On a discuté avec l’illustratrice de Copenhague pour savoir comment cet univers a été fabriqué.
Bonjour Anna, peux-tu nous parler de l’illustration que tu as réalisée pour Kiblind Poils ?
Salut ! Je me suis dis : on ne voit pas beaucoup de combinaisons spatiales poilues, ha ha ! J’en ai profité pour méditer sur les combinaisons spatiales possibles/impossibles et les créatures spatiales poilues possibles.
Ton univers rempli de créatures et d’animaux est hypnotisant. D’où te viennent ces références ?
Merci beaucoup ! Je puise mes références dans un bon mélange de mangas, de films, de musique et de mode. Je m’efforce de créer des univers qui pourraient vous donner des connotations d’un mélange de looks Thierry Mugler des années 90, de paysages de Nausicaä de la vallée du vent de Miyazaki, de morceaux de Homogenic de Björk, d’Aisha Devi et de la poésie du manga Garo. Ce sont là quelques exemples de mes œuvres d’art préférées – pour moi, elles sont tout simplement parfaites. Elles me donnent l’énergie nécessaire pour continuer à m’efforcer de faire mieux.
Tu sembles vraiment intéressé par les BD puisque tu en as réalisé une pour ton mémoire de master. Est-ce que envisages d’éditer une nouvelle bande dessinée prochainement ?
Je suis très intéressée par les bandes dessinées, oui. Quand j’avais 12-13 ans, j’avais une énorme collection de mangas. J’utilisais tout simplement chaque pièce que j’avais pour acheter ces livres. Pendant longtemps, tout ce que je voulais faire était de dessiner des bandes dessinées. Pour mon mémoire de master l’année dernière, j’ai réalisé une bande dessinée, Perfect Sleep. Je suis actuellement en train de la terminer. La première année de travail en freelance après la fin des études a été assez mouvementée, et Perfect Sleep est toujours repoussé au bas de la liste des choses à faire. Mais j’espère vraiment pouvoir la sortir cette année.
Peux-tu nous parler de ta technique de dessin ?
J’aime vraiment travailler en numérique, d’une certaine manière c’est beaucoup plus facile et on a plus de contrôle, mais au final je choisis souvent de travailler en analogique. C’est très méditatif de colorier et de sentir la texture du papier sous mes mains. J’utilise les crayons de couleur Polychromos de Faber Castell sur du papier bristol. Un duo épique. Lisse et saturé.
La nature semble occuper une place importante dans tes œuvres. Quelle est ta relation avec la nature lorsque tu dessines ?
La nature est géniale, elle guérit ! Alors soyons bons envers et elle le sera en retour. C’est aussi là que l’on trouve les meilleures combinaisons de couleurs et des formes inattendues. J’habite en ville, mais je prends le train pour aller chez mes parents à la campagne une ou deux fois par mois. Ma mère a une petite salle de bricolage avec une merveilleuse longue table que je peux emprunter quand je suis là-bas. Des fenêtres de cette pièce, on ne voit que des champs, des arbres et le ciel. J’apporte du papier et des stylos et j’essaie souvent de dessiner pour le plaisir. C’est devenu un espace récréatif très spécial pour moi.
Peux-tu nous parler de trois projets qui ont été importants pour toi et nous dire pourquoi ?
J’ai mentionné Perfect Sleep plus tôt. C’est la première BD complète que j’ai faite depuis des années. C’est une petite histoire sur un ingénieur rêveur qui veut faire plus que travailler.
Je voudrais également mentionner mes projets de dessin en cours avec mon partenaire artiste Ben Marcus. Nous dessinons ensemble, en nous passant le papier et en essayant de laisser des indices et des espaces pour l’autre sur le papier. Parfois, ils deviennent vraiment fous. Nous en avons transformé quelques-uns en t-shirts, que Ben publie sur Goodbyepress.com.
Enfin, j’aimerais mentionner cette série de pochettes de disques et de singles que j’ai réalisée pour Mikki Blanco l’année dernière. C’était un grand honneur.
