[Docu + Itw]. La Cam’ de Kicket : LAW The Pimp

La Cam’ de Kicket s’enfonce régulièrement dans les divers compartiments de la culture rap. La main qui la dirige s’est en effet amourachée il y a bien longtemps de ce monstre polymorphe, à tel point qu’il lui consacre plus ou moins sa vie, entre son site 187prod, l’émission Deeper Than Rap ou sa démarche documentaire. Pour cet épisode numéro 5, il a pu partagé quelques moments avec l’une des figures fantasmées par une bonne partie des rappeurs : le Pimp. À cette incroyable occasion, nous l’avons interviewé.

Le Pimp est une sorte de monstre mythologique de la planète rap, voire de la culture américaine en règle générale (il faut lire Iceberg Slim, par exemple). Depuis la moitié du XXe siècle, et encore plus à partir des années 70, il fait l’objet d’une vénération où se mèlent véritable fascination, folklore et ironie (il faut écouter Too $hort, entre autres). Oui, mais. Si l’argent, les putes et la vie imaginaire qui les accompagnent peuvent aisément servir à l’élaboration de morceaux excellents, la réalité est évidemment sordide.

Kicket, réalisateur et journaliste au sein de l’Abcdrduson, de 187 Prod et de l’émission Deeper Than Rap, est un spécialiste de la culture hip-hop californienne où le personnage du maquereau est omniprésent. s’est retrouvé embarqué pour Las Vegas avec un proxénète et trois de ses « filles ». Il a profité de ce concours de circonstances pour capter le quotidien invraisembable de cette équipée . C’est la plongée hallucinante dans l’univers d’un véritable Pimp, entre vantardise et obscénité, fables et réalités. Et comme toujours, la vérité n’est ni en or, ni en plomb.

 

Kiblind : Peux-tu nous présenter la Cam de Kicket, ses origines, ses objectifs ? 

 

Kicket : La Cam’ de Kicket est une série de web documentaires sur le rap américain (au sens large, y compris des sujets périphériques comme c’est le cas ici avec le pimp à Las Vegas), diffusée sur la chaîne officielle Dailymotion « Deeper Than Rap », dans le cadre d’un partenariat entre l’Abcdrduson et Dailymotion. Je filme et monte seul chaque épisode (6 à ce jour). Tant sur le fond que sur la forme, il y a un vrai parti-pris immersif qui emprunte autant à J’irai dormir chez vous qu’à Striptease ou Paris Dernière.

 

Voici le petit descriptif qui précède le résumé de chaque épisode : « RAP GAME ANTOINE DE MAXIMY. Quand Kicket part seul avec sa caméra et son micro, c’est pour vous faire voyager au coeur du rap US. Images brutes, lives, coulisses, rencontres et tranches de vie, comme si vous y étiez » Tous les épisodes sont visionnables ici.

 

Kiblind : En quelques mots, pourquoi t’es-tu intéressé à la « culture » Pimp ? Peux-tu nous expliquer rapidement son retentissement dans la culture hip-hop ?

 

Kicket : J’écoute du rap en général et du gangsta rap en particulier depuis 25 ans. J’ai donc forcément été « sensibilisé » à la culture pimp, dont le rap US s’est imprégné dès ses débuts et qu’il a fortement contribué à populariser, peut-être plus encore que les films et la littérature. Après, c’est comme pour tout, il faut savoir faire la part des choses : l’imagerie folklorique et bigarrée m’amuse (c’est toute la force de l’entertainment à l’américaine que d’arriver à rendre « cool » des figures de gangsters, proxénètes et autres crapules), je suis friand de la dose de funk stupreux que sa retranscription en musique implique, mais je n’éprouve fondamentalement aucune fascination pour la culture pimp. Encore heureux, j’ai envie de dire… Dans la « vraie vie », le milieu du proxénétisme ça reste au mieux pathétique, au pire franchement glauque, même si c’est bien sûr toujours plus intéressant d’essayer de comprendre, plutôt que se borner à condamner sommairement. Bref, pour en savoir plus, je t’invite à regarder l’émission Deeper Than Rap sur le sujet.

 

Kiblind : Comment t’es-tu retrouvé dans la bagnole de Law, direction Las Vegas ?

 

Kicket : L’histoire remonte en fait à janvier 2011, lors d’un séjour de 3 mois à San Francisco. Un soir, je faisais une interview d’un DJ local assez connu. Après l’interview, il m’a emmené dans un strip club sur Broadway Avenue (le red district de la ville) où il m’a présenté Anthony aka Law, que je pensais être le gérant du dit strip club. Celui-ci m’explique alors qu’il compte se rendre au Adult Convention de Las Vegas (le Salon du Porno, quoi) et me propose de l’accompagner pour filmer un reportage sur lui. De toute évidence, me voyant moi, blanc, Français, camescope à la main, au côté d’un DJ connu, il a dû me prendre pour Luc Besson ! Bref, ce n’est que 2 jours plus tard, à 6h du matin, dans la Chevrolet Suburban de location, une fois en route, que j’ai compris que le mec n’était pas gérant de strip club mais bien proxo et que les 3 filles avec nous n’étaient pas danseuses slash escorts, mais bien prostituées ! On devait rester 2-3 jours et au final on est resté une semaine entière. Se prendre la folie de Sin City c’est déjà pas rien (c’est la première fois que j’y allais), mais se la prendre en mode « interlope », c’est encore autre chose…

Clairement une des expériences les plus intenses de ma vie ! Montagnes russes émotionelles, ils passaient leur temps à s’engueuler, se réconcilier, s’engueuler, se réconcilier, etc. Heureusement, il ne les frappait pas (c’était ma ligne rouge, je n’aurais évidemment pas cautionné). Ils m’ont complètement adopté et je me suis retrouvé à jouer les Pascal le grand frère/Mireille Dumas tout au long de la semaine. J’ai pu observer de près les ressorts psychologiques à l’oeuvre entre un proxo et ses prostituées, la complexité des rapports humains qui les unissent. C’est ce que j’ai essayé de retranscrire dans mon docu, sans porter de jugement manichéen (chacun sera libre de se faire sa propre opinion après visionnage). Ayant tout filmé à l’arrache, sans avoir le moins du monde défini un scénario ou un synopsis au préalable, je me suis retrouvé avec 5-6 heures de rushes difficilement exploitables. J’ai bien essayé de démarcher quelques boîtes de prod à mon retour en France, mais sans succès. Un peu découragé, sans budget et ne sachant accessoirement pas monter à l’époque, j’ai mis le projet en standby. 5 ans ont passé et je me suis enfin décidé à l’exhumer, DIY style ! Aujourd’hui, je ne suis plus en contact qu’avec une des prostituées (la grande) qui a réussi à s’en sortir et refaire sa vie (les 2 autres aussi apparemment, tant mieux !).

 

Kiblind : C’est quoi la suite ?

 

Kicket La suite c’est d’utiliser ce docu en particulier et La Cam’ de Kicket en général pour démarcher des boîtes de prod et/ou des media outlets et trouver des financements pour repartir tourner des reportages ou des docus aux US. Dans l’immédiat, j’aimerais notamment retourner en mars au SXSW que j’avais couvert (à mes frais) l’année dernière.

 

 

La Cam’ de Kicket : Law the Pimp par deeperthanrap

 

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