[Interview] Grems

Il est difficile de savoir à qui l’on va vraiment s’adresser lorsque l’on discute avec Grems.  L’artiste est un véritable touche-à-tout. Graphiste, rappeur et graffeur, il a réussi à implanter son univers et se faire respecter dans chaque milieu. Mais aujourd’hui, c’est bien au peintre à qui nous avons posé des questions, puisqu’il présentera son travail seul, lors de l’exposition Johnny Clegg qui prendra place du 17 au 31 décembre à l’Espace Oppidum à Paris. Mais il nous a été compliqué de ne pas évoquer aussi ses autres facettes, aussi bien pour lui que pour nous, si bien que l’on a craqué, et que nous nous sommes éparpillés dans de longues discussions, jusqu’à tacler à la carotide le monde du rap.  Nous l’avons donc rencontré, presque réveillé, via Skype, puisque Grems est reclus chez lui à Biarritz, travaillant d’arrache-pied pour terminer ses œuvres à temps. La veille, il s’était couché à 6h, mais il nous a quand même accordé presque une heure de son précieux temps.

Kiblind : Pour débuter, peux-tu présenter Grems en quelques phrases.  Tu as beaucoup de cordes à ton arc, comment on pourrait commencer ?

 

Grems : Tout d’abord un artiste, c’est un plasticien, quelqu’un qui touche à tout, qui te fait une œuvre d’art. Mais mon boulot c’est designer, un designer qui fait du rap, et un graffeur qui fait de la musique.

 

K : Il se passe quoi dans une journée de Grems ? Le matin tu es dans ton atelier, l’après-midi tu écris des textes et le soir tu vas graffer ?

 

G : En ce moment c’est plus toute la journée à l’atelier, et quand j’en ai marre je sors je vais faire un graf’,  ou sinon je vais faire un petit morceau, j’enregistre et je le mets dans la boite à morceaux, et j’y reviendrai plus tard ! Je pense qu’il faut entretenir tous les médiums pour que ça évolue au fur et à mesure, c’est important.

 

K : Chacun a une interprétation assez personnelle du graffiti, ça représente quoi pour toi ? Je crois savoir que Keith Harring et Basquiat t’ont pas mal influencé.

 

G : D’abord Keith Harring est notre père à tous j’ai l’impression pour les street artistes. Donc il y a des influences qui viennent de lui mais aussi d’autres personnes, de plusieurs artistes contemporains que j’aime plus ou moins, des expressionismes abstraits,  De Kooning, Cy Twombly, Pollock, Jean-Michel Basquiat tous ses mecs là, des graffeurs aussi. Après l’art et les inspirations puisent dans les représentations antiques, les choses un peu anciennes comme les hiéroglyphes, les trucs tribaux, un peu tout mélangé, des trucs ancestraux quoi !Le graf, ça représente une partie de liberté, c’est comme le rap en fait, c’est pas forcément lié mais ça représente la même chose. C’est la liberté quoi, tu fais ton morceau t’es libre, ça te fait du bien, tu te relâches et t’en fais quelques chose de bien. Et le graffiti c’est la même chose,  tu canalises ton temps, tu sors, tu graff, ça t’occupe l’esprit, après tu rentres chez toi et tu te sens mieux quoi, tu te sens plus détendu.

 

K : Tu as fait une campagne pour la RATP, est-ce que c’est le genre de trucs que tu voulais faire étant gosse ? Pour toi le métier de designer graphique c’est quoi ?

 

G : Déjà dans la vie faut choisir un métier qui te paraît cool, qui te fait plaisir et qui aussi rationnellement rapporte de l’argent. Enfin chacun ses choix mais les gens qui jugent le fait que tu as envie de faire de l’argent personnellement je m’en tape, faut bien nourrir les enfants et voilà le sujet ne se pose pas. Donc en fait moi j’ai toujours aimé le graphisme, moins que la peinture et le graffiti mais je me suis dit « tiens je vais faire ça comme métier, je sens qu’il y quelque chose à faire, qu’il y a de la place et que ça m’intéresse ». Donc j’ai appris, j’ai fait des études pour devenir qui je suis. Mais jamais je me serai imaginé que j’aurais fait des clients et des plans comme ça. Donc c’est une sacrée surprise, et une sacrée revanche sur mon parcours scolaire et d’où je viens, parce que c’était pas parti pour être comme ça (rire). Du coup ça m’a sauvé, et comme j’ai fait des choses dans l’ordre, aujourd’hui c’est mon métier, c’est grâce à ça que je me nourris et que j’ai pu devenir connu. Parce qu’à un moment j’ai réussi à créer un style qui pouvait se vendre sans me travestir, et ça c’est assez cool. Après on va dire que je suis passé à autre chose parce qu’on muri avec le temps et surtout je me serai jamais imaginé être respecté comme un artiste aujourd’hui avec du graphisme, donc c’est pour ça que j’abandonne le côté graphiste pour me concentrer sur le côté artistique de ma personne, puisque de toute façon j’ai toujours touché à 50 médias différents. Moi si je devais faire une carrière dès le début, ça serait graphiste pas rappeur, et ça a toujours été la priorité. Le graffiti et le rap c’est deux choses secondaires, dans le sens carrière, par contre c’est primordial pour s’exprimer, vivre et se surpasser. C’est primordial.

Grems

K : Bon et ton expo alors. C’est un art très tribal. Pourquoi emprunter le nom du Zoulou blanc, Johnny Clegg ?

G : Pour plein de raisons. En fait à la base je voulais appeler mon prochain EP Johnny Clegg, parce que j’aime bien ce côté Zoulou Blanc, en plus ça a marqué ma jeunesse. En plus y’a beaucoup de choses qui me ramènent à l’Afrique du sud, dans mes recherches et dans mes travaux. Je m’inspire des ndébélés et plein de chose de la culture africaine. La musique aussi en Afrique du Sud c’est assez bizarre et assez métisse, et du coup je suis vachement attiré par ces couleurs et ce pays. Ce que j’ai trouvé marrant dans Johhny Clegg c’est le côté, comment dire, tu sais le blanc qui sait pas s’habiller (rire) qui fait n’importe mais qui est un artiste complètement cool. Qui a plein de sourires, qui est détendu. C’est un peu le blanc décomplexé. Le Zoulou blanc quoi. Donc à pourquoi Johnny Clegg, parce que je suis le zoulou blanc.

K : Tu as créé un alphabet, qui a un aspect chamanique, spirituel, tu t’adresses à un esprit supérieur ?  On dirait que tu vas chercher ailleurs tes inspirations, non ?

G : Écoute des fois je me pose la question effectivement si je m’adresse pas à un esprit supérieur ou si j’ai pas quelque chose qui a pris le contrôle de mon corps, c’est, je sais pas, des automatismes. Après c’est une manière de travailler mais… ouais c’est un peu comme si j’étais possédé quoi ! Tu sais le graffiti c’est beaucoup de reflexes.  Et beaucoup de conventionalités, c’est un peu comme le graphisme, il y a beaucoup de choses à respecter. Quand tu t’es construit sur énormément de contraintes et de reflexes, ce qui est compliqué c’est de déconstruire tout ça, mais c’est ce qui fait le travail d’un artiste. C’est ce qui fait qu’il devient intéressant et que c’est important ce qu’il fait. Parce qu’il est parti de quelque part et il en est sorti. Donc mon travail c’est essayé de contenir et de casser mes complexes et mes reflexes. Et donc ce style assez tribal, assez bizarre, s’y prête vachement bien ce moment. Et puis il y a toujours eu ça aussi dans mon style, y’a toujours eu des trucs un peu ancestraux, un peu à l’ancienne, donc c’est un peu la suite. Mais je voulais pas que ça ressemble à des grafs. C’est important même si t’es street artiste faut pas que ça ressemble à des grafs, ça fait un peu grotesque quoi faut que tu pousses un peu ta culture plus loin.

Grems

K : Ton travail est très coloré, ça rappelle justement un peu les ndébélés dont tu parlais. Tu aimes jouer avec les couleurs ?

G : Ah j’ai toujours utilisé beaucoup, beaucoup, de couleurs ! Ça c’est un truc qui est assez rébarbatif dans mon travail. Mais je trouve que dans cette expo y’a pas beaucoup de couleurs. Ou alors c’est beaucoup plus réfléchis et mesuré. On se retrouvera avec des choses moins compliqués et moins flashy comme à l’époque de la RATP. Là c’est des choses plus mesurées, plus réfléchies et plus méditées à l’avance.  Donc ça donnera l’impression qu’il y a beaucoup de couleur car forcément le côté Africain et le côté inspiration Grems est très coloré, mais c’est une autre utilisation de la couleur.

K : Ça a été comment de bosser là-dessus ? Difficile ? Plaisant ?

G : C’était un plaisir ! Comme j’avais jamais le temps de me consacrer à une expo parce que que j’étais toujours dehors en train de graffer, de faire des morceaux de rap ou en train de travailler avec des clients à faire du graphisme ou des trucs comme ça, j’ai pas eu le temps de me consacrer à la peinture. Parce que j’ai boudé ça, parce que j’avais pas le temps de peindre, parce que le temps c’est de l’argent. Et là j’ai aménagé les choses sur les 3 dernières années pour pouvoir me consacrer là-dessus. En fait, mon carnet d’esquisse c’est le graffiti. En gros je sors et je fais des choses très rapides souvent en impro, et je continue le style que j’ai commencé. Et donc à chaque fois je pars à l’inconnu et je trouve des nouvelles systémiques. Et avoir fait ça des années et des années m’a vraiment bien préparé. Du coup quand je suis devant la toile, je sais exactement où je veux aller, car j’ai déjà testé des milliards et des milliards de choses sur mur.  Donc c’est vachement plus agréable.

K : Tu ne t’es jamais senti dépassé ? Niveau timing particulièrement.

G : Ouais là je suis un peu en pression (rire). Notamment parce qu’à l’expo y’a beaucoup de choses et et j’avais une marque de sapes avant qui s’appelait Usle, et on va sortir une nouvelle marque qui s’appelle Caaps. Donc il a fallu faire des designs pour les t-shirts et tout ça. Il a fallu faire des grosses sérigraphies d’artistes, et il a fallu travailler en amont avec des artisans. Parce que j’aime beaucoup le travail des artisans et j’aimerais bien faire des œuvres qui soient un peu plus poussées qu’un dessin ou une simple toile. Donc je voulais créer des objets, j’ai travaillé avec des manufactures. J’ai fait un tapis très très très couteux et très compliqué à faire, qui a pris 3 mois à faire avec des artisans. J’ai fait une amphore aussi avec d’autres artisans, des faïenceries. Enfin y’a eu énormément de boulot travaillé en amont, de la production. Donc c’est un stress monstrueux de faire en sorte que tout va arriver en temps et en heure dans l’exposition et que tout soit là et opérationnel. Mais on y arrive, même moi c’était un stress de reprendre la peinture mais c’est revenu assez rapidement j’ai envie de dire.

Grems

K : Ça a l’air cool comme ça ! On pourra voir quoi d’autres dans ton expo du coup ?

G : Contrairement à plein d’autres expos que j’ai fait on va pouvoir voir des originaux ! Parce que comme j’ai vachement le côté graphiste, quand je faisais des expos je faisais vachement de prints, j’avais fait une expo de sérigraphies complètes, pas mal de choses comme ça mais très peu de choses à la main dans le fond. J’avais pas le temps, ou parce que dès que je faisais quelque chose à la main il était vendu ou était déjà parti quelque part. C’était ça mon grand problème, j’avais plus de demandes que de marchandises à donner. Alors qu’en print et tout ça j’ai tout ce qu’il faut. Donc là ce qu’on va trouver c’est évidemment pour faire plaisir au public des conneries comme des t-shirts, des sérigraphies, des prints et tout ça, mais là cette fois on va bien trouver des toiles, chose que j’ai pas faite depuis ma première expo en 2004. Donc il va y avoir beaucoup de toiles, beaucoup de dessins grands formats, et tout ce que je t’ai dit avant, le tapis de dingue, le vase et les petits trucs comme ça. Mais ça sera surtout dessin et peinture.

K : Tu attends quoi du coup de cette expo ?

G : Faire plaisir aux gens. Que les gens soient contents visuellement. Qu’ils soient contents de retrouver mes produits qu’ils me demandaient. Que les gens soient contents d’avoir enfin soit leur petite sérigraphie soit leur petit dessin parce qu’ils me l’ont toujours demandé. Et si tout le monde est content, moi je vais être content parce que je vais me dire que j’ai fait quelque chose de bien, voilà ! Après je t’avoue que j’ai pas un énorme recul là ayant tellement la tête dedans, que je sais pas trop où j’en suis. Mais ça grandit de jour et je commence à avoir un peu plus une vue d’ensemble.

Grems

K : Est-ce qu’on peut dire qu’il y a une discussion entre ton art et ton rap ou alors c’est complètement détaché ?

G : C’est plus ou moins détaché. En fait dans ma carrière j’ai pas communiqué sur le fait que j’étais un graffeur rappeur. C’est les gens qui l’ont su, et qui l’ont vu, c’est pas la communication. Par contre comme j’étais un graphiste effectivement j’ai fait mes pochettes de disque, donc les gens pouvaient le voir. Il n’y a aucun projet où j’ai mêlé ça l’un et l’autre sauf mon quatrième album solo, qui s’appelle Broka Billy, qui était dans un livre où chaque chapitre illustrait d’une manière, avec un médium différent, la musique et la chanson qu’il y avait dedans avec les textes et tout ça. Donc là c’était une idée bien précise de mêler justement mon côté artiste multimédia et musical ensemble. Donc là j’ai voulu lié les 2. Après ils sont pas spécialement liés quoi. Forcément ils sont pas liés car c’est pas les mêmes choses. Là dernièrement j’ai fait un morceau sur les couleurs, là j’estime que je les ai liés. Parce que le concept c’était les couleurs, c’est ce que j’étais, et même si le médium était du rap, c’était lié. Quand j’ai fait Broka Billy j’estime que je les ai mêlées. Après, deux poids deux mesures, faut pas tout mélanger. Là où ces deux choses sont cousines, c’est que quand je me lève et que je vais faire un graf, c’est hip hop. Ce que m’a appris le hip hop c’est grâce à ça que je me suis décoincé, que je me suis senti mieux et que j’ai réussi à devenir qui j’étais. C’est la même chose quand je prends un stylo un papier, que j’écoute du rap et que pose mon morceau. Voilà ce qui peut les lier. Elles me font la même chose, mais c’est différent, car c’est par la même réflexion. Par exemple dans la musique je suis un gros punk qui en a rien à branler de dingue, pour plein de maisons de disques et plein de gens c’est du gâchis, pour moi c’est génial. Et d’un autre côté dans le design ou le graphisme là je fais aucun détails, là je me comporte comme… comme Maître Gims (rire). Tu vois ce que je veux dire ?

K : Je pense voir oui…

G : Non mais pas vraiment non plus (rire), je me suis comporté comme ça, je sais ce qu’il en est, après y’a quand même un souci, c’est que d’une manière ou d’une autre, même si j’ai été très corporate dans le design et que j’ai su respecter mon client, je me suis jamais travesti. Et aujourd’hui j’en arrive à un niveau où le client s’il veut bosser avec moi c’est à mes conditions, pas aux siennes. Donc on est passé dans un nouveau stade d’échanges, et  là c’est beaucoup plus intéressant. Je peux amener les projets dans mes cercles d’activités et dans mes idées, un peu plus grandes. C’est plus agréable. Et ça me permet de refuser énormément de graphisme, que je voudrais pas faire, qui me casse un peu les couilles, parce qu’on n’est pas forcément dans le ratio mais dans le dépassement de soi-même chez moi. Donc voilà, les choses se passent dans l’ordre. C’est juste que je pense que je suis très fourni pour le graphisme. Le graphisme un peu pointu, mais aussi un peu alimentaire. Il faut le dire, il faut pas se leurrer. Même si c’était cool et marrant, j’étais quand même dans l’alimentaire. Mais comme je suis super connu je fais partie de ceux qui font les gros scores dans l’alimentaire.  Aujourd’hui dans ça je pense que j’ai fait le tour de la question. En toute honnêteté ça commence à me péter les couilles et à me fatiguer. Ça n’a plus le même charme que ça avait à l’époque, quand on a commencé les collaborations avec les marques et autres délires. Du coup j’ai envie de dire non à tout ça, dire « stop c’est fini ». En faire le moins possible, juste si il y a besoin de se nourrir, de se faire de la maille, mais plutôt me diriger vers l’art comme depuis ses 3 / 4 dernières  années. Je préfère aller vendre pour Beaubourg ou London South Bank Center qui sont des musées qui me commandent des choses, plutôt que de faire un taf par ci ou par là. Même si c’est une super marque de vélo.  Là par exemple le seul taf de graphisme que j’ai accepté ces derniers mois, c’est Nike. Mais Nike ça se refuse pas pour un graphiste.  C’est la fin de la pyramide, pour moi c’est une boucle qui est bouclée, je suis très content et ça me fait du bien, c’est super.  Maintenant il faut passer à autre chose, à des choses qui me ressemblent un peu plus. Je crée des objets, je crée des œuvres, je crée des concepts et c’est là-dedans qu’il faut que je me dirige. C’est un peu compliqué des fois quand y’a du ratio, quand le succès est là. Mais il faut savoir s’arrêter avant qu’il soit plus là pour en créer un autre. Et moi j’adore le renouvellement, je vois pas le travail d’un artiste autrement. C’est important, et même dans la musique. Tu sais reproduire toujours la même chose pour faire des thunes ça m’intéresse pas. Ça me fait chier. J’ai envie d’être fier de ce que je fais et dieu sait que c’est compliqué de se satisfaire aujourd’hui avec autant de choses déjà accomplies par l’être humain artistiquement parlant, je pense.

 

K : Au niveau du rap justement tu en es où ?  Tu tournes avec Le Jouage maintenant pour Hustla, ça doit te prendre beaucoup de ton temps, est-ce que tu continues de faire des projets en solo ?

G : En fait j’arrête de faire des albums solos, parce que c’est fatiguant d’être entre guillemets dans le game, même sans l’être vraiment. Parce que c’est pas de mon âge, ce qu’il se passe aujourd’hui musicalement dans le rap ça me correspond pas forcément, donc je continue de mon côté. Et les gens que j’aime dans la musique sont des gens extrêmement discrets qui brouillent les pistes donc forcément je fais la même chose. Je fais ma musique de mon côté, je fais des petits ep, je prends du plaisir avec Hustla, mon groupe, les weekends en tournée, c’est un petit retour aux sources du début, le rap c’est avec les copains. C’est comme ça que ça se vit, ça se remet en place avec les gens de la famille, et on tire un amusement qui n’a pas d’égal. Parce que le rap ça m’a fait sortir de la rue tu vois. Moi je préfère sauvegarder ça, je veux pas m’auto suicider à rentrer dans de l’auto tunes à tout genre ou je ne sais quelles conneries pour finir à 45 ans sur scène et avoir l’air ridicule. Mais je continue à faire du rap, et de la même manière qu’avant, si ça peut rassurer le public. Un disque va arriver il est presque prêt, il devait sortir en décembre mais finalement non, je m’en fous, il sera prêt quand il sera prêt, quand il me fera plaisir, et aujourd’hui c’est très difficile de se satisfaire après tous ses disques que j’ai fait.

K : On sent que tu es quelqu’un de très impliqué dans ce que tu fais, du coup est-ce qu’il a y une différence en Michael Eveno et Grems ?

G : Je sais pas…  je sais pas trop (il hésite) Je dois êtes schizophrène (rire). Non, il n’y a pas de différence, c’est le genre de question où j’ai du mal à répondre moi-même. Je ne sais pas si c’est la même personne.

K : Donc ce n’est pas un personnage, Grems ?

G : Si, Grems c’est un personnage c’est sûr, mais en même temps c’est moi, c’est pour ça que c’est ambigüe et paradoxal. Sinon je me pose pas trop cette question, je fais des choses quand je suis chez moi et voilà. C’est vrai que mes amis et les gens que je vois quand ils m’appellent par mon nom c’est plus important car c’est mon vrai nom. Après c’est toujours flatteur d’être reconnu, toujours flatteur d’avoir fait ce qu’on a fait. Mais bon je reste un être humain, je veux dire, y’a pas forcément de message passé. Je m’appelle Grems parce qu’il faut une entité, parce qu’il faut un nom à quelque chose quand tu fais quelque chose. Et c’est celui-là que je porte. Les gens qui me connaissent savent que j’ai un surnom différent par année donc tu vois, personne m’appelle pareil, c’est déjà une catastrophe. Non sinon franchement je m’en fous. L’essentiel, c’est de s’épanouir. Si c’est 2 personnes différentes en tout cas Grems a sauvé pas mal de fois Michael Eveno de la merde. D’ailleurs je vais même te dire un truc. Au moment les plus bas dans ma vie, c’est Grems qui est venu sauver Michael Eveno. Toujours. De tout, de problème, de financement, d’argent, de coup, c’est toujours ça qui m’a repêché de la descente aux enfers. Donc je me dois de respecter ces 5 lettres de noblesse (rire).  C’est important.

K : Il y a quand même un petit côté bipolaire.

G : Ah ouais, ça c’est sûr ! Non pas bipolarité, je pense schizophrénie. C’est pire.

K : Tu es papa, de 2 filles, qu’est-ce que tu aimerais qu’elle retienne de toi ? En gros c’est quoi les enseignements de Grems ?

G : Que dans la vie, on n’a rien sans rien, et qu’il faut se sortir les doigts du cul. Et qu’il faut le faire avec respect. Voilà. Je pense hein. Après, porter un message tout ça, t’as vu on est tous des êtres humains, on est en train de saloper notre planète. On est en train de s’auto-tuer, je vais pas donner d’autres leçons que ce que je t’ai dit. J’vais essayer de faire, et après on verra quand ça sera l’heure de donner des leçons. J’en suis pas encore à l’âge de donner des leçons. Je peux en donner à certaines personnes, mais encore, est-ce que c’est le but ?

K : Tu sembles très exigeant avec toi-même.

G : Ah je l’ai toujours été, mais je le suis encore plus, là ça devient infernal (rire). Ça devient plus très humain.

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