Début septembre, le village des Arts mettait en avant la jeune création en permettant à 16 artistes d’exposer au sein de la Galerie des Talents au cœur du Forum du Monde des Possibles. Depuis, 3 lauréat•es ont remporté différents prix.
À la fin de l’été, les plages tant convoitées de Marseille ont accueilli pas moins de 200 artistes pour 5 jours de fête les pieds dans l’eau lors du Delta Festival.
Or en plus de sa riche programmation musicale, le Delta Festival abrite également le Forum du Monde des possibles, une convention citoyenne pour la jeunesse rassemblant 700 partenaires autour de 6 thématiques. Parmi elles, la culture et son village des arts dans lequel on retrouvait différents stands de pratiques artistiques comme le maquillage des paillettes, des œuvres participatives ou encore de la customisation.
C’est aussi au sein de cet espace que l’on a pu découvrir La Galerie des Talents qui a mis en lumière les œuvres d’une vingtaine d’artistes dans les domaines de la peinture, de la photo et du dessin durant 5 jours. Un tremplin qui a mis à l’honneur 3 lauréat-es récompensé-es par les festivalier•ères, un jury dédié ainsi que la Métropole.
On en a profité pour poser quelques questions à ces trois artistes prometteur·euses qui exposeront dès le 4 février au Restaurant Gerarh à Marseille pour un mois.
AGATHE DUTOUR
« Prix du jury »
Salut Agathe ! Peux-tu nous parler de ta formation en dessin ?
J’ai été diplômée de l’école des Arts décoratifs de Paris en 2022, où j’ai suivi une formation en image imprimée. Autrement, j’ai toujours expérimenté dans mon coin et j’essaye de garder cette habitude.
Quels sont les outils que tu préfères utiliser ?
J’aime tous les outils tant qu’ils correspondent à mon humeur mais mes préférés restent les pastels et la peinture à l’huile pour la couleur et la texture. Je reste très attachée au papier (de bonne ou mauvaise qualité), je crois que c’est aussi un outil à part entière. Ça me rappelle les carnets, il y a une forme d’intimité. Et ça dit: « c’est n’est pas grave de se tromper », on est un peu enfant.
Tes illustrations sont souvent psychédéliques, sont-elles le fruit de rêveries ou y mets-tu parfois un peu de vérité ?
Oui tout est vrai ! Je dirais que les images prennent racine dans la réalité mais que je m’amuse avec les symboles. Je puise beaucoup dans les rêves ou les souvenirs qui sont déjà déformés et je tisse autour. Souvent, ça finit en rébus… Mais au départ, tout est vécu. Le dessin c’est surtout une manière d’archiver. Et je suis contente si on peut l’interpréter, ça permet de raconter d’autres histoires !
Peux-tu nous parler des oeuvres que tu avais sélectionnées pour être exposées à la Galerie des Talents du Delta Festival ?
J’ai passé plusieurs mois à Marseille et j’ai décidé d’exposer quelques dessins de cette période, la plupart ont été réalisés sur place. J’aime l’idée du collage, même si l’espace était limité, j’ai essayé de garder cette idée. Les éléments de la nature reviennent souvent dans mes images et c’est sûrement « Le bouquet serré » (des fleurs aux grands yeux) qui donnait un ton psychédélique à l’ensemble.
Quelle est la suite pour toi ?
La suite, c’est dessiner encore et montrer davantage mon travail. Cet hiver, je retourne à Marseille pour exposer. J’espère pouvoir collaborer avec d’autres artistes et me diversifier. Et je garde l’envie secrète d’archiver tous ces dessins dans un livre, un jour !
NOAM ZFIZEF
« Prix des festivalier·es »
Bonjour Noam, quelle place occupe ta pratique artistique dans ta vie aujourd’hui ?
Bonjour, ma pratique artistique représente environ 50 % de ma vie. Cela peut sembler cliché, mais elle m’aide à me vider l’esprit et à m’évader en pensant à autre chose.
Tu te définis comme « fleuriste digital ». À quoi ressemblerait la description de ton poste ?
Avant de décrire ma fiche de poste, je vais expliquer pourquoi je crée des fleurs. Début 2019, lors d’une discussion avec ma mère sur l’avenir, elle m’a confié son rêve de devenir fleuriste et d’ouvrir sa propre boutique. Malheureusement, elle n’a pas pu réaliser ce rêve, car elle est décédée d’un cancer du sein peu de temps après. Depuis, dessiner des fleurs est pour moi une manière de lui rendre hommage et de garder son esprit vivant. Chaque fleur que je crée incarne sa douceur et sa force. C’est ce qui me motive à poursuivre et à diffuser cette beauté dans le monde, en souvenir de ma mère.
En tant que fleuriste digital donc, mon métier consiste à embellir des images en y intégrant des fleurs, mais j’ai également pour ambition d’embellir le quotidien des gens à travers mes toiles. Chaque création est une invitation à ressentir la beauté et la sérénité que les fleurs apportent.
Tu explores principalement le thème des fleurs. Penses-tu en avoir fait le tour un jour ou, au contraire, continueras-tu à l’approfondir pour lui donner une autre dimension ?
Je compte poursuivre l’exploration de ce thème en profondeur, car il me semble infini dans ses possibilités. J’envisage aussi d’aller au-delà du digital et de repousser les limites de ma pratique. Pourquoi ne pas explorer d’autres formes d’expression artistique, au-delà des illustrations et des toiles, pour donner à ce sujet une nouvelle dimension ?
Peux-tu nous parler des œuvres que tu avais sélectionnées pour être exposées à la Galerie des Talents du Delta Festival ?
Pour la Galerie des Talents, j’avais choisi de présenter 3 œuvres en lien avec la ville de Marseille. La première était une toile représentant la ville de Marseille au centre. La deuxième était une collaboration avec le photographe Jérémy Deumie, mettant en scène un jeune homme plongeant dans l’eau. La troisième œuvre était sur une photo de Yde et montrait une photo de Jul, prise lors du tournage du clip de “Bande Organisée 2”. J’ai choisi ces trois œuvres car elles incarnent, selon moi, l’esprit de Marseille.
La quatrième illustration était basée sur une photo de Rufai Ismaila, sur laquelle j’ai ajouté une fleur entourant un mannequin. Enfin, la cinquième œuvre était sur une photo de Max shots, prise lors du concert de Matek.
Quels sont tes futurs projets ?
Comme je l’ai mentionné plus haut, je souhaite continuer à explorer le thème des fleurs, tout en cherchant à sortir de ma zone de confort. Mon objectif est de devenir LE fleuriste le plus reconnu en France, tout en continuant à rencontrer des personnes inspirantes + créer des événements qui permettent de connecter les créatifs entre eux !
Je tiens également à remercier toutes les personnes rencontrées au Delta Festival. Ces cinq jours ont été incroyables, malgré la météo. C’était une aventure humaine incroyable !
YASURO
« Prix de la Métropole »
Bonjour Taï-ji ! Qu’est-ce qui te pousse à dessiner en général ?
Je crois que j’ai d’abord commencé à dessiner parce que c’était la première fois qu’on me considérait vraiment bon dans quelque chose. Le dessin est vite devenu une part de mon identité, et c’est quelque chose que j’aime. Aujourd’hui, il n’y a pas vraiment de raison particulière qui me pousse à dessiner, ça fait partie de moi. C’est un langage à travers lequel je peux m’exprimer, parfois sur des sujets où je ne trouve pas les mots.
Mais c’est aussi un moyen de m’évader et de rendre réels les personnages et les mondes que j’imagine.
Quelles sont les thématiques qui reviennent le plus dans tes dessins, et pourquoi ?
Elles changent tout le temps. Le dessin m’a accompagné toute ma vie, alors il a grandi avec moi, tout comme les thématiques que mes dessins expriment. J’aime tout dessiner : l’expression des sentiments, ma vision du monde ou celle des autres, des mondes fantastiques ou de science-fiction. Parfois, ce sont des choses heureuses et drôles, parfois plus mélancoliques (ça doit être l’âge).
Le pourquoi ? Je ne l’explique pas vraiment, ce sont des choses que j’aime ou que j’ai besoin de mettre sur papier.
Quels sont les artistes qui t’ont influencé ?
Je crois que j’ai commencé à dessiner petit parce que mes parents dessinaient (ils ne sont pas dessinateurs, mais ils dessinent très bien et restent tout de même artistes dans leurs domaines).
Mes influences d’autres artistes sont venues plus tard et sont variées, comme HAYAO MIYAZAKI et Tim Burton pour leurs personnages et leurs univers. Les planches de Charlie Adlard sur The Walking Dead ou d’autres dessinateurs de bandes dessinées comme certains de Batman ou d’Astro Boy, et bien d’autres encore. Plus récemment, KIM JUNG GI m’a influencé pour sa technique, son style, son univers, et tout son travail, en fin de compte.
La liste pourrait être encore très longue et ne s’arrête certainement pas qu’au dessin. L’art me nourrit, et les artistes sont de bons cuisiniers.
Peux-tu nous parler des œuvres que tu avais sélectionnées pour être exposées à la Galerie des Talents du Delta Festival ?
Je n’ai pas grand-chose à dire. J’ai choisi des œuvres qui me correspondent dans ma vision du monde, mon imagination, des moments que j’ai figés sur papier et que je voulais simplement montrer pour qu’ils puissent vivre ailleurs que dans ma chambre.
Quels sont tes futurs projets ?
J’ai plein de projets ! Court-métrage, musique, événement, documentaire, film, art… etc.
Pour revenir au dessin, j’ai surtout envie de continuer à m’améliorer et de créer davantage d’œuvres explorant de nouveaux horizons et en les approfondissant. Après, si je peux faire d’autres expositions, publier un roman graphique ou d’autres projets dans le futur, ce serait génial.
Continuer à dessiner et à apprendre reste le vrai projet.